Retour à l'Ile de Sein
L'île de Sein est située dans l'Océan Atlantique, comme une assiette posée sur l'eau, au large de la pointe du Raz, à l'extrême ouest de la Cornouaille. Son nom breton est Enez Sun. Elle fait partie d'une arête granitique dont la partie immergée se prolonge sur 25 kilomètres vers le large et forme la barrière de récifs appelée la chaussée de Sein.
Sa superficie, en forme d'une sorte de S à l’envers avec une partie centrale étranglée faisant à peine 50 mètres de large, est de 0,5 Km2. Longue de 1,8 km et large de 50 à 500 m, le point culminant s'élève péniblement à 5 m.
Elle fut plusieurs fois presque submergée par des tempêtes. Celles de 1830, 1868 et 1897 ont marqué, de leur extraordinaire puissance, la mémoire de générations de Sénans.
"Sous la monarchie de Juillet, alors que les hommes étaient au large, elle envahit le village. Les femmes, les enfants se réfugièrent dans le clocher et sur les toits. Le recteur récita les prières des agonisants, donna l'absolution générale. La mer exauça les prières et, devant les âmes sans péché, se retira.
Soixante‑huit ans auparavant, le comte de La Noue, par ordre de Monseigneur le duc d'Aiguillon, commandant en chef pour le roi en Bretagne, voulut les évacuer. Il promit de fournir à souhait une habitation commode, des vivres et toutes les ressources nécessaires : « Trois écus d'argent et une culotte de toile, deux fois la soupe à chaque repas et l'écuelle comble de panais... une paire de bas, un trafic de vieilles hardes... » Ils rejetèrent fièrement la proposition, répondant que l'île devait demeurer habitée « afin que les naufragés fussent toujours assurés de trouver des secours et des soins charitables »".
René Pichavant, journaliste et écrivain au Télégramme :
Sein, l'île des cormorans bleus, éditions France-Empire.
Toujours d'après René Pichavant, selon Pomponius Mela, géographe inspiré de l'an 43 :
« Sena est dans la mer britannique, en face du littoral des Osimes. Elle est célèbre par l'oracle d'une divinité gauloise. Ses prêtresses sont sanctifiées par le vœu de virginité perpétuelle. On dit qu'elles sont au nombre de neuf.
Les Gaulois les nomment Sènes. Ils pensent que, douées de pouvoirs exceptionnels, elles peuvent, par leurs incantations, déchaîner les flots et les tempêtes, se métamorphoser, selon leur gré, en toutes espèces d'animaux, guérir les maladies réputées incurables, connaître l'avenir et le prédire. Mais elles n'exercent leur art qu'en faveur des navigateurs qui s'embarquent dans le seul but de les consulter. »
Sur un plan administratif, la commune de l’Île de Sein fait partie du pays du Cap Sizun en Cornouaille et du canton de Pont-Croix. C'est une des îles du Ponant qui regroupent Ouessant, Molène, Sein, Groix, Batz, Arz, Houat, Hoëdic et Belle-Île. Elle fait partie du Parc naturel régional d'Armorique, et de l'association des îles du Ponant qui a son propre collège.
La population l'hiver est de 115 Sénans, 1 500 l'été. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, l'île a connu un déclin démographique très préoccupant pour la pérennité de la communauté, la population passant de 1 300 habitants en 1936 à 230 selon le dernier recensement (2004). On continue encore avec René Pichavant :
"Fils de prêtresses abandonnées, naufragés, pirates, flibustiers, vagabonds de la mer, ermites, pêcheurs saisonniers, ils se sont établis là, peu à peu, selon les circonstances, et continuent à parler du Mordiou, la mer de droite, et du Morkleiz, la mer de gauche, en regardant le continent, comme jadis les premiers Celtes qui s'orientaient face au levant, croyaient au ciel et vivaient avec les morts".
Ci-dessous, la grande terre vue de l'île de Sein : on distingue le phare de la Vieille, avec à droite, la Baie d'Audierne, et à gauche, la Baie des Trépassés avec la Baie de Douarnenez.
Elle est reliée au continent par une liaison quotidienne de et vers Audierne par le bateau "Enez Sun" de la compagnie maritime Penn-ar-Bed (Ci-dessous, le bateau à quai). Il y a quatre rotations par jour en été : deux le matin et deux le soir. Le bateau apporte tout ce qui est nécessaire pour vivre, y compris le pain. Il n'y a pas de boulanger sur l'Ile. Il est conseillé d'y apporter son pain si l'on veut pique-niquer. Seule une petite supérette assure les besoins quotidiens.
L'été, à chaque rotation du bateau, en plus du fret, 250 touristes débarquent sur l'île pour y passer la journée. Certains y passent une nuit, et les plus téméraires restent une semaine en location. Ceux-ci, venus échapper à l'enfer de la vie trépidante de la civilisation continentale, trouvent sur l'île le calme nécessaire à leur "restructuration". Le soir, lorsque tous les visiteurs sont repartis avec le dernier bateau, l'île devient un havre de paix.
Il n'y a bien sûr aucune voiture sur l'île, hormis un petit camion pour le réapprovisionnement en fuel du phare, de un ou deux petits tracteurs pour les besoins du déchargement du bateau et de la camionnette des pompiers. La location de bicyclette n'existe pas et il y a très peu de vélos.
L’île est bordée en majorité par des plages de galets et de sable qui constituent un rempart fragile contre les tempêtes. Cette absence de relief fait courir le risque des vagues déferlantes qui se sont souvent abattues sur l'île, envahissant les maisons, dévastant les dunes et le port. Des digues ont été construites pour éviter la destruction de l'île. Afin de protéger les maisons sénanes des rafales chargées de sable, l'espace entre les façades a été calculé au plus étroit.
Le vent est tout puissant à Sein : ni arbre ni buisson. Les petits champs entourés de murets coupe-vent, où les paysannes cultivaient autrefois l'orge et les pommes de terre, sont laissés à l'abandon. Seuls, bien protégés par les maisons au centre du village, de petits jardins sont encore bien entretenus et fournissent à leurs propriétaires fleurs et légumes.
L'île de Sein est isolée du réseau électrique continental. Elle produit son électricité localement dans une centrale thermique. Les groupes électrogènes de la centrale alimentent en électricité environ 300 logements, quelques commerces (épicerie, cafés, restaurants) et un centre de désalinisation de l'eau de mer.
Au nord de l'île, au pied du phare de Sein, les trois groupes électrogènes de la centrale produisent l'énergie nécessaire mais consomment 400.000 litres de fioul par an.
L'eau est une denrée rare. Autrefois, les Sénans étaient tributaires de l'eau de pluie recueillie dans des citernes individuelles et collectives, toujours utiles en cas de panne. Il ne viendrait pas à l'idée des îliens d'arroser les jardins ou de laisser couler un robinet inutilement. En 1990, lors d'une sécheresse estivale, Sein avait été ravitaillée par la Marine nationale.
La consommation moyenne d'un habitant de l'île est de 50 litres par jour alors qu'elle est de 137 litres sur le continent.
L’île de Sein dessale l’eau de la mer d’Iroise depuis 1976.
L'eau sanitaire est produite par un système de pompage et de dessalement de l'eau de mer par osmose inverse. Ce système, très gourmand en énergie, est aussi alimenté par la centrale électrique.
"Il faut 2,5 litres de fuel pour produire 1 m3 d'eau potable", rappelle Vincent Delbby-Wilkes, délégué régional d'EDF.
Le maire de Sein, qui espère réduire la facture énergétique de 40% dans les prochaines années, travaille sur un projet de panneaux photovoltaïques, et rêve d'hydroliennes alimentées par le puissant courant marin qui fait le bonheur des pêcheurs de bars, au large de la pointe du Raz.
Autres sources : http://www.enezsun.com/Sommaire.htm