Maroc : Essaouira
Essaouira est une ville de 70 000 habitants, chef lieu d'une province peuplée par environ 500 000 habitants, agriculteurs pour la plupart.
La pêche et l'artisanat restent les principales sources de revenus.
Port d'Essaouira
Le tourisme et l'activité qui en découle occupent également une place importante dans l'économie locale.
Plage d'Essaouira
On accède à la ville par la Porte de la Marine, construite entièrement en pierre taillée en l'an 1147 de l'Hégire, c'est à dire 1769.
Essaouira : Porte de la Marine
Essaouira a aussi été appelée Tassourt ou Amogdul "la bien gardée" en berbère, "Mogdura" en portugais, "Mogadur" en espagnol et "Mogador" en français.
Les îles Purpuraires (du latin purpura, nom de la couleur pourpre), qui font face à la ville d'Essaouira, constituent depuis les temps anciens une étape sur la route des navigateurs phéniciens, carthaginois et grecs.
La présence phénicienne y remonterait, d'après les fouilles archéologiques, au milieu du VIIè siècle av. J.-C.
La plus grande île fait 30 hectares. Elle abrite une prison désaffectée construite à la fin du XIXè siècle, ainsi qu'une mosquée et quelques fortifications abandonnées. Le site est actuellement une réserve protégée pour les oiseaux marins et les oiseaux migrateurs.
Les îles jouent également un rôle de protection de la baie contre les puissantes vagues de l'Atlantique.
Au Ier siècle avant J.C., le Roi de Mauritanie Juba 1er, y favorisa et le développement de l'industrie des salaisons et surtout de la pourpre, couleur dont se paraient alors les empereurs romains. Fabriquée à partir des murex, coquillages très abondants dans cette région, cette industrie assura la renommée de ces îles jusqu'à la fin de l'Empire romain.
La ville fut baptisée Mogdura au début du XVIème siècle, sous le règne du roi Manuel le Grand du Portugal. Les Portugais y construisirent une place forte, le Castello Real. Ils firent de la cité un important comptoir commercial. En 1506, ils y construisirent un petit port et plusieurs remparts.
En 1764, le Sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah décida d'installer un port royal dans la baie de Mogador pour concurrencer Agadir qui échappait à son autorité. Il confia à l'architecte français Théodore Cornut le soin d'établir le plan de ce port et d'un quartier fortifié, la kasbah d'Essaouira.
Cornut, architecte français à la solde des Britanniques de Gibraltar, disciple de Vauban, maître de l'architecture militaire française, dessina une ville aux avenues rectilignes et l'entoura de fortifications. La ville nouvelle sortit de terre, la bourgade devint Essaouira, " la bien dessinée ".
Le Sultan fit alors appel aux Juifs de tout le pays pour leur confier le négoce de la ville.
Les juifs eurent le statut spécial "d'intermédiaires" entre le sultan et les puissances étrangères. Il y eut jusqu'à 17 000 juifs pour 10 000 musulmans. On les appela les "négociants du roi". Ils eurent, par exemple, le monopole de la vente du blé aux chrétiens, celle-ci étant interdite aux musulmans. (La plupart des juifs partirent après la guerre des Six Jours).
Le Sultan appela également des artisans de Fès et de Marrakech, installa le gouverneur, les administrateurs, les consuls et les courtiers dans la kasbah. La fortune ne tarda pas et la jeune cité devint bientôt une capitale rayonnante.
D'immenses caravanes de chameaux lui apportaient les richesses de l'Afrique Noire : plumes d'autruche, ivoire, sel, poudre d'or, épices, sucres, tissus, esclaves... qui étaient ensuite acheminées vers l'Europe, après avoir été entreposées dans des caravansérails comme ci-dessous. Cela lui valut le surnom exotique de " Port de Tombouctou ".
Mogador fut bombardée et prise le 15 août 1844 par les Français.
Vers 1860, la ville, en pleine prospérité, commença à s'étendre hors des murs.
Pendant des années, ce fut le seul port marocain ouvert au commerce extérieur. Mais le déclin commença avec le protectorat français et le développement d'autres ports comme Casablanca, Tanger, et Agadir.
Handicapée par ses eaux peu profondes, Essaouira ne pouvait pas recevoir les gros bateaux modernes.
Port d'Agadir
Essaouira est aujourd'hui un petit port de pêche, le troisième port sardinier du Maroc, qui connaît une vie intense surtout au moment de l'arrivée des bateaux en fin de matinée.
Port d'Essaouira
Même si l'activité du chantier naval diminue, on y construit et on y répare encore des bateaux de pêche, selon les techniques et avec le matériel des anciens charpentiers de marine.
Port d'Essaouira
Sous les remparts, une série de pièces, destinées autrefois au stockage des munitions et des armes, servent aujourd'hui d'échoppes.
Face à l'océan Atlantique, la Sqala de la Kasbah est une ancienne batterie longue de 200 mètres où sont alignés des canons portugais.
La ville est jumelée avec Saint-Malo et avec La Rochelle.