Hanoï : la pagode Trân Quôc, "Défense de la Patrie"
La pagode Trân Quôc, construite sur le Lac de l'Ouest, c'est la plus ancienne des pagodes du Vietnam. Elle fut construite au VIème siècle sur la digue de Yen Phu, puis reconstruite à l'emplacement actuel au XVIIème siècle et enfin rénovée en 1815. Après avoir porté plusieurs noms, elle s'appelle aujourd'hui "Défense de la Patrie". Elle est l'objet d'une très grande vénération populaire.
Les différentes croyances au Vietnam
Les cultes antiques
Lorsque les tribus viets quittèrent la Chine pour s'installer dans le delta du Fleuve Rouge, dans ce territoire qu'ils appelaient "Terre et Eau" (Dat et Nuoc), ils voulurent se concilier les forces visibles et invisibles de la nature. Ils créèrent ainsi trois ordres :
L'ordre supérieur avec Ong Troi, le seigneur du Ciel, gardien et protecteur du destin humain, régissant les forces occultes de l'univers.
L'ordre inférieur avec Tho Cong (ou Tho Than), divinité de la Terre, qui pourvoit à la nourriture et protège des bêtes féroces. Les génies du sol, des fleuves et des montagnes, selon les principes de la géomancie, déterminent l'orientation des maisons, des tombes, des temples, du plan des villes… Ces divinités sont partout : dans les pierres, les arbres, les lacs, les animaux.
L'ordre intermédiaire, entre le Ciel et la Terre, jamais indépendant, où s'étend le règne humain, hommes, femmes, vivants et morts, ancêtres et descendants.
Le culte des ancêtres
L'existence millénaire de ce culte repose sur la croyance selon laquelle les ancêtres continuent à vivre parmi les descendants. Les ancêtres accorderont protection et bienfaits si les descendants honorent et entretiennent leurs tombes.
Dans chaque maison, les ancêtres sont représentés, jusqu'à la cinquième génération, par des tablettes posées sur un autel.
Le culte est assuré par le descendant le plus âgé de la branche aînée du clan. On ne manque jamais d'informer les ancêtres d'une naissance ou d'un décès.
Le Confucianisme
Confucius naquit en Chine vers 551 avant JC. dans la modeste famille Kong. Humaniste, sa pensée est davantage une morale politique et sociale qu'une religion. Il fut appelé Vénéré Maître Kong par ses disciples, en chinois "Kong Fuzi " ce que les missionnaires chrétiens traduisirent par Confucius.
Confucius ne formula jamais ses théories par écrit, ce sont ses disciples qui les rassemblèrent dans un livre : Les Entretiens.
Erigée en philosophie d'Etat par la dynastie chinoise des Han (206 av JC / 220 ap JC) elle pénétra à la même époque au Vietnam.
Selon Confucius, tout homme de bien doit mettre en œuvre deux principes complémentaires :
Le jen : vertu, humanité, bonté
Le yi : justice
Et posséder plusieurs qualités morales :
La piété filiale (assurée par le culte des ancêtres), le respect des règles de préséance, la loyauté, le respect de la parole donnée, le courage.
Surtout, le Confucianisme apporte une grande place à l'éducation : La connaissance n'est pas le privilège de la naissance, mais du mérite et de la détermination personnels. Le Maître dit :
"Etudier sans me lasser et enseigner sans relâche."
"Pour bien gouverner un Etat, il faut éloigner les beaux parleurs. Ils sont dangereux".
Le Taoïsme
Le taoïsme fut introduit au Vietnam par les envahisseurs Hans au début de l'ère chrétienne. Son fondateur Laozi (Vieux Maître en chinois), vécut au VIème siècle av JC. Il aurait dicté son livre "Le Livre de la voie et de la vertu" à un gardien de forteresse.
La philosophie taoïste traite de la relativité de toute expérience, prône la simplicité et la non-intervention des hommes et de l'Etat dans le cours de la nature et de la société.
[Il y avait quelque chose d'indéterminé avant la naissance de l'univers.
Ce quelque chose est muet et vide.
Il est indépendant et inaltérable.
Il circule partout sans se lasser jamais.
Ne connaissant pas son nom, je le dénomme "Tao".]
Lao Tzeu
Le tao est la force fondamentale qui coule en toutes choses dans l’univers, vivantes ou inertes. C'est l’essence même de la réalité et par nature ineffable et indescriptible. Il est représenté par le tàijítú, symbole représentant l’unité au-delà du dualisme yin-yang.
Le tao se compose de deux principes complémentaires, présent en toute chose :
Le yang : principe mâle, lumineux, actif, chaud, céleste ;
Le yin : principe féminin, obscur, passif, froid, terrestre.
De leur opposition naît l'espace, de leur alternance le temps.
Il est souvent traduit par « le principe ». Par extension, un grand nombre de pratiques et d'arts ou artisanats orientaux ont comme suffixe le mot "dao", "l'art de" : "cha dao", l'art du thé, "kongshoudao" ou "karaté-dao", "l'art de la main vide" et ainsi de suite.
Les arts martiaux chinois sont un moyen pour parvenir à cette unité entre les deux principes et avancer sur le tao. Par métonymie un tao est un enchaînement de mouvements, le chemin menant à la maîtrise de l’art et donc vers l'unité.
Le terme tao peut aussi désigner la voie des mercenaires ou voie du guerrier, plus connu sous son nom japonais en Occident de bushido.
Pour les lettrés, le taoïsme consiste en une recherche contemplative des forces en présence dans l'univers par l'interaction du Yin et Yang.
Sous la forme populaire, le taoïsme est une religion naïve peuplée de nombreux génies, esprits et divinités sur lesquels règne Ngoc Hoang, "L'Empereur de Jade". A sa gauche, se tient le ministre Nam Tao (Etoile du Sud) qui enregistre les naissances ; à sa droite, le ministre Bac Dau (Etoile du Nord) qui enregistre les décès.
Le bouddhisme
Né en Inde du nord au VIème siècle av JC, le bouddhisme a été élaboré par le prince Siddhârta Gautama. Il prône la non-violence, l'amour universel et la chasteté.
Il existe au Vietnam deux façons d'appréhender le bouddhisme :
Le bouddhisme Mahayana ou Grand Véhicule, importé de Chine et largement majoritaire. Il reconnaît l'existence d'innombrables bouddhas.
Le bouddhisme Hinayana ou Petit véhicule, qui ne reconnaît que le Bouddha historique.
Le bouddhisme connut son apogée au Vietnam entre le XIème et le XIVème siècle. Dans les campagnes, il perdit sa rigueur philosophique en assimilant les divinités locales taoïstes et animistes. Les différents gouvernements vietnamiens s'appuyèrent sur le clergé bouddhiste pour gouverner.
En 1802, la dynastie des Nguyen de Hué réinstaura le confucianisme comme doctrine d'état.
Actuellement, le bouddhisme regroupe environ 10 % de la population.
Les autres religions présentes au Vietnam :
L'hindouisme pratiqué par les Chams dans le delta du Mékong. Ils observent certains rites en l'honneur de trois divinités : Brahma (associé au principe de la création de l'univers), Vishnou (qui symbolise le principe de la conservation) et Shiva (associé au principe de la destruction).
Le catholicisme regroupe environ 8 % de la population.
L'islam réunit près de 100 000 fidèles (0,5 %) de la population.
Du côté des sectes :
Le caodaïsme fondé en 1920 dénombre 2 millions d'adeptes. Elle s'inspire du bouddhisme, du taoïsme, du confucianisme et du christianisme. Le caodaïsme possède la notion de guides spirituels qu'il puise dans toutes les cultures. On trouve par exemple Victor Hugo, Jeanne d'Arc, Pasteur, Churchill, Lénine ou Shakespeare.
La secte Hoa Hao qui compte 1,5 million d'adeptes. Fondée en 1939 par Huynh Phu So dans le delta du Mékong, un moine bouddhiste illuminé, soutenue tour à tour par les Japonais, par le Vietminh et par les Français (1947), elle se livra à des trafics profitables. Sa philosophie néo-bouddhique préconise la simplicité du culte et nie le besoin d'un intermédiaire entre les êtres humains et l'Être suprême.