Le calendrier maya, la fin des temps ?
"Le système de datation maya n'est pas plus étrange que le nôtre. Notre calendrier combine lui aussi un cycle de 7 jours (la plupart nommés d'après les noms de dieux romains) à un cycle de 12 mois (dont la plupart sont nommés d'après des noms de dieux ou d'empereurs romains). Chaque mois comprend de 28 à 31 jours, que nous suivons d'années en années suivant un compte décimal, en commençant à partir d'une date que les conciles religieux ont considéré comme correspondant à la naissance de Jésus-Christ.
Cathédrale de Valladolid, Yucatan, Mexique
Les Mayas aussi dénombraient le temps à partir d'une date initiale et en combinant trois cycles temporels distincts, correspondant chacun aux jours, aux mois et aux années. Leur date initiale est pour eux le 13 août 3114. A partir de cette date, les Mayas comptaient les jours en s'appuyant sur un système vicésimal (en base 20, voir l'article "la numération maya"). Dans ce "Compte long", une année (Tun) comprenait 18 mois (Uinal) de 20 jours (Kin) chacun, soit 360 jours. A cela s'ajoutait un mois de 5 jours (uayeb) qui étaient réputés périlleux et pendant lesquels on s'abstenait d'entreprendre quoi que ce soit."
Arthur Demarest (1)
Au centre du calendrier, le "porteur d'année", le "Bacab". C'était selon Diego De Landa, l'un des quatre dieux que le dieu suprême, Itzamna, avaient établis, à l'origine du monde, aux quatre coins de la terre pour soutenir la voûte céleste. A chacun de ces dieux était attribuée une région et une couleur : rouge à l'Est, jaune au Sud, noir à l'Ouest, et blanc au Nord. Je passe sur leurs noms assez compliqués.
D'autres civilisations faisaient aussi la correspondance entre les points cardinaux et les couleurs, voir l'article "Sourires du Vietnam", lien ci-dessous :
http://objectif-cap-sizun-polynesie.over-blog.com/article-28381748.html
Le calendrier maya (probablement inspiré par le calendrier Zapotèque de Monte Alban se composait :
1) D'un calendrier civil, le Haab, de 360 jours. Ce calendrier comporte dix-huit mois (Uinal) de vingt jours (Kin) chacun, plus cinq jours additionnels nommés uayeb, réputés sinistres et néfastes. Le Haab avait pour fonction de déterminer les dates de cérémonies.
Source schéma : Les Cahiers de Science et Vie N° 77/octobre 2003
2) D'un calendrier sacré, Le Tzolkin a caractère divinatoire et religieux. Ce calendrier est composé de 260 jours, soit 20 noms de jours associés à 13 numéros (les autres numéros étant considérés comme néfastes). Il fallait donc vingt fois treize jours, soit 260 jours, pour qu'un même nom revienne affecté d'un même chiffre.
Les jours portaient le nom de divinités dont l'influence pouvait être bonne ou mauvaise. Les chamans s'en servaient pour nommer chaque enfant d'après le jour de leur naissance.
Source schéma : Diego De Landa "Relation des choses du Yucatan, 1566
3) D'un calendrier vénusien de 584 jours qui venait en concordance avec les deux autres tous les 104 ans.
(Toutes les 104 années, Vénus passe devant le soleil, dans un alignement parfait Terre-Vénus-Soleil. On parle du transit de Vénus. En fait, il se produit 2 fois en huit ans, ces doubles passages étant séparés les uns des autres par plus d'un siècle. Pour notre siècle, d'abord le 8 juin 2004 puis en 2012 (le 6 juin 2012) et la prochaine fois en décembre 2017 [avec les corrections de temps])
Ci-dessus, représentation de Vénus sur un mur de Uxmal
La superposition de Haab et du Tzolkin donnait un cycle que les savants nomment "Roue calendaire", où l'on peut constater que la coïncidence de deux dates entre le Haab et le Tzolkin ne survenait que tous les 52 ans (ce qui correspondrait à notre "vendredi 13" sans spécifier l'année ou le siècle).
Pour les Mayas, ce cycle de 52 ans correspondait à ce que nous appelons un siècle dans notre calendrier.
Source schéma : Les Cahiers de Science et Vie N° 77/octobre 2003
Vidéo (Emission Arte du 16/02/2012, le Code maya enfin déchiffré de David Lebrun)
Les Mayas utilisaient également le "Compte long". Ils dénombraient le temps à partir d'une date initiale qui serait pour nous le 13 août 3114 avant JC.
Ce sont les mayanistes, Joseph T. Goodman, Juan H. Martínez Hernández et J. Eric S. Thompson qui ont proposé, en 1950, sur la base du recoupement de données variées, la corrélation suivante entre le calendrier maya et le calendrier grégorien : La date 0.0.0.0.0 du compte long maya correspond au 13 août 3114 avant JC. du calendrier grégorien.
On ne sait pas à quoi correspond cette date dans la mythologie maya, peut-être à l'ère du quatrième soleil qui engendra l'homme à partir du maïs, ou à la naissance d'un couple primordial d'ancêtres.
Fresque, musée anthropologique de Mexico
"Vingt Tuns (années) formaient un Katun, (soit 7200 jours) et était une unité de temps qui revêtait une signification prophétique pour les Mayas.
Le cycle de 13 Katuns, qui articulait le 13 et le 20, deux des nombres les plus sacrés, et comptait approximativement 256 années (13X20X360,) était pour les Mayas un cycle temporel important.
Les fins de Katun étaient l'occasion de cérémonies publiques, on rénovait les façades des temples, on érigeait des stèles. C'était aussi un moment de construction de nouveaux temples. De même, la fin du cycle de 256 ans était l'occasion de grandes transformations."
Arthur Demarest (1)
Les noms des mois comme celui des jours portaient également le nom de divinités. Chaque mois commençait par une fête. Le premier mois, Pop, était la fête du commencement de l'année. Le deuxième mois, Uo, on célébrait les chasseurs et les pêcheurs. Deux mois (Zotz et Tzec) sont réservés aux abeilles et au miel que les Mayas utilisaient dans leurs boissons alcoolisées…
Voici ce que raconte Diego de Landa dans son livre "Relation des choses du Yucatan" écrit en 1566 :
"Chez ces gens, le premier jour de l'année correspondait toujours au seizième jour de notre mois de juillet, et c'était le premier jour de leur mois Pop...
Le premier jour du mois Pop, qui est le premier mois des Indiens, commençait leur année nouvelle. Comme c'était une fête générale et commune à tous, ils la célébraient entre eux avec beaucoup de solennité, tous les habitants de la localité se réunissant pour fêter leurs dieux.
Pour la solenniser davantage, ils renouvelaient en ce jour toutes les choses utiles à leur usage telles que les plats, les vases, les piédestaux, les vieux costumes et les étoffes précieuses dont ils enveloppaient leurs idoles. Ils balayaient leurs maisons et allaient jeter le tout avec l'ordure et les vieux ustensiles en dehors de la localité, à un endroit où ils mettaient les immondices, et personne, en eut-il eu le plus grand besoin, n'eut osé y toucher…
Pour se préparer à cette fête, les seigneurs, les prêtres, ceux qui voulaient montrer leur dévotion, commençaient à jeûner et à s'abstenir de leurs femmes, le nombre de jours qui leur plaisait, quoique jamais moins de treize jours. Pendant ces treize jours de continence, ils ne prenaient ni sel, ni piment…
Afin de chasser le mauvais esprit, les "chacs" s'asseyaient aux quatre coins de la cour, tenant en main de l'un à l'autre, une corde neuve, au centre de laquelle se plaçaient tous ceux qui avaient jeûné. Une fois que le mauvais esprit était expulsé, ils commençaient tous, avec beaucoup de dévotion, à prier. Puis ils brûlaient l'encens au démon, le prêtre commençant le premier à jeter le sien dans le brasier…
Cet encensement terminé, ils mangeaient les diverses offrandes, en buvant le vin, jusqu'à ce qu'ils eussent terminé…
Fresque, musée anthropologique de Mexico
Par dévotion, il y en avait même encore, qui continuaient la cérémonie dans le courant du mois Pop, avec leurs amis, les seigneurs et le prêtre, leurs religieux étant toujours les premiers dans les banquets et les beuveries."
Certains courants de pensée prédisent des changements radicaux voire la fin du monde pour 2012 en se basant sur le Tzolkin. Ces dates correspondraient à la fin d’un cycle du calendrier maya et marqueraient, selon les partisans de la théorie, un changement dans la conscience mondiale et le début d’un nouvel âge.
Cette prophétie est rejetée, tout comme les autres prédictions de fin du monde, par les scientifiques pour son caractère pseudo-scientifique. En effet, aucune inscription maya n'évoque la moindre prédiction de fin du monde ou de quelque bouleversement majeur pour cette date-là.
De plus, ce qui est considéré par les partisans de cette prédiction comme la fin du calendrier maya, n'est en fait que la fin d'un cycle, tout comme chaque 31 décembre marque la fin du cycle d'une année dans le calendrier grégorien, sans que cela n'implique le fin définitive du calendrier, et encore moins la fin du monde.
"Pour l'homme moderne, les jours, les mois, les années, les siècles, ne sont que des divisions, des jalons sur le chemin du temps. Pour l'homme maya, au contraire, le temps était une succession de cycles. Le Soleil, la Lune, Vénus, étaient inscrits dans des mouvements circulaires qui ramenaient continuellement les mêmes dates, les mêmes dieux. Pour eux, il ne pouvait y avoir de passé, ni d'avenir ; il y avait seulement le mouvement de ces roues, les unes très petites, marquant les jours, les autres entraînant les années, les siècles…
Le calendrier n'était pas un calcul scientifique, mais la seule possibilité pour ces hommes de suivre le mouvement de leurs dieux, et de prévoir leur retour, le contenu de leur charge… Le mouvement circulaire du temps était pareil au manège des corps célestes, dont les figures apparaissaient sans cesse au-dessus de la terre, modifiant son destin."
J.M.G. Le Clézio (Les prophéties du Chilam Balam)
Reproduction d'une fresque du temple de Bonampak, musée anthropologique de Mexico
Sources :
Arthur Demarest : "Les Mayas, grandeur et chute d'une civilisation"
Anthropologue américain, spécialiste des Mayas, diplômé d'anthropologie et d'archéologie mésoaméricaine de l'université de Tulane (1981), Arthur Andrew Demarest est professeur à l'université Venderbilt, Tennessee (États-Unis). Il dirige depuis le début des années 1980, des fouilles archéologiques sur les anciens sites des hauts plateaux, des côtes et des forêts humides de l'Amérique centrale. Arthur Demarest a aussi étudié les civilisations olmèque, aztèque et inca.
Diego de landa : "Relation des choses du Yucatan, 1566".
L'émission de ARTE du 16 février 2012 :"Le code maya enfin déchiffré" de David Lebrun.
Voir aussi l'article ci-dessous :
http://www.slate.fr/lien/54915/maya-apocalypse-nouveau-calendrier-au-dela-2012