La fin de l'Empire Aztèque
L’empire aztèque connut son apogée entre 1486 et 1502. En moins de 200 ans, le petit peuple nomade, chassé par plus puissant que lui, était devenu le maître de la vallée de Mexico et de ses environs.
La "Triple Alliance" des trois villes, Texcoco, Tenochtitlán et Tlacopan, leur donnait un contrôle important sur les côtes est et ouest du lac Texcoco. Plus tard, cette Triple Alliance se souda en un seul peuple grâce aux nombreuses stratégies de mariages et d’alliances pour former l’État expansionniste aztèque.
Centre de Mexico : maquette de Tenochtitlan
À l’époque des premiers contacts avec les Espagnols, la société aztèque était hautement hiérarchisée, son pouvoir était centralisé, elle contrôlait le commerce de longues distances. Les Aztèques étaient connus pour leur puissance et ils étaient craints sur tout le territoire.
La conquête des régions environnantes se faisait lors de guerres rituelles pendant lesquelles les Aztèques capturaient des prisonniers, parmi lesquels un certain nombre était offert en sacrifice aux dieux pour s’assurer du bon fonctionnement de l’univers.
Musée anthropologique de Mexico : Centre de Tenochtitlan, le Temple Major
Ces prisonniers étaient exécutés au sommet du Temple Mayor, une pyramide double au centre de Tenochtitlan, avec un double escalier et deux sanctuaires à son sommet, l'un consacré à Huitzilopochtli (dieu de la Guerre et principale divinité propre aux Aztèques, l'autre à Tlaloc (dieu de la pluie, commun à tous les peuples de la Mésoamérique). Lorsqu'une victime était immolée au sommet du temple par arrachement du cœur, son corps était précipité vers le bas où son corps était démembré par celui qui l'avait capturé (probablement pour être mangé par la famille du guerrier).
Le Temple Major
Dans l'univers aztèque où tout dépend de la marche du soleil, et qui serait détruit si celui-ci s'arrêtait, il fallait assurer l'approvisionnement régulier du soleil en "chalchiuatl" (en "eau précieuse") c'est-à-dire en sang, donc en victimes. Les Aztèques ont inventé "la guerre fleurie", une guerre rituelle, où l'on s'efforce non pas de tuer mais de capturer les guerriers adverses pour les sacrifier. Cortès parle de 3 000 à 4 000 sacrifiés par an.
Poignard de sacrifice aztèque
Quand Cortès débarqua au Mexique, les Aztèques étaient dirigés par Motechuzoma, élu neuvième Tlatoani "Celui qui parle" (roi ou empereur). Or, on approchait de la ligature d'années (fin de siècle aztèque de 52 ans) et Motechuzoma voyait dans chaque événement les signes d'un bouleversement très proche. Quand on lui annonça l'arrivée d'étrangers à la peau blanche, venus de la mer, Moctezuma ne put s'empêcher de penser aux anciens codex qui prédisaient le retour de Quetzalcoatl, le Serpent à Plumes, revenu pour prendre possession de ses terres.
C'est ainsi que le 8 novembre 1519, une petite armée d'Espagnols arriva à Tenochtitlan sans que les Aztèques ne gênent vraiment leur progression. Motechuzoma redoutait cette rencontre, et quand il se trouva en face du capitaine espagnol Hernan Cortes, il lui fit allégeance, s'imaginant être devant le dieu Quetzalcoatl. Cortes avait vite comprit l'avantage qu'il pouvait tirer de cette situation.
Fresque de Diego Rivera, Palais National de Mexico
Puis la méfiance et l’hostilité s’installèrent pour culminer avec le massacre du Templo Mayor où les Espagnols, croyant à un complot, massacrèrent une partie de l'aristocratie et du clergé. S'en suivit une rébellion et les conquistadores durent fuir la ville dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1520. Cet épisode de l'Histoire est appelé "la Noche Triste" (la Nuit Triste) par les Espagnols.
Fresque de Diego Rivera, Palais National de Mexico
Lors de l’arrivée des Espagnols, plusieurs conflits sévissaient toutefois à l’intérieur de l’empire, car certains groupes conquis s’opposaient fermement à la domination aztèque et à ses abus.
De plus, les nations indépendantes qui résistaient toujours aux Aztèques, comme celle de Tlaxcala, virent dans la présence blanche une occasion de mettre fin à leurs constantes batailles contre l’ennemi en s’alliant avec les nouveaux venus.
Tambour de guerre aztèque
Les Espagnols revinrent pour assiéger Tenochtitlan avec leurs alliés amérindiens au printemps 1521. Les survivants mexicas tentèrent de résister avec leur dernier empereur Cuauhtemoc, mais après un siège de trois mois, pendant lesquels sévit une épidémie de variole, Tenochtitlan tomba le 13 août 1521. L'empire Aztèque s'était écroulé.
Ruines du Temple Major, Mexico
La rapidité de la conquête espagnole s’explique par diverses causes.
Tout d'abord, les Espagnols possédaient un armement supérieur comme des armes en acier (épées et lances), des armes à feu (arquebuses et canons) et aussi une cavalerie. Les Aztèques se battaient avec des armes en obsidienne et en silex, des boucliers et des protections légères ornées de plumes et cherchaient surtout à obtenir des prisonniers pour leurs cérémonies de sacrifices.
Mais rien n'aurait été possible sans l'aide d'un grand nombre de tribus comme les Totonaques et les Tlaxcaltèques, fatigués et excédés par la domination mexica et les sacrifices humains continuels comme ceux qui étaient dévolus au dieu Xipe Totec (Seigneur l'écorché), [photo ci-dessous], dieu du renouveau de la nature et de l'agriculture. (Il s'écorchait lui-même pour nourrir l'humanité, symbolisant le grain de maïs perdant son enveloppe avant de germer). Son culte imposait des sacrifices humains où l'on arrachait le cœur puis on retirait la peau du sacrifié. Le prêtre la portait sur lui pendant un mois.
Dieu aztèque Xipe Totec
Mais Cortès avait également un atout considérable : une femme. Cette femme fut donnée aux Espagnols en 1519 avec vingt autres esclaves par les Mayas de l’État du Tabasco. Son âge est inconnu, mais il semblerait qu’elle ait eu environ vingt ans et qu'elle était très belle. De plus, elle parlait à la fois le nahuatl (la langue aztèque) et la langue maya yucatèque qui était comprise par le prêtre espagnol Gerónimo de Aguilar, compagnon de Cortès. Ignorant l’Espagnol, c’est par Aguilar qu’elle passait pour communiquer avec Cortés.
Les Espagnols la baptisèrent Doña Marina et elle devint pendant un temps la femme de Cortès, lui servant de guide à travers sa conquête du Mexique. Pour les conquistadors, disposer d’un interprète de confiance, qui devint très vite indispensable, était très important.
Quand les Espagnols s'installèrent dans la capitale aztèque de Tenochtitlan, la jeune femme (maintenant appelée "Malintzin", [la Malinche] par les indiens) connaissait suffisamment d’espagnol pour traduire directement les conversations entre Cortés et l’empereur Motechuzoma.
Rodríguez de Ocana, un conquistador, rapporte l’affirmation de Cortés selon laquelle, après Dieu, Marina était la raison principale de son succès.
Sa mort, comme beaucoup d’événements de son existence, demeure une énigme : elle disparaît sans laisser de trace en 1528.