Thaïlande : l'éléphant d'Asie (2)
La relation unique entre l'homme et l'éléphant en Asie remonte à près de 5 000 ans, quand les éléphants commencèrent à être capturés et dressés pour être utilisés dans des cérémonies religieuses, les guerres et comme animal de trait. Aucun autre animal n'a connu une telle relation avec l'homme.
Il est dirigé par un cornac qui est à la fois son maître, son guide et son soigneur.
On ne devient pas cornac par hasard : un réel pouvoir sur un éléphant exige une expérience remontant à l’enfance.
L’espérance de vie de l’homme et celle de l’éléphant étant sensiblement égales, un cornac s'occupe d'un seul éléphant au cours de sa vie. C'est pourquoi bien souvent, on est cornac de génération en génération.
La science du cornac est d’autant plus complexe qu’il s’occupe d’un animal capable de garder, lui aussi, en mémoire une somme d’expériences considérables (en fait, il a une mémoire d'éléphant).
Le cornac est assis sur le cou de l'animal et communique avec son éléphant par l'intermédiaire de mots, de gestes et de mouvements de pieds. A la main, il tient une espèce de crochet appelé "ankush". La seule vision de ce crochet suffit généralement à faire entendre raison à l’éléphant récalcitrant.
Un éléphant peut être dressé pour réagir à une cinquantaine de mots.
Sur les photos qui suivent, c'est par des ordres donnés par son cornac que l'éléphant réalise le dessin.
De nos jours, on constate une baisse rapide de la qualité des cornacs : dans les tribus, un grand nombre de gardiens ont abandonné leur profession et les fils de nombreux cornacs choisissent d'autres métiers.
Ce manque d'expérience a causé la mort de nombreux hommes et par la suite de nombreux éléphants, abattus parce qu'il n'y avait plus de cornacs capables de les maîtriser. Ainsi, on estime à environ 200 le nombre de cornacs tués chaque année en Thaïlande et à environ 50 % le nombre d'éléphants morts de mauvais traitements ou de faim.
En Thaïlande, les éléphants domestiqués sont presque trois fois plus nombreux que les éléphants sauvages. Mais le nombre d'éléphants domestiqués baisse régulièrement et inexorablement car le travail est de plus en plus rare.
Depuis 1990, année où l'exploitation forestière a été interdite en forêt, les éléphants peuvent seulement transporter des grumes illégalement coupées, travail éreintant qui emploierait 1 000 à 1 500 éléphants.
Dix pour cent des éléphants du pays travaillent encore aujourd'hui dans le secteur du tourisme ou comme attraction.
Les éléphants domestiqués de la Thaïlande sont suivis par deux ONG, "Friends of the Asian Elephant", qui travaille principalement dans le nord, et "Asian Elephant Foundation of Thailand", qui œuvre surtout dans le Surin. Leur travail est malheureusement limité par un manque de ressources et de personnel.
L'éléphant d'Asie n'a jamais fait l'objet d'une reproduction sélective. Contrairement à ce qui s'est produit avec les bovins ou les chevaux.
On n'a jamais cherché systématiquement à faire s'accoupler des éléphants dans le but de créer des exemplaires ayant un tempérament ou un type physique idéal. En conséquence, l'éléphant domestiqué reste génétiquement un vrai animal sauvage.
Les Thaïlandais (qui sont "un peu" superstitieux) adorent les éléphants au point d'en avoir fait un porte-bonheur : chaque famille ou presque se doit d'avoir chez elle de petites statues d'éléphants. Ces dernières se vendent par deux : l'éléphant dont la trompe est dirigée vers le sol assure à son propriétaire la longévité ; celui qui dresse sa trompe vers le ciel apporte bonheur et chance. (Pour ma part je n'ai pas encore gagné au loto malgré ces éléphants, mais c'est peut-être parce que je ne suis pas Thaï).
Sources :
http://www.fao.org/nouvelle/1998/thai-f.htm
http://www.fao.org/nouvelle/1998/981207-f.htm