Thaïlande : le Royaume d'Ayutthaya
Le nom d'Ayutthaya vient de celui de la ville d'Ayodhya, en Inde. Cette ville est en effet celle de Rāma, héros du Rāmāyana et septième incarnation de Vishnu. Ce nom signifie « qui ne peut être conquis » en sanskrit.
La partie historique d'Ayutthaya est constituée des ruines de ses anciens temples. Ces ruines représentent une quinzaine de sites, dont un Bouddha couché du Wat Yai Chai Mogkhon :
Coller sur ses pieds des pièces ou des petites feuilles d'or porterait bonheur
A l'époque de leur construction les temples et sculptures étaient entièrement recouverts de plâtre blanc. Celui-ci s'est dégradé au fil du temps et ne recouvre plus qu'une infime proportion des constructions. La brique sous-jacente, de couleur rouge, est aujourd'hui à nue :
En 1350, un prince Thaï, Ramathibodi Ier, fonda le Royaume d'Ayutthaya. Sous son règne commencèrent les guerres inexpiables qui opposèrent le Cambodge à ses anciens vassaux thaïs.
Dès 1351, les Thaïs formèrent deux armées, l'une avec les troupes de Sukhotai, l'autre avec celles d'Ayutthaya, et marchèrent sur Angkor. Elles furent une première fois repoussées sous les murs de la ville.
Le roi Ramathibodi Ier constitua alors une troisième armée avec laquelle il vint investir lui-même la capitale Angkor. La ville fut prise, saccagée et pillée. Les Thaïs s’emparèrent des trésors du Palais Royal et des temples. La population fut déportée en esclavage au Siam.
De 1353 à 1357, les troupes siamoises occupèrent tout le Cambodge.
Le prince Khmer Soriyoteï, qui s’était échappé d’Angkor avant la prise de la ville, se réfugia au Laos avec quelques guerriers et les symboles de la royauté khmère. Il organisa la résistance aux troupes d’occupation siamoise. Il surprit Angkor en 1357 et chassa le roi siamois.
En 1358, devenu plus fort, le royaume d'Ayutthaya "digéra" le royaume de Sukhotai.
Perpétuellement en guerre avec ses voisins (Cambodge ou Birmanie), les armées thaïes revinrent en force en 1431 et détruisirent définitivement la capitale khmère d'Angkor Thom.
Ruines d'Angkor
L'ouverture vers l'occident se fit lors de la signature d'un traité avec le Portugal en 1511.
En 1569 la capitale de Royaume d'Ayutthaya fut prise et pillée par les troupes birmanes du roi Bayinnaung et le pays vassalisé par les Birmans.
Il faudra attendre la victoire du roi Naresuan en 1593 pour que le royaume retrouve ses frontières.
Entre le XIVe et le XVIIIe siècle, Ayutthaya devint l’une des agglomérations les plus grandes et les plus cosmopolites du monde, ainsi qu’un centre mondial de la diplomatie et du commerce.
La cour royale d’Ayutthaya échangeait des ambassadeurs dans le monde entier, notamment avec la Cour de Versailles en France, comme avec les cours impériales du Japon et de Chine.
Les traités de commercent se multiplièrent : avec les Hollandais en 1605, les Anglais en 1612, les Danois en 1621.
Le règne de Dephra Narai (1656/1688) fut l'âge d'or du Royaume d'Ayutthaya.
Les français arrivèrent à leur tour en 1680 avec la compagnie des Indes Orientales. Puis ce fut les ambassades de Louis XIV en 1685, 1686, et 1687.
C'était pour résister aux visées tant portugaises que hollandaises et anglaises que le roi Phra Narai (1657-1688) sollicita l'alliance de la France.
De ces ambassades, il reste un souvenir très bien connu des Brestois, la rue de Siam à Brest :
Elle doit son nom actuel au débarquement de trois ambassadeurs du roi de Siam Narai, menés par Kosa Pan, ministre Siamois, dans ce port, le 18 juin 1686.
Accompagnés de toute une cour et chargés de nombreux présents, ils venaient rendre visite au roi Louis XIV à Versailles.
Venus par mer, ils avaient voyagé à bord des navires l’Oiseau et la Maligne.
Empruntant à pied la rue Saint-Pierre pour se rendre à l’hôtel du même nom, ils émerveillèrent les Brestois qui rebaptisèrent leur rue le jour-même.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rue_de_Siam
En 1687, une escadre de six navires français se rendit à Bangkok pour fortifier la ville, mais la France échoua dans sa tentative d’implantation. Tous ses efforts furent anéantis par la prise du pouvoir par des courtisans nationalistes à la mort du roi Naraï en 1688. Tous les étrangers tombèrent en disgrâce. Le nouveau roi, fervent bouddhiste, avait eu peur que son pays ne devienne catholique.
Les Bouddhas ci-dessous ont tous la main droite posée sur leur cuisse et orientée vers le sol : par ce geste, ils chassent les mauvais esprits.
Les troupes de Louis XIV se replièrent sur les Indes françaises.
En 1767, La ville fut réduite en cendres par les armées du roi Birman Hsinbyushin après un siège de 15 mois et fut abandonnée.
Les Birmans " se résolurent à y porter partout le pillage et l'incendie; ils massacrèrent impitoyablement les habitants pour leur extorquer le secret de leurs trésors supposés. Cette œuvre de destruction et de carnage dura deux mois ; les officiers birmans s'enrichirent des dépouilles des malheureux habitants, dont ils emmenèrent un grand nombre captifs.
"Ainsi périt Ajuthia, en mars 1767, après quatre cent dix-sept ans d'existence, sous trente-trois rois et trois dynasties.
"Et tout le pays des Thaïs tomba dans l'anarchie, parcouru en tous sens par des bandes armées et déchiré par ses propres enfants autant que par ses ennemis."
Henri Mouhot :
"Voyages dans les royaumes de Siam, de Cambodge et de Laos, 1858"
Ses ruines ont été constituées en Parc historique d'Ayutthaya.