Crète : les gorges d'Imbros. Le mythe de Pandore
Pour se rendre aux gorges d'Imbros, le trajet se fait à travers les paysages spectaculaires des Lefka Ori, les Montagnes Blanches dont 30 sommets culminent à plus de 2000 m. La route serpente le long des flancs des montagnes, montant petit à petit, avec des vues magnifiques sur les vallées.
Le rectangle violet : les gorges d'Imbros ; le point rouge, le village d'Hora Skafion.
Tout au long des routes de Crète, on peut apercevoir sur le bas-côté, ce genre de petites chapelles qui semblent être des exvotos :
On émerge tout à coup dans le plateau d’Askifou, une de ces petites plaines que l’on trouve un peu partout au milieu des montagnes de l’île.
On descend ensuite les gorges à partir du petit village d'Imbros jusqu'à la mer de Lybie, où l'on arrive au village de Hora Skafion, autrefois prospère grâce au commerce et à la piraterie, et qui ne vit aujourd'hui que du tourisme.
Les Sfakiotes sont des rebelles qui se sont opposés aux Vénitiens et aux Ottomans. Ils sont également connus pour leur rôle important dans la bataille de Crète en 1941 contre les Allemands. Des milliers de soldats ont pu quitter l'île à partir d'Hora Sfakion après la défaite.
Pour accompagner la visite des gorges, voici une légende grecque qui a donné une expression de la langue française :
La boîte de Pandore
Fils du Titan Japet, c'est Prométhée qui créa les hommes à partir d'eau et de terre. Alors qu'Épiméthée (son frère) est le créateur des animaux.
Lorsque Zeus s’apprêta à faire apparaître la Lumière, il fallut embellir les divers éléments terrestres. Épiméthée supplia que l'on le laisse faire. Il répartit fort bien les qualités et défauts parmi les animaux en leur donnant les dons les plus importants : force, rapidité, courage et ruse ; poil, ailes ou coquille, etc… Si bien qu'à la fin, il ne restait plus rien pour l'homme, qui se trouva donc nu et faible.
Épiméthée (dont le nom veut dire "qui réfléchit après coup"), ne sachant que faire pour les hommes, appela à l'aide son frère qui imagina un plan pour favoriser l'humanité. Prométhée (dont le nom veut dire "le prévoyant") fit en sorte que l’homme puisse tenir debout sur ses deux jambes, il lui donna un corps plus grand, distingué et proche de celui des dieux. Mais Zeus interdit aux hommes l'usage du feu.
Prométhée se révolta. Il monta sur l'Olympe avec une branche de fenouil. Il déroba à Zeus une semence de feu enlevée à "la roue du soleil", et l'insère dans la tige de fenouil à l'abri des regards. Puis il redescendit sur terre avec son butin.
Pour châtier Prométhée, Zeus le condamna à être enchaîné sur un rocher du Caucase et envoya un aigle dévorer quotidiennement le foie qui, chaque nuit, se reconstituait. Mais Hercule, passant à proximité, prit Prométhée en pitié, tua le rapace et le délivra. (La légende de Prométhée laisse supposer que les Grecs anciens avaient découvert que le foie est l'un des rares organes humains à se régénérer spontanément en cas de lésion).
Mais Zeus ne renonça pas pour autant à punir les hommes, et décida d'envoyer aux humains le pire des fléaux, la source même de tous leurs malheurs ultérieurs… la femme !
Ce fut Héphaïstos qui la façonna avec de l'argile et des larmes puis chaque olympien lui conféra un don : Athéna lui donna ensuite la vie, l'habilla en lui noua sa ceinture, après l'avoir parée d'une robe blanche, tandis que ses mains faisaient tomber de son front un voile aux mille broderies. Aphrodite lui donna la beauté et l'art de la séduction. Pitho la déesse, de la Persuasion et les Charites lui passèrent au cou un collier d'or pour rehausser sa beauté.
Héphaïstos posa sur sa tête un diadème qui portait d'innombrables ciselures représentant tous les animaux de la terre. Apollon lui donna le talent musical, Hermès lui apprit la parole et "l'art" du mensonge. Enfin Héra lui donna la curiosité et la jalousie. Après l’avoir nommée Pandore (celle qui a tous les dons), Zeus l’envoya sur la Terre pour séduire les mortels et les conduire à leur perte.
Mais après avoir combattu Zeus par deux fois, Prométhée comprit qu'il y avait danger à accepter un présent des dieux. Il en avertit son frère Épiméthée. Epiméthée, (celui qui pense après coup), qui avait pourtant juré à son frère de ne jamais accepter un cadeau venant de Zeus, la choisit pour épouse.
Pandore s'installa chez Epiméthée. Sa curiosité (naturelle) la poussa à contrôler les richesses du foyer, notamment à vérifier le contenu des jarres où sont entreposées les nourritures.
L'une d'elle, plus grosse et plus grande que les autres, l'intrigua particulièrement. Que contenait-elle ?
Epiméthée lui avait bien recommandé de ne jamais l'ouvrir (pas très psychologue, non plus, Epiméthée). Mais n'était-elle pas la maîtresse de maison ?
(L'âne peut servir d'ambulance en cas d'accident dans les gorges)
Elle souleva donc le lourd couvercle de la jarre. Aussitôt, tous les maux invisibles qu'elle refermait s'échappèrent : la mort, la vieillesse, la maladie, les guerres, le désespoir, la tristesse, la famine, la misère, le vice, et bien d'autres. Tous les malheurs se répandirent en un instant à la surface de la terre. Pandore referma rapidement la jarre, mais il était trop tard. Seul l'espoir, plus lent à réagir, resta au fond de la jarre.
Cependant, grâce à la fermeture opportune de la jarre par Pandore, l'humanité ne souffrira que des maux, et non pas de l'attente de ces maux, qui est probablement le pire de tous.
Voilà donc l'histoire de la boîte de Pandore. Misogyne les Grecs ? Pas plus que les extrémistes des trois grandes religions monothéistes qui continuent d'opprimer les femmes.
Les gorges d'Imbros vues du sommet de la montagne :