Turquie : Ephèse
La ville sainte d'Artémis, Éphèse, fut l’une des plus importantes villes de l'antiquité. Elle est située près de la Mer Égée à 80 Km au sud d'Izmir.
C’est aujourd'hui un vaste site archéologique parmi les plus importants de la Turquie.
D'après le géographe grec Strabon (-64 av JC/-25 av JC) Éphèse fut d'abord fondée par les Amazones. Dans la mythologie grecque, les Amazones étaient un peuple de femmes guerrières résidant sur les rives de la mer Noire et sur des territoires peuplés par les tribus Cariens situées autour de Bodrum. (Bodrum est aujourd'hui une cité balnéaire très fréquentée établie sur la Mer Égée au sud ouest de la Turquie).
Le nom d’Éphèse est dérivé d’Apasa, une reine Amazone.
D'après une légende, Androkos, le fils du roi d'Athènes, avant de se diriger vers l'Anatolie, consulta un oracle avec ses compagnons afin de connaître l'endroit où ils pourraient fonder une nouvelle ville.
Le devin leur dit que l'endroit leur serait indiqué par un poisson et un sanglier. Arrivés sur les berges du fleuve Méandre, ils pêchèrent un poisson. En le faisant cuire sur un feu de bois, des flammèches s'échappèrent et embrasèrent des buissons situés à proximité. Un sanglier s'y échappa alors et fut abattu par Androkos et ses soldats. C'est donc là qu'ils décidèrent de bâtir leur cité.
Mais le site était déjà occupé par les Cariens. Ceux-ci adoraient la Déesse Cybèle, divinité d'origine phrygienne, personnifiant la nature sauvage. Elle était présentée comme "Magna Mater", "Grande Déesse", "Déesse Mère" ou encore "Mère des dieux". Cybèle fut sans doute l'une des plus grandes déesses de l'Antiquité au Proche-Orient.
Image Wikipédia
Pour se concilier les populations autochtones, les Grecs optèrent pour une politique de syncrétisme en fusionnant les cultes d’Artémis et de Cybèle.
Dans la mythologie grecque, Artémis était la déesse de la Chasse, et l'une des déesses associées à la Lune.
Elle était la fille de Zeus et de Léto et la sœur jumelle d'Apollon (dieu du soleil).
La ville d'Éphèse était dans l'Antiquité, et encore à l'époque byzantine, l'un des ports les plus actifs de la mer Égée. Elle était située près de l'embouchure du grand fleuve anatolien Caystre (autrefois appelé le Petit méandre).
Avec l'essor de l'activité portuaire et commerciale, des taxes portuaires furent mises en place et la cité s'enrichit de plus en plus.
Elle devint à cette époque un véritable foyer culturel. De nombreuses écoles y virent le jour : médecine, rhétorique, philosophie, mathématiques, etc… Cette profusion culturelle fit d’Éphèse un centre intellectuel et artistique de tout premier plan dans le monde méditerranéen.
Elle dut également sa prospérité à la situation stratégique de son port abrité sur les routes commerciales maritimes de Méditerranée, lesquelles étaient reliées aux voies de communication vers l'Asie (routes de la soie, des épices, des tapis…).
Sa population comptait plus de 200 000 habitants.
Éphèse, qui pendant plus d’un millénaire avait été un grand centre du monde païen, devint dans les premiers siècles de notre ère un des foyers du christianisme, le troisième centre après Jérusalem et Antioche.
L'Apôtre Paul y aurait vécu pendant trois ans, écrivant ses épîtres aux Éphésiens. Saint Jean y aurait également vécu en compagnie de la Vierge Marie, et ce fut là qu’il rédigea son évangile.
Les apôtres Saint Paul et Saint Jean essayèrent de répandre la nouvelle religion, et remplacèrent la traditionnelle Artémis par la Vierge Marie.
Au 15ème siècle, par suite d’épidémies de paludisme, la cité s’éteignit et devint une bourgade.
Port riche et splendide aux temps de l'antiquité, les ruines de la cité d'Éphèse se retrouvent maintenant à plus de 7 km de la mer.
Ce sont les œuvres combinées des sédiments charriés par le fleuve Caystre, les changements climatiques, et peut-être les accidents sismiques, qui expliquent le déplacement progressif de la côte vers l'Ouest, et l'ensablement subséquent des ports de la ville, préludes de leur abandon.
Le théâtre d'Éphèse, construction monumentale en marbre, mesure 145 mètres de large pour un auditorium de 30 mètres de haut. La construction commença à l’époque hellénistique et se termina à l’époque romaine. La scène de 25 mètres sur 40 et la cavea pouvaient accueillir jusqu’à 24 000 personnes.
La Bibliothèque de Celsus, construite à partir de 117 ap. JC., fut dédiée par Tiberius Lulius Aquila Polemaenus, le gouverneur de la ville, à Tiberius Lulius Celsus Polemaeanus, son père, qui gouvernait la ville avant lui.
Abritant pas moins de 12 000 rouleaux conservés dans des placards en bois encastrés dans les murs, elle occupait le troisième rang des plus grandes bibliothèques du monde, derrière celles d’Alexandrie et de Pergame.
Incendiée par les Goths en 263 ap. J.-C., tout ce qu’elle renfermait fut détruit.
La façade actuellement en place est le fruit de huit années de travaux. Entre 1970 et 1978, les chercheurs F. Hueber, un architecte et M. Strocka, un archéologue, travaillèrent presque exclusivement au relèvement de celle-ci, haute de plus de 16 mètres et large de 10.
Intérieur de la bibliothèque
Les quatre statues de femmes que l'on voit entre les portes sont des copies des statues originelles se trouvant actuellement en Autriche. Ces statues symbolisent la Vertu (Sophia),
La Connaissance (Épistème),
Le Destin (Ennoia),
Et l'Intelligence (Arète) de Celcus.
La mise en valeur de l'environnement de la Bibliothèque se poursuit avec la reconstruction de la porte Sud de l'Agora Tetragonos, achevée en 1989.
La rue des Courètes est une grande avenue qui débute au Prytanée, dont il ne reste que deux colonnes debout :
Elle descend jusqu'à la bibliothèque de Celsus. Elle était bordée de portiques surmontés de statues.
La partie centrale de la rue était destinée aux chars et les deux parties latérales réservées aux piétons. Recouvertes d'une toiture, elles abritaient des boutiques et magasins.
Les Courètes étaient des prêtres appartenant à la classe la plus distinguée d'Éphèse, chargés de hautes fonctions administratives et de veiller au bon déroulement du culte d'Artémis. A chaque printemps, ils quittaient le Prytanée en procession, descendaient la rue des Courètes pour se rendre au temple d'Artémis.
Ce temple construit vers les années 560 av JC, fut incendié volontairement en 356 av JC par Érostrate, un grec n'ayant trouvé que ce moyen pour se rendre célèbre. Reconstruit, il fut pillé par les Goths en 262 après JC. En 401, pillé par les chrétiens, l'empereur romain Justinien acheva de le démanteler en prélevant une partie de ses colonnes pour le palais impérial de Constantinople. Actuellement on ne retrouve que très peu de traces de ce temple.
En descendant la rue des Courètes on peut admirer, entre autres, le temple d'Hadrien…
… La fontaine de Trajan, construite en l’honneur de l’empereur au 2ème siècle.
… La statue de la déesse Niké, déesse de la victoire, datant du IVe siècle après JC.
On y découvre aussi des toilettes publiques. Chaque notable avait un esclave chargé de s'assoir sur le banc pour le réchauffer avant que le maître ne se risqua à poser son honorable postérieur sur la pierre (un coup de froid est vite pris !)
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