Crète : Spinalonga
Spinalonga est un îlot forteresse et une presqu’île situés en Crète à l’entrée ouest du golfe de Mirabello, face à la ville d’Elounda.
L'île est également appelée Kalydon, tandis que la presqu'île est appelée presqu'île de Kolokitha.
Spinalonga vient de l’italien spina longa "la longue épine".
Situation : Spinalonga : triangle rouge ; étoile : Golfe de Mirabello
La longue presqu'île aride et inhabitée était rattachée jadis à la côte par un isthme : l'Isthme de Poros, qui fut percé en 1897 par des marins français [un contingent de 170 marins français stationnait à Elounda pendant la période d'autonomie de la Crète (1897/1913)].
Les Vénitiens construisirent en 1579, sur les ruines d’une acropole antique, une puissante forteresse destinée à protéger le port d’Elounda. Les hauts murs et les deux bastions circulaires, sur le dessus de la colline, permettaient à l’artillerie de commander l’entrée du port d’Elounda.
Cette forteresse était l’une des places fortes des plus importantes et des mieux défendues de la Crète. Elle fut l’une des seules de toute la Crète, avec les forteresses de Souda (près de La Canée), de Graboussa (au nord-ouest de la Crète et de Kastelli (Kissamou), à ne pas tomber aux mains des Turcs, quand ceux-ci conquirent la Crète en 1669 après le siège de Candie.
Tout au long du XVIIe siècle, la forteresse est restée dans des mains vénitiennes et était un refuge pour les chrétiens se sauvant des Turcs. Après avoir résisté près d’un demi-siècle à la suprématie turque, et après un ultime siège de 3 mois, les Vénitiens, durent finalement céder la place forte aux Turcs en 1715.
En juin 1715 les Turcs assiégèrent la forteresse de Spinalonga. Après un blocus de trois mois, pendant lequel tous les approvisionnements alimentaires furent épuisés, le 4 octobre 1715, le commandant Vénitien Zuan Francesco Giustiniani remit la forteresse au Kapudan Pasha (Grand Amiral Ottoman).
En vertu du traité de la reddition, tous les habitants, étrangers ou grecs, de l'île étaient libres soit de quitter l'île avec leurs affaires, ou de rester là comme sujets du sultan.
Le traité de la reddition a été observé en ce qui concerne le retrait des vénitiens, mais les habitants de l'île, qui étaient des réfugiés de Crète, sous domination ottomane, ont été emprisonnés, puis vendus sur le marché des esclaves.
Des documents, provenant des archives turques d'Héraklion, racontent les destins des prisonniers : 120 hommes "se sont adaptés pour ramer" et ont été envoyés à la station navale impériale, alors que 230 hommes "incapables de ramer" et les 240 femmes et enfants furent vendus comme esclaves.
Les Turcs s’y installèrent donc jusqu’au début du XXe siècle, quant à leur tour, ils furent chassés de Crète.
Et là, on décida de parquer dans l'îlot les personnes atteintes de la lèpre qui auparavant se cachaient dans les nombreuses grottes que compte la Crète.
La léproserie, la dernière en Europe, se trouvait dans le fort vénitien, restauré par les lépreux qui y vécurent de 1903 à 1957. Il y eut jusqu'à 400 personnes vivant en communauté, avec les corps de métiers qu’on trouve dans n’importe quel village grec, du coiffeur au pope. Le dernier habitant, un prêtre, y aurait vécu jusqu’en 1962.
Aujourd’hui l’île est inhabitée. Elle reste toutefois un site touristique principal de la région. On peut y accéder très facilement par bateau en 15 mn à partir d’Elounda
ou en 5 mn à partir du village de Plaka.
L'île est une zone protégée.