Crète : Kato Zakros, détruite par un tsunami ?
Kato Zakros est situé dans un site stratégique, à l'abri d'un petit golfe, près d'une plage. Zakros était un centre important, commerçant avec l'Egypte et l'Orient. Kato Zakros est le quatrième grand palais minoen. Le site avait été repéré dès 1832 par Spratt et en 1901 l'Anglais Hogharth commença des fouilles. En 1961, Nikolaos Platon entreprit des fouilles complètes qui se poursuivent encore aujourd'hui.
Kato Zakros, se trouve au sud-est de la Crète et à trois heures à peu près d’Héraklion en voiture (point mauve sur la carte). C'est le seul palais minoen qui n'ait pas été pillé.
Un premier palais a dû être édifié vers 1900 av JC, il a été remplacé vers 1600 av JC par un nouveau palais, lui-même détruit en 1450 av JC sans doute par un tremblement de terre ou un raz de marée provoqué par l'explosion du volcan de Santorin (on a découvert dans le palais des cendres volcaniques mêlées à du soufre).
Le palais s'étend sur une surface de 8 000 m². La construction et les décors semblent avoir été assez pauvres ce qui laisse penser aux spécialistes que ce palais n'a jamais abrité un Roi mais plutôt un haut dignitaire responsable du commerce extérieur ou de la flotte.
On entre dans le palais par le Sud par une allée qui mène à une cour centrale.
Le palais possède une cour centrale rectangulaire de 30 m sur 12 m, orientée Nord/Sud et quatre ailes dont les plus importantes sont celles de l'Est et de l'Ouest.
Au nord de la cour on découvre une grande pièce à colonnes et des magasins
L'aile Ouest, comme dans les autres palais, est consacré au culte.
Elle est composée du sanctuaire et de magasins consacrés au culte où ont été retrouvés des lingots de cuivre et trois défenses d'éléphants :
Les magasins du sanctuaire ont livré des jarres et 500 vases. Parmi les trouvailles les plus importantes, on distingue des épées couvertes de feuilles d’or, d’ivoire, d’objets décoratifs en cuivre de Chypre. Un grand nombre de ces objets se trouvent au musée archéologique d’Héraklion.
Dans le sanctuaire central, un bain lustral était accessible par un escalier. On a découvert, près d'une banquette, des rhytons et d'autres objets de culte. Les rhytons sont des vases rituels en forme d’entonnoir allongé utilisés pour les libations ou pour boire.
Très souvent, les rhytons présentent la forme d’un animal ou d’une tête d’animal. On remplissait la corne par la partie évasée et on débouchait la pointe pour la vider. Un superbe rhyton en cristal de roche (ci-dessous) a été trouvé dans cette partie du sanctuaire :
L'anneau qui orne le col est fait en morceaux de cristal de roche et de feuilles d'ivoire dorées. L'anse est formée de perles de cristal, passées à un fil de bronze doré, qui prit une teinte verdâtre à cause de l'oxydation.
Dans un placard en brique, on a mis à jour 13 tablettes d’argile écrites en linéaire A, qui ont été cuites par l’incendie.
A côté du sanctuaire, la salle des banquets et des cérémonies donnait sur la cour centrale, on y a trouvé également de nombreux objets de culte.
Sur le plan ci-dessus :
Dans la zone bleue : les sanctuaires et magasins dédiés à la divinité (le point bleu est la piscine lustrale).
Dans la zone rose : les magasins.
Le grand rectangle rouge : la place centrale.
En orange, la salle des cérémonies et en vert la salle des banquets.
L'étoile bleue : la fontaine et le puits.
L'aile l'Est : On y trouve les appartements royaux avec de grandes pièces lumineuses : une grande salle carrée (sans doute la salle du trône [en jaune]) abritait un basin circulaire (ci-dessous et en bleu sur le plan) de 7 m de diamètre alimenté, comme aujourd'hui, par de l'eau qui jaillit d'une source. Un escalier à 8 marches permettait l'accès. Un conduit évacuait le trop-plein hors de la pièce. Près des appartements de roi, ceux de la reine, petit rectangle rose sur le plan.
La ville minoenne, en quartiers résidentiels et densément peuplée, s'étendait au Nord et au Nord-ouest du palais. Les maisons étaient séparées par des rues pavées.
"Ce jour-là, il faisait très beau à Kato Zakros. Mais depuis quelques jours la terre n'avait cessé de trembler, sans gravité toutefois. Les grands prêtres avaient décidé qu'il fallait quand même se placer sous la protection des Dieux et des Déesses. Aujourd'hui, une grande cérémonie allait se dérouler sur la place centrale pour conjurer le mauvais sort et tout était prêt. Toute la ville était réunie, tous étaient heureux de cette belle journée qui commençait par une fête. Les gens riaient et dansaient, les enfants jouaient.
Un peu plus bas que la salle du trône, près de la fontaine et du puits, des jeunes gens, garçons et filles, plaisantaient. Ils avaient près d'eux un gobelet rempli d'olives où ils picoraient de temps à autre.
Soudain, la terre tressaillit et un grondement sourd venant de la mer se fit entendre. La foule se figea, essayant de regarder vers la mer, mais le cordon dunaire les empêchait de voir vers le large. Le grondement se fit énorme et soudain une vague immense, un tsunami, déferla sur la petite ville."
3 500 ans plus tard, un des archéologues débarrassait avec minutie, à l'aide d'une petite cuillère et d'un pinceau, quelque chose qui ressemblait à un vase. Il finit par mettre à jour un gobelet qui contenait des olives, et celles-ci semblaient avoir été cueillies hier. Il posa avec précaution le gobelet sur le rebord de la fontaine et courut avertir son chef de chantier.
Un de ses camarades, passant par là, crut à une bonne intention de son collègue et saisit une olive. L'olive se transforma en poussière entre ses doigts.
Nikolaos Platon, fut un archéologue grec né le 8 janvier 1909 sur l'île de Céphalonie et mort à Athènes le 28 mars 1992. Il est à l'origine de la découverte du palais minoen de Zakros, en Crète.
Il est à l'origine de l'élaboration d'une chronologie de la période minoenne, reposant sur les différentes étapes de développement des centres palatiaux minoens, tels que Cnossos, Phaistos, Malia ou Kato Zakros. Il divisa ainsi l'histoire minoenne en quatre périodes : pré-palatiale, proto-palatiale, néo-palatiale et post-palatiale. Il basa son système de datation sur les découvertes et sur l'art minoen contrairement au système de construction/destruction des palais d'Arthur Evans.