Une journée avec les pêcheurs de la Mer d'Iroise
Il est cinq heures, le Cap Sizun dort encore, mais déjà des feux verts et rouges quittent les quais du port et se dirigent vers le large. Pas de lune, l'obscurité de la nuit est épaissie par une couche de brume.
Le Sirocco, bateau de 11 m, équipé d'un moteur de 250 cv, consommant en moyenne 1,5 tonne de gasoil par semaine, taille sa route à travers la houle du large vers ses lieux de pêches avec ses trois hommes d'équipage et son patron. On ne voit rien dans cette nuit noire, seul le logiciel de navigation (sorte de GPS) et le radar permettent de suivre le chenal et de sortir du port.
A l'arrière du bateau, les filets sont disposés dans de grands bacs, attendant d'être mis à l'eau. La marée ne sera pas bonne car nous sommes en période de vives eaux, mais il faut sortir et ramener du poisson, question de survie.
"L'homme est en mer.
Depuis l'enfance matelot,
Il livre au hasard sombre une rude bataille.
Pluie ou bourrasque, il faut qu'il sorte, il faut qu'il aille…"
Les premiers filets vont être relevés. La bouée "crochée", l'orin est passé sur le treuil, et ses 100 ou 200 m doivent être lovés proprement, prêts à resservir.
Le filet suit. 2 fois 5 Km de filet à amener sur le pont, brassée après brassée…
Ici, une lotte, la gueule grande ouverte, prise dans le filet
Lottes, lieus, cabillauds, araignées et homards, sont arrachés des entrailles de la mer et échouent sur le pont où il ne "reste plus qu'à" les libérer des mailles du filet.
Une fois les filets entièrement remontés, il faut maintenant défaire à la main les plus gros nœuds qui se sont formés pendant la pêche…
Puis passer le filet dans une machine que les marins appellent la "démêleuse"…
… Pour que le filet rejoigne son bac à l'arrière du navire, prêt à servir une autre fois.
Les filets seront remis à l'eau plusieurs fois par jour et leurs positions rentrées en mémoire dans le logiciel de navigation en utilisant une couleur différente selon le jour de la pose.
Le travail ne s'arrête pas : on met un filet à l'eau, on file relever le suivant, et on recommence ainsi de suite toute la journée, à peine le temps de grignoter un sandwich. Sur la route du retour, on nettoie le pont…
… On vide et on lave les poissons…
… Sans oublier de retirer les foies des lottes qui seront vendus à part :
Environ 800 marins pêcheurs sont recensés actifs en Iroise, ce qui représente près de 350 navires de moins de 12 m dont 220 à 260 peuvent être présents simultanément selon la période de l’année.
Les bateaux les plus présents en Iroise ont leur port d'attache à Brest, Camaret, Douarnenez et Audierne. On côtoie également des navires issus des ports plus lointains comme Le Guilvinec ou Morlaix dont les zones de pêche très vastes englobent la mer d’Iroise.
Si la faune et la flore de la mer d’Iroise sont très riches et diversifiées, cela s'explique par le fait qu’elle est perpétuellement réoxygénée par l’action de ses puissants courants marins. Il n'est pas rare d'y rencontrer des dauphins.
D'autres espèces marines y vivent, entre autres le poisson lune et des phoques qui peuplent l’archipel de Molène.
Poisson lune
Retour vers 16 heures au port, où la pêche est débarquée à la criée. Chaque année, la production de la mer d’Iroise s’élève à plus de 50 000 tonnes débarquées avec, approximativement, 40 000 tonnes de laminaires, 11 000 tonnes de poissons et 1 500 tonnes de crustacés. Une partie est achetée par les mareyeurs locaux, une autre partie est acheminée par camions vers Rugis.
Bars de ligne du Raz de Sein
Criée de Poulgoazec
Merci à Roland et à tout son équipage de m'avoir accueilli à bord de leur bateau, le Sirocco.