L'art marron en Guyane : le Tembé
Au 17ème siècle, les esclaves fuient leur servitude en Guyane hollandaise, devenue Suriname, et s’installent dans la forêt près du Maroni et de son affluent le Tapanahoni. Appelés les Noirs Marrons, ils créent un art très coloré et géométrique qui existe sous forme de peinture ou de sculpture : c'est L'Art Tembé, l’art du fleuve.
Le terme "tembe" vient de l'anglais "timber" qui désigne le bois de construction : poutres, planches, étais…
Ci-dessous, des pagaies :
Les premières manifestations d'une sculpture spécifiquement marronne datent du début du 19ème siècle : ce sont des peignes, des pagaies, des bancs, des objets quotidiens.
Ici un petit banc pliant taillé dans un même tronc, pratique pour le transport.
Un fauteuil, pliable également, dont la fonction serait d'aider les mères lors de l'accouchement.
Les compositions géométriques à main libre sont rares : le compas, la hache, la pointe sèche, la scie, la règle, le couteau sont utilisés. Peintes ou gravées sur bois elles revêtent le plus souvent la forme d'entrelacs aux significations symboliques ou porteurs de messages aux moments importants de la vie.
Porte d'une case sur le Maroni :
Détail :
Lors d'un mariage traditionnel, les hommes offrent un Tembé à leur épouse. Celui-ci symbolise un engagement : fidélité, protection, envie de fonder une famille nombreuse, le courage, un avenir heureux…
Le Tembé n'est jamais le fait du hasard : c'est un travail sur soi, une initiation pour atteindre équilibre et harmonie.
La clé de la connaissance de cet art fait partie de la tradition orale et est détenue par les anciens qui initient les nouvelles générations.
Le Tembé épouse différents supports : le triangle faîtier de la maison, la tête de pirogue, la pagaie et la porte ou la façade de la maison. Ce n’est que récemment que le tableau peint sur bois ou sur toile est apparu. D'ornement, le Tembé est devenu un art à part entière.
Plusieurs artistes Guyanais sont devenus des maîtres du Tembé. On peut citer Franky Amete (responsable de l'atelier Boni de l'association Libi Na Wan à Kourou), Antoine Dinguiou et Sawanie Pinas.
La symbolique des couleurs
Le noir représente la terre (matière)
Le blanc, la femme, la beauté
Le rouge, le sang, l’homme
Le jaune, le soleil, le feu
Le bleu, la Terre (planète), le ciel, l’eau
Le vert, la nature
Le gris, la nuit, la pluie
Le bleu marine est parfois utilisé comme le noir
Le noir et le jaune servent aux "aponchis", les contours et entrelacs.
Certains disent que toutes ces lignes qui se croisent, tournent, resurgissent soit par-dessus, soit par-dessous les unes des autres, sont comme les layons de la forêt : un labyrinthe où se réfugiaient les fugitifs.