Audierne : diaporama PPS et morceaux d'Histoire
Voici un petit diaporama PPS que je vous ai préparé pour une vue d'ensemble de l'embouchure du Goyen vers la Plage. En cliquant sur la photo ci-dessous, vous accèderez au téléchargement du diaporama.
Battue par la houle et ouverte aux vents dominants d'Ouest/Sud-Ouest, la baie d'Audierne est un immense croissant de lune…
…hérissée d'écueils à ses extrémités : elle est fermée au Nord par la redoutable chaussée de Sein…
…et, au Sud, par la Pointe de Penmarc'h.
Sur ce littoral, l'estuaire du Goyen constitue le seul véritable havre naturel. L'abri formé par le premier méandre de l'estuaire du Goyen est en mesure d'offrir un refuge aux navires basés à Audierne ou y relâchant.
Au Haut Moyen-âge débarquent les Bretons d’Angleterre : en témoignent encore les "plou" ou "plo" et les "tré" si nombreux dans les toponymes actuels de Bretagne.
Au XIème siècle, un terme nouveau se répand en Bretagne : le "Ker" ou "Kar" venus du Gallois "Kaer", la forteresse. Il désigne une petite agglomération.
A la même époque, un prénom féminin fait un véritable succès : Hodierna, nom primitif d'Audierne. En l’an 1050, la première abbesse de Locmaria (quartier de Quimper) porte le nom d’ Hodiern.
Le terme "Kaer Hodiern" apparaît par écrit à Esquibien en 1294.
Dans les cartes marines du cartographe Génois Pétrus Vesconte de 1321, on relève le nom d'"Odierna". Sur une carte hollandaise de 1580 on peut lire :"Odjern".
Jean Baptiste Ogée (ingénieur géographe à Nantes, 1728 - 1789) donne pour étymologie d'Audierne, Aod thiern, "grève du thiern ou du prince".
Audierne doit son origine au port établi à l’entrée de la rivière appelée Goyen.
La plus ancienne pièce trouvée parlant d'Audierne est fournie par Pierre-Hyacinthe Morice de Beaubois dit dom Morice (bénédictin, auteur d'une histoire de Bretagne – 1693 - 1750 -), au sujet d'une enquête faite en 1410 sur "les droits de coutume ou d'imposition du port de Goezian que aulcuns appellent Odierne"
A propos d'Audierne, on rencontre donc les appellations suivantes : Odierna (en 1313 et en 1339), port de Goezian (1410-1411), Trefgoazien (en 1507), Treffgoazien (au XVIIème siècle).
Au XIVème siècle, les bateaux ne s’aventurent pas au-delà des Pays-Bas au Nord, et de la Galice au Sud. A l’aller, le sel occupe la majeure partie des cargaisons, tandis qu’au retour arrivent textiles et céréales, et surtout le vin.
Les XVème et XVIème siècles furent une période de prospérité extraordinaire, grâce au développement des pêcheries et sècheries. Des navires marchands quittaient Audierne avec du poisson et ramenaient divers produits (vin, tissus, épices, bois…).
Les "pilotes" d’Audierne étaient alors réputés pour leurs connaissances maritimes ; ils furent parmi les premiers pionniers à découvrir les bancs de morues à Terre-Neuve (où on trouve une île d’Audierne anglicisée en Oderin).
Au XVIème le port d’Audierne et celui de Penmarc'h étaient alors les deux principaux ports de commerce bretons.
Les nations voisines affrétaient les navires bretons pour assurer leurs propres transports. Un quasi monopole breton commence : on relève à Arnemuiden aux Pays-Bas, en 1499, 80 % de navires bretons (180 unités), et en 1521, 426 bateaux représentant 74 % des entrées. En 1533/34, on en dénombre toujours 815 navires bretons sur 995 entrées, soit 81%.
Tous ces navires sont équipés de voiles faites en Bretagne, plus exactement en Cornouaille, dans le Sud Ouest du Finistère. Et la petite ville qui les fabrique se nomme Locronan, près de Douarnenez. Voici ce qu'écrit Irène Frain dans son livre "Quand les Bretons peuplaient les mers " :
Cette période dura jusqu’aux désordres de la Ligue (guerres de religion). A cette époque, La Fontenelle, brigand de grand chemin et opportuniste politique, pille la région. Les industries ferment leurs portes et ne les rouvrent qu’après la signature de l’Edit de Nantes en 1598.
Les commerçants, armateurs et maîtres de barque, retrouvent alors leur richesse d’antan. Une grande partie des monuments, églises, maisons de maîtres de barque, des armateurs, des négociants date de cette période.
Au XVIIème siècle, très riches, ils font sculpter des bateaux sur les façades des églises pour rappeler que l'église a pu être construite par leurs dons. On dit aussi que ces navires avaient pour objectif d'accorder la bienveillance de Dieu aux armateurs et d'assurer des pêches fructueuses. On peut en voir sur les façades de l'église St Nonna de Penmarc'h et sur celles de St Raymond d'Audierne :
L'église de saint Raymond d'Audierne (XVIème/XVIIème siècle) fut construite sur les douves d'un ancien château grâce en partie aux dons des maîtres de barques :
"Les maîtres de barques et de navires naviguant par mer de ce lieu et environs, au retour de chaque voyage, remettaient un don de bonne traversée. Ce don était le plus souvent de 10 livres tournois".
Deux bateaux sont sculptés sur la façade Sud, et un au-dessus du porche Ouest de l’église : un bâtiment à hune, une barque de pêcheurs et un langoustier.
A la fin du XVIIIème siècle, le port d'Audierne est décrit en ruine par plusieurs témoins. De 2 300 habitants au XVIIème siècle, Audierne ne compte plus que 1 080 habitants en 1790. La concurrence des grandes compagnies maritimes anglaises et hollandaises et les incessantes guerres de la monarchie française depuis la fin du XVIIème siècle ont miné l'activité de cabotage des marins audiernais.
Sous la Révolution, le 16 thermidor an VII, la Direction Générale des Ponts et Chaussées approuve le projet d’ensemble d’aménagement du Port. En un demi-siècle, 798 mètres de quais et cinq cales sont construits. Le vieux môle, long de 990 mètres est opérationnel depuis 1766.
Audierne demeure une trève d'Esquibien jusqu’en 1801, date du Concordat qui marque aussi la création de la paroisse. En 1804, on y comptait 1 017 habitants.
L’invention de Nicolas Appert en 1804 concernant la méthode de conservation des substances alimentaires par chauffage, favorise les conserveries et le renouveau de la ville. On y comptera jusqu'à 18 usines.
La construction du môle du Raoulic, de 1847 à 1852, fixe la position du chenal, jusqu’alors incertaine. Audierne revît autour de son port. La ville est alors à son apogée : 4706 habitants en 1906.
Nouveau déclin à partir de 1930 du à la concentration des usines de conserve de sardines.
Une autre pêche (langoustes et crustacés) prend, à la fin du XIXème siècle, une importance considérable. Grâce à la mise au point de nouvelles techniques de pêche (casiers) et de conservation (viviers : dans les navires et à terre), la commercialisation se développe rapidement. Jusqu’aux années 1960, Audierne sera, avec Camaret, l’un des deux plus grands ports langoustiers français.
Aujourd'hui au port de pêche qui compte encore une cinquantaine de bateaux, partagés entre fileyeurs et ligneurs, s'ajoute le port de plaisance :
Tous les jours, les 4 ou 5 hommes d'équipage d'un fileyeur calent leurs filets sur les fonds de la mer d'Iroise et les relèvent chaque nuit. Leurs prises sont constituées de lottes, de barbues, de saint-pierre, de turbots, mais aussi de homards et de langoustes.
Petites et puissantes embarcations, les ligneurs sont l'outil d'une pêche sportive, technique et dangereuse.
Une main sur la ligne, l'autre sur la manette des gaz et l'œil à l'affût des paquets de mer et des déferlantes, le pêcheur travaille dans le Raz et la chaussée de Sein au milieu des forts courants, de brisants et d'écueils innombrables.
Les poissons ainsi pêchés sont différenciés du poisson d'élevage par un étiquetage "bar, dorade ou lieu de ligne".
Au dos de ces étiquettes, un numéro vous renseignera sur le lieu de pêche, sur le nom du pêcheur et de son bateau et sur la façon dont le poisson a été pêché.
Pour information, le poisson en photo ci-dessus est un lieu jaune dont l'estampille porte au dos le numéro :
L 00655
Toutes les informations (et recettes pour le cuisiner) sur le site suivant où vous pourrez taper ce numéro (n'attendez pas trop longtemps).
http://www.pointe-de-bretagne.fr/
Ci-dessous, le "terrain de jeux" des ligneurs :
Sources :
Irène Frain : Quand les Bretons peuplaient les mers.
http://www.infobretagne.com/audierne.htm
Site officiel de la Mairie d'Audierne : http://www.audierne.fr/
Office du tourisme : http://www.audierne-tourisme.com/