Turquie : Hierapolis
Fondée au IIe siècle av. J.-C. par Eumène II, roi de Pergame, la cité antique de Hiérapolis se trouve au sommet de la butte de Pamukkale, dominant la plaine de 70 mètres, à 15 km au nord est de la ville de Denizli en Turquie.
Elle est inscrite depuis 1988, conjointement avec Pamukkale, sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Point vert : Hiérapolis
Hiérapolis fut tout d'abord une station thermale, fondée au début du deuxième siècle avant notre ère, donnée par les Romains en -190 à Eumène II, roi de Pergame. Celui-ci développa la cité grâce au butin de la bataille de Magnésie, où il prit le parti de Rome et vainquit Antiochus le Grand.
La cité devint un centre de guérison dont les médecins utilisaient les sources thermales comme traitement thérapeutique.
Hiéra était le nom de la femme de Telephe, fondateur légendaire de Pergame. La ville était dédiée à Pluton (dieu des Enfers) et à Apollon, qui avait un oracle dans les sous-sols du temple d'Apollon.
L'apogée de Pergame fut atteinte sous Eumène II († 159), roi à partir de 197. La ville possédait une agriculture et une industrie prospères : l'industrie fabriquait des tissus, de la céramique et surtout, des parchemins (du grec περγαμηνή / pergamênế, qui veut dire "peau de Pergame", devenu en français "parchemin", matière qui détrôna le papyrus fabriqué en Égypte. Ce parchemin était fabriqué à partir de la peau de moutons ou de chèvres.
En -133, la cité, avec le royaume de Pergame, passa sous autorité romaine. C'est donc par les Romains que la plupart des bâtiments furent édifiés, après la destruction complète de la ville par un violent séisme, en 60.
De nombreuses constructions furent réalisées ou retravaillées durant les IIè et IIIe siècles, surtout pendant le règne de Septime Sévère (193-211) : le théâtre, des thermes, un gymnase et enfin un rempart avec 28 tours carrées et deux portes.
À cette époque, on estimait que la ville abritait quelque 100 000 habitants, dont une importante communauté juive, venue de Mésopotamie au Ier siècle av. J.-C. et de Palestine ultérieurement. Constantin fit de la ville la capitale de la région phrygienne.
Un martyrium y fut érigé à la fin du Ve siècle ou au début du VIe en l'honneur de Saint Philippe qui y fut crucifié en 80. Selon la tradition chrétienne, il fut crucifié ici la tête en bas.
Au début du VIIe siècle, la ville fut dévastée par les armées persanes et encore par un tremblement de terre.
Le déclin de Hiérapolis se produisit surtout au XIIe siècle : les Seldjoukides du sultanat de Konya en prirent le contrôle. Puis, en 1190, elle fut conquise par les Croisés conduits par Frédéric Barberousse, Empereur du Saint Empire Romain Germanique. La cité fut complètement abandonnée à la fin du XIVe siècle, et un nouveau tremblement de terre acheva de la détruire en 1554.
Le premier théâtre fut construit après le séisme de l'an 17, reconstruit après celui de 60 et maintes fois remanié, en particulier sous Hadrien et Septime Sévère.
Il fut orné de nombreux bas-reliefs et statues.
La cavea, qui s'appuie sur la colline, pouvait contenir 15 000 spectateurs.
Du temple d'Apollon ne subsistent que les fondations, mais son aspect est bien connu, du fait qu'il figurait sur les pièces de monnaies locales. Il était à l'origine de style dorique, puis il fut reconstruit à la manière romaine. Comme à Delphes, on y venait de très loin pour écouter des oracles.
Construit sur une faille géologique, il communiquait avec le Plutonium, c'est-à-dire le sanctuaire de Pluton, dieu des Enfers. Ce sanctuaire jouissait d'une grande notoriété,
Il s'agissait d'une caverne de petites dimensions. Mais elle dégageait des gaz suffocants qui s'évaporaient des flots d'eaux chaudes qui y coulaient. Ces gaz étaient censés être envoyés par Pluton.
Dans les temps anciens, des prêtres castrés y conduisaient des animaux, qui y mouraient.
Les animaux mourraient asphyxiés, mais les prêtes qui ressortaient, car ils avaient retenu assez longtemps leur respiration, pouvaient échapper à la mort. Ce "prodige" les faisait apparaître comme des personnes protégées des dieux et leur conférait une grande notoriété. Ils avaient alors le droit à tous les honneurs.
Le Nymphéum se trouve dans l'aire sacrée, devant le temple d'Apollon. Il date du IIe siècle et était consacré aux Nymphes, déesses des eaux. Une fontaine monumentale distribuait l'eau dans la cité par un réseau complexe de tuyauteries.
Ci-dessous, la piscine antique : à l'époque impériale romaine, une quinzaine de bains et piscines étaient à la disposition des visiteurs. Celle qui subsiste aujourd'hui, et qui est toujours exploitée, vit son portique s'écrouler lors du séisme du VIIe siècle.
Certains des monuments parmi les plus anciens sont toujours utilisés, le théâtre accueille par exemple des représentations auxquelles assistent des milliers de spectateurs alors que des travaux de fouille et de restauration sont toujours en cours sur le site.
Tous les projets de reconstruction sont basés sur des méthodes d’anastylose, comme pour les temples du Cambodge.