Thaïlande : élevage du ver à soie
Le bombyx du mûrier (Bombyx mori) est un papillon domestique originaire du nord de la Chine, élevé pour produire de la soie. Le ver à soie est sa chenille. Le bombyx est inconnu à l'état sauvage, il est le résultat d'une sélection en élevage appelé sériciculture.
Il est tellement habitué à l’élevage, qu’il ne pourrait plus vivre en liberté, il ne saurait plus aller tout seul d’une feuille à l’autre. Sa durée de vie est d'environ 2 semaines.
Le papillon Bombyx mori est tellement gros et lourd qu'il est incapable de voler. Il se déplace en rampant. Les femelles sont deux fois plus grosses que les mâles, car elles portent déjà en elles les œufs prêts à être pondus, mais pas encore fécondés.
Après l'accouplement quand le couple s'est séparé, la femelle peut pondre jusqu'à 500 œufs. La femelle meurt 2 ou 3 jours après la ponte.
Au moment de la ponte, les œufs sont de couleur jaune clair. Si les œufs ne sont pas fécondés ils vont rester jaunes.
Les œufs fécondés vont changer de couleur dans les jours qui suivent, puis ils deviendront gris.
Après une incubation d'une semaine environ (en Thaïlande), le ver à soie sort de l'œuf. Il est long de deux millimètres environ. Dans les 30 jours qui suivent, il subit quatre mues, puis tisse son cocon. A la fin de son cycle il aura grossi de près de 10 000 fois son poids initial, mesurera près de 10 cm et mangera une feuille de mûrier par jour.
Les chenilles se nourrissent exclusivement de feuilles de mûrier blanc ou du mûrier noir.
C'est au stade de chenille que le bombyx produit la précieuse fibre sécrétée en une bave abondante qui, en durcissant, se transforme en un fil unique de soie brute avec lequel la chenille se fabrique un cocon. Le fil de soie est enrobé d'une colle naturelle (grès) qui maintient les fils ensemble. Ces fils, très fins et brillants, ont un diamètre d'environ 10 micromètres (c.a.d. 0,001 mm).
Quant au cocon, il peut être blanc ou jaune. En Thaïlande le cocon blanc est dit chinois…
…Et le cocon jaune, thaïlandais (selon l'éleveur).
Peut-être parce que le drapeau du roi de Thaïlande est jaune, suivant la tradition bouddhiste. En effet, dans la religion bouddhiste, à chaque jour correspond une couleur : jaune le lundi, rose le mardi, vert le mercredi, orange le jeudi, bleu le vendredi, mauve le samedi et rouge le dimanche. Le roi actuel de la Thaïlande étant né un lundi, son drapeau est jaune et flotte sur tous les édifices publics à côté du drapeau thaïlandais. Il y aurait donc en Thaïlande des vers à soie plutôt royalistes !
La chenille travaille ainsi pendant trois ou cinq jours, et va produire un fil dont la longueur varie de 300m à 1500 mètres de long. Il faudra quand même compter près de 600 cocons pour le tissage d'un foulard en soie !
Quand la chenille s'est complètement vidée de la soie, sa peau se durcit, devient brune et sa forme change : la chenille va se transformer en chrysalide. C'est la métamorphose. Sous sa nouvelle carapace, la chenille deviendra papillon. Cette transformation dure environ deux semaines.
Pour récupérer la soie, on trempe le cocon dans de l'eau chaude, cela fait dissoudre la colle (grès) qui maintient les fils ensemble.
La dévideuse réunit plusieurs fils, de quatre à dix selon la grosseur du fil désiré, et les dévide en même temps. Le fil ainsi constitué est recueilli sur le dévidoir.
L'industrie de la soie a pris naissance en Chine vers 2200 avant J.C.
En Chine, on attribue la découverte du ver à soie à l’impératrice Xi Ling-Shi, épouse du célèbre empereur Haong-Ti, souverain de la haute antiquité qui aurait régné de 2697 à 2598 avant JC, et considéré comme le père de la civilisation chinoise.
Jeunes Chinoises à Bangkok.
Sans doute des descendantes de l'impératrice Xi Ling-Si !
L'impératrice buvait du thé sous un mûrier lorsqu'un cocon tomba dans sa tasse. En voulant le récupérer, un fil de soie se détacha du cocon et se colla à son doigt. Plus elle tirait, plus le fil s'allongeait. L'enroulant alors autour de son doigt pour pouvoir tirer encore, elle ressentit une chaleur agréable. L'impératrice en parla autour d'elle, et cette découverte se propagea. La sériciculture était née.
Les Romains aimaient beaucoup la soie, mais ils pensaient que les Chinois recueillaient le fil sur les arbres. C'est à Justinien, empereur romain ou plutôt byzantin, (483/565 après JC.), que l'on doit l'importation de la chenille du bombyx. Elle fut ramenée d'Inde par deux moines qui avaient caché les œufs dans leur bâton de pèlerin.
C'est avec Colbert, au XVIIème siècle, que Lyon devint la ville de la création de la soie. En 1660, il y avait à Lyon plus de 3 000 maitres ouvriers qui faisaient travailler 10 000 métiers. Le développement des magnaneries (élevages des vers à soie) dans le Midi de la France assurait la production de matière première nécessaire à la Fabrique de Lyon. Le succès fut au rendez-vous de Louis XIV à la Restauration sans discontinuer. Au début du XIXème siècle, l'invention de Jacquard (celui qui inventa le métier à tisser en 1801) permit à la fabrique lyonnaise de trouver une nouvelle impulsion.
Voir la légende vietnamienne du vers à soie :
http://objectif-cap-sizun-polynesie.over-blog.com/article-24948295.html
Brodeuse au Vietnam (Hoi An) :