Turquie : de Byzance à Constantinople
Byzance, Constantinople, Istanbul, trois noms, une seule ville.
La ville passa sous la domination des Perses en 513 av JC, des Athéniens en 407 av JC, puis de Sparte en 405 av JC.
Byzance, ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, était située à l’entrée du Bosphore sur une partie européenne de l’actuelle Istanbul.
Istanbul
Céroessa, fille de Zeus et d'Io, naquit à l'emplacement où fut construite Byzance. Élevée par une nymphe locale, elle devint la mère de Byzas, enfant qu'elle avait conçu avec Poséidon. Byzas fut le fondateur de la cité en 667 av JC.
Le Bosphore
En 279 av JC., une expédition gauloise, ayant pénétré jusqu’en Thrace sous la conduite de Comontorius, vint s’établir dans les environs de Byzance et réduit ses habitants aux dernières extrémités. Pour racheter leurs terres des ravages dont les menaçaient les Gaulois, ils durent leur payer près de dix mille pièces d’or et un tribut annuel de 80 talents jusqu’à l’époque où les Gaulois furent exterminés par les Thraces. Pour subvenir à ces charges, les Byzantins avaient imaginé de percevoir un droit sur la navigation du Bosphore.
Mer de Marmara
Comme toute la Grèce, Byzance subit la tutelle de Rome. La cité connut alors un certain déclin.
Septime Sévère, un empereur romain d'origine africaine, (qui régna de 193 à 211 av JC) vint les assiéger. Après un siège de trois ans, les Byzantins finirent par se rendre. Le vainqueur, irrité par une telle résistance, fit massacrer la garnison et les magistrats, démantela la cité, la dépouilla de tous ses privilèges et la laissa à l’état de simple bourgade.
Au IIIe siècle de notre ère, sous la pression des invasions barbares, l’Empire Romain connut une grave crise qui allait aboutir à son déclin.
Dioclétien, arrivé au pouvoir en étant désigné nouvel Auguste par ses troupes le 20 novembre 284, décida d’instaurer un nouveau système.
Pour ne plus être seul à gouverner tout l’empire, il nomma Maximien César en 285, avec charge de défendre la partie occidentale de l’empire. Il délègue encore son pouvoir en nommant deux césars le 1er mars 293, Galère et Constance dont le fils sera Constantin.
Constantin
La répartition territoriale se fit naturellement en fonction de la langue administrative : les Balkans, la Grèce, le proche Orient, l'Égypte, utilisant traditionnellement le grec, devinrent la partie orientale ; l'Italie, les Gaules, l'Espagne, le Nord de l’Afrique et le cours supérieur du Danube, utilisant le latin et le celte, devinrent la partie occidentale.
Constantin resta unique empereur dès 324.
Le 11 mai 330 marqua la création de la ville de Constantin.
Constantin Ier régna alors seul pendant treize ans, jusqu'en 337. Celui-ci y fait construire, le palais impérial, l'hippodrome (nouveau nom donné aux cirques romains), l'église de la Sainte Sagesse (Sainte-Sophie).
Ste Sophie
Le concile de Chalcédoine de 451, dans son vingt-huitième canon, donna à la ville de Constantinople le titre de "Nouvelle Rome", ce qui fit de son évêque, le patriarche de Constantinople, le second personnage de l'Église.
Ste Sophie
Quant à la capitale de l'Empire, elle s'appelait officiellement Constantinople (en Grec Konstantinoupolis, c'est-à-dire : "la ville (polis) de Constantin").
Les slaves, qui admiraient la cité, l'appelaient Tsarigrad "la ville (grad) de César (tsar)".
"Constantinople" est la francisation de Konstantinoupolis.
Istanbul
Éteint en Occident en 476, l'Empire romain persista en Orient, autour de sa capitale, Constantinople.
Constantinople et son empire eurent cinq siècles de prospérité grâce au commerce Europe-Asie (c'était le terminus occidental de la Route de la soie). Ils résistèrent à de nombreuses invasions jusqu'en 1204, lorsque la Quatrième Croisade fut détournée par les Vénitiens vers Constantinople, prise par traîtrise. Il y eut à cette occasion le sac de Constantinople.
Le "début de la fin" pour la civilisation gréco-romaine et chrétienne orthodoxe de l'Empire, ne vint donc pas des musulmans, mais des occidentaux.
Les Croisés prirent la ville le 12 avril. Ils infligèrent à Constantinople un horrible et sauvage pillage pendant trois jours, pendant lesquels de nombreuses œuvres grecques et romaines anciennes et médiévales furent détruites ou volées.
La magnifique bibliothèque de Constantinople, plus grande peut-être que celle d'Alexandrie, fut détruite. En dépit de leur serment et la menace d'excommunication, les Croisés violèrent impitoyablement et systématiquement les sanctuaires sacrés de la ville, détruisant, salissant, ou volant tout ce qui pouvait l'être. Rien ne fut épargné.
Après ce sac de Constantinople, un Empire latin fut fondé par Baudouin de Flandre qui se vit couronné empereur sous le titre de Baudoin Ier de Constantinople dans la cathédrale Sainte-Sophie.
Constantinople devint la capitale de l'Empire latin de Constantinople jusqu'en 1261, quand les forces de l'Empire de Nicée reprirent la ville. (L'Empire de Nicée est un vestige de l’Empire byzantin ayant résisté à la prise de Constantinople par les croisés en 1204. Il occupait, en Anatolie occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer Égée à la mer Noire).
Lac salé en Anatolie
Mais la situation de l'Empire Byzantin continua à se dégrader. En 1453, l’Empire était réduit à un territoire aux alentours de Constantinople et au Péloponnèse. Il n'était plus en état de résister à la puissance montante qu'était l’Empire ottoman à cette époque.
En 1355 les Turcs ottomans, qui s'étaient déjà emparés de la totalité de l'Asie Mineure, passèrent en Europe et s'emparèrent en quarante ans de la péninsule des Balkans : Constantinople fut encerclée et l'empire se réduisit à sa capitale, à Trébizonde, à Mistra et à quelques îles de la mer Égée.
Le 29 mai 1453, Constantinople fut prise par les forces ottomanes conduites par le sultan Mehmet II (né en Edirne en 1432, mort en 1481 à Gebze). Après Bursa et Edirne, Constantinople devenue Stanboul par la volonté de Mehmet II, devint la nouvelle capitale de l'Empire ottoman.
Mehmet II (image wikipédia)
Le dernier empereur romain Constantin XI Paléologue mourut sur les remparts en défendant sa ville.
La chute de Constantinople mit fin à un empire qui avait duré 1000 ans et qui avait vu Rome s'effondrer. Sa chute marqua pour l'Orient la fin de la civilisation byzantine, mais pour l'Occident, qui hérita via l'Italie de cette civilisation, ce fut l'avènement d'une Renaissance.
Le Bosphore
En France, par les batailles de Formigny en Normandie en 1450 et par celle de Castillon en Gironde en 1453, les armées de Charles VII "boutèrent" définitivement les Anglais hors de France en mettant un terme à la guerre de 100 ans. Fin du moyen Age.
Forteresse de Rumelihisari
Le terme "Byzance" ou "byzantin" est passé dans la culture populaire moderne. Ainsi l’expression "c’est Byzance !" fait référence à la richesse de l’Empire et donne une idée d'abondance et d'opulence, voire de luxe.
Boutique dans le bazar d'Istanbul
On parle aussi de "complexité byzantine" pour désigner un discours ou une pensée très alambiqués ou embrouillés, en référence aux institutions de l'Empire byzantin qui empilaient les réformes et les lois que seule une bureaucratie pléthorique pouvait débrouiller.
Mongolfière au-dessus de la Capadoce