Turquie : Pamukkale, le Château de coton
Pamukkale se trouve au sud-ouest de la Turquie, plus précisément dans la vallée du Méandre, à quinze kilomètres au nord-est de Denizli (voir carte dans l'article précédent).
Les sources chaudes pétrifiantes sortent des montagnes de Salpak sur une plate-forme de 4 km de long. Leurs températures varient entre 35 et 60 degrés.
Pamukkale est une tufière entièrement élaborée par les eaux chaudes qui s'écoulent des entrailles de la montagne. Ce phénomène naturel laisse des couches blanches sur la pierre, ce qui donne à la montagne une apparence de forteresse de coton ou d’une chute d’eau gelée.
Une tufière est un site formé par une roche appelée tuf calcaire et qui peut être exploitée souvent comme pierre de construction. C'est une source qui est à l'origine de ces concrétions calcaires. Celles-ci prennent parfois un aspect insolite. Ces concrétions, parfois en forme d'escaliers géants, occasionnent une succession de cascades plus ou moins hautes. Pamukkale signifie d'ailleurs "Château de coton" en turc.
Les travertins, là où les eaux ne coulent plus, noircissent avec le temps au contact de l'air.
Le travertin est une roche sédimentaire calcaire continentale, de couleur blanche quand elle est pure, mais tirant vers le gris, le jaunâtre, le rougeâtre ou le marron, selon les impuretés qu'elle renferme. Elle est caractérisée par de petites cavités (vacuoles) inégalement réparties.
Les plus beaux édifices de la Rome antique furent édifiés avec du tuf calcaire. Cette roche blanchâtre, tirant sur le jaune, donnent des blocs de grandes dimensions. Son grain est très-fin et persillé. Au sortir de la carrière elle est tendre, mais devient ensuite de plus en plus dure au contact de l'air. Sa ténacité la rend capable de supporter des charges considérables sans se rompre.
Le site de Pumakkale comporte 17 sources. Certaines d'entre elles ont une température de plus de 45°C, et sont saturées de sels minéraux et de gaz carbonique. Ce dioxyde de carbone, en se libérant dans l'air, fait précipiter le carbonate de calcium contenu dans l'eau, lequel se dépose, sous forme pâteuse, sur les flancs de la colline. Il durcit ensuite lors de l'évaporation de l'eau. Chaque litre d'eau délivre un demi-gramme de carbonate de calcium.
L'eau qui jaillit a au préalable circulé dans une nappe souterraine dans une roche calcaire. Cette eau est donc très chargée en calcaire, mais également en CO2 dissous. Sous les actions combinées des algues, de l'agitation et d'autres facteurs physico-chimiques, le calcaire (carbonate de calcium) précipite. Le plus souvent, cela emprisonne des débris de végétaux dont l'empreinte pourra se conserver éventuellement des millions d'années.
Ces eaux minéralisées ont créé une série de cascades pétrifiées, des stalactites et des bassins formant des terrasses, d’une hauteur variable allant de un à six mètres.
La piscine thermale est toujours exploitée. Elle fut baptisée "Piscine de Cléopâtre" par Marc-Antoine en l'honneur de cette dernière qui s'y était baignée une fois. L'eau y est naturellement chaude (36°C).
L'eau de Pumakkale est buvable, douce, un peu amère, et par endroit pétillante. Elle guérirait de l'hypertension, des maladies de la peau, des rhumatismes et des maladies des nerfs.
Les sources chaudes de Pumakkale furent également utilisées pour le dessuintage et le séchage de la laine et la fixation des teintures.
Plan de Pamukkale
Le grand nombre de touristes venus du monde entier constitue maintenant la principale menace pour l’intégrité du bien. La zone du petit lac formé par des tremblements de terre et les sources thermales autour de l’ancienne agora, où des milliers de touristes peuvent nager entre les colonnes antiques en marbre, sont particulièrement menacées.
La pollution biologique et l’érosion des éléments en marbre de l’époque romaine ont amené les autorités à mettre en place un système de suivi afin d’aider à la gestion de ce problème.
Des zones ont été définies pour que les visiteurs puissent se baigner dans les sources chaudes.
Il serait dommage de laisser se détériorer un tel site.