Un fleuve de Guyane : le Maroni
Le Maroni, sous le nom de Alitany (en violet sur la carte), prend sa source dans les Monts Tumuc-Humac au Suriname.
Il devient le Lawa (en orange sur la carte) lors de sa confluence avec l'Inini (en bleu sur la carte).
Et enfin, il prend le nom de Maroni (en rouge sur la carte) lors de sa réunion à Grand-Santi avec le fleuve Tapanahoni (en vert sur la carte).
Avec ses 520 km, le Maroni est le plus long et le plus puissant fleuve de la Guyane. C'est "l'autoroute" vers les communes intérieures de la Guyane. La pirogue reste le principal moyen de transport de la région.
Le fleuve fait office de frontière entre la Guyane et le Suriname, jusqu'au confluent avec le fleuve Mana, avant de se jeter dans l'Océan Atlantique où son embouchure se confond avec celle de la Mana dans un estuaire large de 5 km.
Ci-dessous, notre pirogue lors de la descente du fleuve :
Il ne faut pas être trop regardant sur la sécurité : le réservoir est un fût de 200 litres, près de lui, une batterie servant à alimenter la pompe à eau (en raclant sur les rochers des sauts, la pirogue en bois embarque "un peu" d'eau entre ses jointures). Si on ajoute que le motoriste a souvent la cigarette aux lèvres, on est tout à fait rassuré. Quant aux gilets de sauvetages, ils nous servent de coussin.
Les villages Bushinengué (Boni, Djukas, Saramacas) et Amérindiens (sur le haut Maroni, au-delà de Maripasoula) se succèdent tout le long du fleuve.
De nombreuses îles jalonnent le cours du fleuve, partagées entre le Suriname et la Guyane : difficile de savoir laquelle est française ou surinamaise. Quelques noms pour nous dépayser un peu :
Iles surinamiennes : Langa Tabiki, Kipoua Tabiki…
Iles guyanaises : Iles des Lépreux, île Bastien, île La Moitié, Gaan Tabiki…
De nombreux rapides, appelés «sauts» en Guyane, ponctuent son cours. On dénombre environ 90 sauts importants et près de 160 passages dangereux.
Certains sauts ont des noms qui parlent d'eux-mêmes, comme ceux-ci :
Gun Soutou Soula : le saut du fusil qui part.
Man Bali Soula : le saut où tout le monde crie.
Man Caba Soula : le saut où tout le monde finit.
Poligoudou Soula : le saut des richesses perdues.
Entre les sauts, les différents bras du fleuve et les nombreuses îles, seuls ceux qui vivent ici sauront retrouver leur chemin dans ce dédale, faisant preuve d'une dextérité hors du commun pour franchir les sauts les plus difficiles.
Dans le Maroni on réalise tous les gestes quotidiens de la vie : se nourrir, se laver, faire la vaisselle, la lessive.
Au détour d'un méandre, on rencontre aussi les barges des chercheurs d'or :
Sur le fleuve, naviguent aussi des pirogues chargées de produits de contrebande (fûts d'essence...)
Le village de Papaïchton est le premier gros village après Maripasoula. Papaïchton compte environ 1600 habitants, en majorité Bonis (ethnie Noirs-marrons). C'est d'ailleurs à Papaïchton qu'habite le Grand Man, chef spirituel et religieux des Bonis. Le bourg s'appelle Papaïchton-Pompidouville en l'honneur du président Pompidou qui avait reçu le Grand Man et maire Tolinga à l'Élysée en 1971.
Tous ces villages le long du fleuve souhaiteraient s'équiper de panneaux solaires et délaisser les groupes électrogènes trop gourmands en pétrole.