Cacao : un village H'mong en Guyane
Les Hmong sont un peuple d'Asie, originaire des régions montagneuses du sud de la Chine (spécialement la région du Guizhou) au nord du Viêt Nam et du Laos.
Les Hmong sont arrivés en Guyane en 1977 fuyant le communisme du Laos (le Pathet Lao), après avoir séjourné dans les camps de réfugiés de Thaïlande.
Encadrée par des missionnaires et pendant les trois premières années subventionnée par des associations et la DASS, la migration Hmong n'a pas été forcément bien accueillie au départ en Guyane.
À force de défrichements, constructions, amendements, et en dépit des sols très pauvres, acides et difficiles à travailler, l'organisation en coopérative a payé. Les Hmong ont réussi là où les Guyanais et les administrations avaient échoué.
Actuellement, ils font partie du "paysage" et le problème d'intégration ne se pose plus.
Ils sont répartis en trois villages :
- Cacao créé en 1977 en pleine forêt, d'accès peu facile.
- Javouhey, fondé en 1979, à 30 km de Saint-Laurent-du-Maroni, sur le site de l'ancienne léproserie de l'Acarouany.
- Rococoua, fondé en 1990 aux environs d'Iracoubo avec une quinzaine de familles.
C'est à Cacao qu'a été réalisée la plus importante implantation : 500 personnes sont arrivées à la fin de l'année 1977.
Une deuxième implantation a été réalisée quelques mois plus tard, sur la commune de Mana, à Javouhey. 350 personnes sont arrivées à la fin de l'année 1979.
Ci-dessus un point Internet installé dans un snack-bar (ouvert par un Breton) dans le village. Dessous, on retrouve les constructions typiques des maisons H'mong, avec leur toit dit "en carapace de tortue".
Ils ont vite retrouvé leurs habitudes du Laos : culture de la terre pour produire les fruits et légumes dont ils avaient besoin, et élevage de porcs, vaches et poules pour la viande, sans compter la chasse et la pêche qu’ils pratiquent encore largement aujourd’hui. Ils excellent aussi dans l'art du tissage.
Les Hmong produisent l'essentiel des fruits et légumes locaux vendus sur les marchés et dans les supermarchés de Guyane (20 à 30 t/semaine pour les seuls marchés de Cayenne, Saint-Laurent-du-Maroni et Kourou).
Le manque de coordination entre les exploitants agricoles a mené à la culture des mêmes fruits et légumes par tout le monde (citrons, ramboutans...), ce qui amène à une surproduction et à un effondrement des prix au plus fort de la saison.
Les Hmong de Guyane représentent une toute petite partie de l'énorme diaspora hmong à travers le monde, depuis le Sud de la Chine jusqu'aux Etats-Unis ou encore en France métropolitaine.
Un marché a lieu tous les dimanches au village Hmong, attirant de nombreux visiteurs venus de Cayenne. On peut y déguster en plein air les soupes et autres plats préparés par la communauté.
Et il n'est pas rare d'y rencontrer des Hmongs ayant quitté la vie trépidante des grandes villes métropolitaines (Lyon par exemple) pour venir s'installer à Cacao, où ils trouvent une vie moins stressante et plus en rapport avec la nature.
Aujourd'hui, bien que le peuple hmong soit intégré à la vie laotienne, une partie non quantifiable de Hmong est réfugiée dans la jungle, car traquée par les armées laotienne et vietnamienne pour avoir aidé les Français pendant la guerre d'Indochine puis les Américains pendant la guerre du Viêt Nam. En 2005, ils n'y sont plus que 8 000 alors qu'ils étaient plus de 30 000 il y a une dizaine d'années.