Turquie : promenade sur le Bosphore
Le Bosphore est le détroit qui relie la mer Noire à la mer de Marmara et marque, avec les Dardanelles, la limite méridionale entre les continents asiatique et européen. Il est long de 42 kilomètres pour une largeur de 698 à 3 000 mètres.
Sa profondeur varie entre 50 et 120 m.
C'est une vallée fluviale qui fut envahie par la mer au quaternaire supérieur, il y 7 500 ans.
Le nom du Bosphore signifie "passage de la vache". Cette appellation fait référence à l'une des plus célèbres histoires de la mythologie grecque :
C’est l’histoire d’Io, une belle prêtresse dont Zeus tomba amoureux. Lorsque la femme du dieu de la foudre découvrit cette relation, elle entra dans une rage noire. Pour éviter à son amante une mort cruelle, Zeus eut le temps de la transformer en une belle génisse blanche.
Mais Héra, avide de vengeance, envoya un taon piquer la jolie vache. Celle-ci, devenue folle se mit à courir, traversant les continents et franchissant ainsi le Bosphore, d'où son nom "bous" (vache) et 'phoros" (détroit).
Le Bosphore est densément urbanisé. De nombreuses résidences, appelées "yali", se dressent sur ses rives.
"Yali", littéralement "rivage, plage", est une demeure construite à proximité immédiate du bord de l'eau. Historiquement, elles étaient utilisées comme résidences secondaires par les riches Stambouliotes. On compte aujourd'hui près de 620 résidences, dont la plupart datent du XIXe siècle.
Les tous premiers "yalı", tous construits à l'extérieur du centre ville, ont servi de résidences estivales aux pachas et aux grands vizirs.
Ces "yalı", comptent parmi les habitations les plus chères au monde.
Outre ces demeures, de nombreux monuments sont érigés le long du Bosphore.
Le Palais de Feriye, ancien hôtel de police transformé en restaurant :
Le yali du pacha Yusuf l'Egyptien, construit au 19è siècle avec des briques importées de Marseille :
Le yali de la princesse Eminé qui fut la résidence d'été des ambassadeurs égyptiens :
Le palais de Dolmabahçe :
Commencé en 1843, il fut terminé en 1856. Résidence présidentielle en 1923, il devint musée national après la mort de Atatürk.
Dans le jardin du palais, la tour de l'Horloge, haute de 27 m, fut érigée en 1890 sur un socle de marbre. Les quatre faces portent chacune une horloge, œuvre de l'horloger français Paul Garnier.
Le Palais de Beylerbeyi, ou Palais d'été, construit entre 1861 et 1865, dont la fonction première était de recevoir les hôtes étrangers :
Les ruines de la forteresse de Rumeli Hisari.
Grâce à sa nouvelle forteresse, Mehmet II put prendre Constantinople à l'usure en la privant de tout approvisionnement et de renforts.
Elle fut terminée en 1452, et à la fin de l'année, Mehmet II se décida à prendre la ville.
L'importance du détroit tient au fait qu'il relie la Roumanie, la Bulgarie, l'Ukraine et la Russie aux pays de la Méditerranée. La convention de Montreux (1936) donne à la Turquie le contrôle sur les bateaux de guerre, mais laisse une totale liberté sur les bateaux de commerce.
Dans cette région, le trafic y est l'un des plus importants au monde et s'y croisent de nombreux tankers transportant le pétrole de la mer Noire.
De plus, chaque matin, environ un million d'habitants de la rive anatolienne, soit près du quart de sa population, empruntent quelque cent cinquante navires, publics ou privés, pour aller travailler dans l'Istanbul européenne.
De violents courants le parcourent et son étroitesse, en certains endroits, rend la navigation particulièrement dangereuse et interdite la nuit pour les tankers.
La mer Noire reçoit directement l’eau de puissants fleuves : celle du Danube, du Dniestr et du Dniepr à l’ouest et au nord-ouest, ainsi que celle du Sakarya, du côté sud, et indirectement les eaux du Don et du Kouban par l’intermédiaire de la mer d’Azov (celle-ci communique, par le détroit de Kertch dans le nord-est, avec la mer Noire).
Cet excédent d’eau douce abaisse sa salinité de surface à un taux compris entre 1,5% et 1,9%, tandis que la Méditerranée souffre d’un déficit d’alimentation et d’une évaporation intense qui leur donnent des taux de salinité compris entre 3,5 et 3,9%.
La mer Noire déverse son trop-plein en direction de la Méditerranée par un courant de surface assez puissant. Un contre-courant ramène en profondeur vers le nord des eaux d’origine méditerranéenne plus salées.
Les conditions atmosphériques renforcent encore ces flux nord-sud, car les vents de secteur nord sont dominants la plus grande partie de l’année, tel le poyraz, cousin pontique du mistral, qui balaie souvent le couloir du Bosphore.
Le débit du courant varie de 3 à 4 Km/h, et de 8 à 9 Km/h en cas de tempête.
Ces caractères physiques imposent des conditions difficiles à la navigation.
La période la plus récente a vu une forte augmentation du trafic maritime. Celui-ci est source de dangers et de risques écologiques et l'on constate un accroissement du nombre annuel d’accidents. Ceux-ci peuvent être graves : le 13 mars 1994, un tanker grec heurta un navire. Quinze marins y trouvèrent la mort et 100 000 tonnes de pétrole furent déversées en amont d’Istanbul, alimentant un incendie qui dura quatre jours.
La tour de Léandre ou la tour de la Jeune Fille (Kizkulesi), construite sur un petit îlot artificiel de 1200 m2, doit son nom à deux légendes différentes :
Un empereur byzantin aurait enfermé sa fille dans cet îlot pour la protéger d'un oracle disant qu'elle périrait de la morsure d'un reptile. Malheureusement, un serpent caché dans un panier de figues apporté par un serviteur pour la nourrir, la piqua et elle mourut.
L'autre légende est celle-ci, bien qu'en "réalité" ces faits se déroulèrent dans le détroit des Dardanelles :
Héro, prêtresse d'Aphrodite, habitait sur cet îlot. Léandre, son amoureux, vivait sur la rive asiatique. Toutes les nuits, Léandre traversait le détroit à la nage guidé par une lampe qu'Héro allumait en haut de la tour où elle vivait. Mais lors d'un orage, la lampe s'éteignit et Léandre s'égara dans les ténèbres. Lorsque la mer rejeta son corps le lendemain, Héro se suicida en se jetant du haut de sa tour.
Plus concrètement, cette tour eut plusieurs fonctions : elle servit de forteresse sous Mehmet II, puis de phare, puis de prison, puis de lieu de quarantaine. Elle sert actuellement de tour de contrôle de la circulation maritime du Bosphore. Un projet prévoit de la transformer en restaurant et en café.