Les Îles du Salut (4) : l'Île du Diable
Impossible de parler du bagne sans faire allusion au Capitaine Dreyfus dont tout le monde (ou presque) connaît l'histoire. Voici quelques photos de l'île où il fut envoyé et condamné à l'isolement. A l'époque, la végétation y était moins dense.
Les extraits qui suivent sont du livre de Denis Seznec "Seznec, le bagne".
"L'île du Diable était pratiquement inaccessible. Elle l'est toujours.
Les Indiens Galibis ‑ les premiers habitants des îles dont on vient récemment de retrouver deux empreintes arawaks, gravées dans le granit de l'île Saint Joseph, représentant un petit singe et un visage orné ‑ ne mirent jamais les pieds dans l'île du Diable. Ils la croyaient habitée par l'Iroucan, l'esprit du mal, et attribuaient à la présence de Satan la fureur des flots qui balaient l'étroit chenal qui sépare le Diable et Royale.
À l'époque du bagne, seul un câble tendu entre ces deux îles permettait le treuillage des hommes ou du matériel.
Pylône du transbordeur sur l'Île Royale
La case de Dreyfus est intacte, entourée d'une courette cernée elle-même par un mur de pierres de trois mètres de haut. Le capitaine, dans son île, ne pouvait pas apercevoir la mer !
À l'intérieur, les deux pièces sont séparées par des barreaux. D'un côté, une couchette en fer, un escabeau et une table en bois du côté où se trouvait Dreyfus, de l'autre quatre chaises et une table en bois pour les douze gardiens surveillants se relayaient nuit et jour par roulement.
En fait, Dreyfus avait été doublement muré vivant par ce mur et par une solitude absolue. Entendre la mer et ne jamais la voir. Voir des hommes et ne jamais leur parler...
Peu de temps avant sa libération, le capitaine était proche de la folie : il écrivait toujours les mêmes mots. Sa pensée, elle aussi, avait fini par tourner en rond dans sa tête.
Aujourd'hui, la maison de Dreyfus a été restaurée par la Légion, grâce au centre spatial."