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Pouldergat : la fête des vieux métiers

Erwan

Commune du Pays de Douarnenez, Pouldergat est à la croisée de trois contrées : la Bigoudénie, le Cap-Sizun et le pays Glazik (Quimper). C'est une commune à vocation essentiellement agricole. On y dénombre 1307 habitants (recensement de 1999).

 

 

 

 

 

 


La fête des Vieux métiers est un moment important dans le planning des festivités de la commune. Les Diharzieriens et les bénévoles s'attellent plusieurs jours à l'organisation de la manifestation dont l'entrée est gratuite. Ils vont accueillir le public pour un retour dans le passé, au temps des moissons, synonyme de moments festifs et conviviaux.

 

 


 

 

 

 


Le samedi 25 juillet, à partir de 14 h sur le site de Kerdalae, la fête des vieux métiers propose les attractions suivantes : battage à l'ancienne, arrachage de pommes de terre, broyage d'ajoncs actionné par un manège à cheval, moulin à grains… Toute la journée se déroule dans une bonne odeur de crêpes et de cidre.

 

Mise en marche de la batteuse :

 

 

 

 

 

 

 

 

De la charrette, on jette les bottes de paille : 

 

 

 

 

 

 

 

 

La ficelle liant celle-ci sera tranchée par le premier homme sur la batteuse, le second enfournant la botte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A l'arrière de la machine, récupération de la paille et de la balle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les grains de blé sont ensachés sur le côté,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis apportés au moulin à grains :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 








 

 

 

Le broyage de l'ajonc :

 

 

Le cheval, ici une jument du nom d'Eglantine, est attelée au manège pour le broyage de l'ajonc :

 

 

 





 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 


 

 

 

 

L'ajonc broyé servait de fourrage aux chevaux pendant l'hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La dernière activité que je vous présente est l'arrachage des pommes de terre, avec toujours Eglantine en vedette. Pour accompagner les photos, une petite histoire de Pierre Jakez Hélias :

 

 

 

Le sillon du cantique

 

 

 


Un rayon de soleil filtre son miel à travers les portes du lit clos. Yfig ouvre l'œil à demi. Sur la chaux blanche du mur, il voit se tracer les images de deux oiseaux étranges qui ont une couronne de fuseaux pour aigrette. Ces deux paons ont été sculptés sur les portes par le menuisier qui a façonné le lit, vers l'époque où Napoléon le Jeune était empereur en France. Le menuisier est mort depuis longtemps, mais les paons s'éveillent tous les jours avec le soleil et ordonnent à Yfig de se lever pour aller à l'école où l'on peut lire, sur le papier, l'histoire de l'empereur qui est mort aussi.

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Yfig se trouve grandement heureux d'être vivant‑bouillant et il ouvre l'autre moitié de l'œil pour profiter mieux de sa vie. Il lui est monté à la tête que c'est aujourd'hui jeudi. Aujourd'hui, le grand‑père Gwénolé est allé à Kerlaeron emprunter un cheval pour labourer le champ des Néfliers et c'est Yfig qui sera à la tête du cheval. Un homme, donc, un grand valet ou presque.

 

 


 

 

 

 


 

Le grand valet Yfig ouvre d'un coup les portes de son lit, saute dans ses braies, descend dans ses sabots et fonce dehors sans un regard pour les écuellées de soupe qui fument sur la table. Il faut d'abord se débarrasser de la chassie, l'odeur de la soupe est bien meilleure quand la peau est fraîche sur l'animal vivant.

 

 

 

 

 

 


 

Devant le puits, le grand-père Gwénolé, en bras de chemise, fait son remue-ménage autour d'un seau d'eau. Il se remplit les deux mains de liquide et se l'expédie en gifles au travers de la figure jusqu'à se boucher tous les orifices béants. Et le voilà qui se mouche le nez, se travaille les oreilles, se vide la gorge, le voilà qui tousse et qui éternue, qui part d'un rire de tonnerre en voyant son petit-fils courir vers le seau : « Hé bien, petit gars, est‑ce que vous avez assez nourri les puces ? Approchez ici, que l'on bénisse le chrétien ! »

 

 

 

 

 

 

 

 


Yfig sait bien ce qui va se passer. Le grand‑père fera un bol avec ses mains, il puisera une bolée d'eau et il ouvrira le fond du bol sur le crâne du garçon. Et les deux lascars resteront à s'esclaffer, rire contre rire, et à s'asperger de nouveau l'un et l'autre pendant que le chien Vaoig gambadera entre eux, jusqu'au moment où l'on entendra la mère du gars sur le seuil de la maison : « Père, la soupe est en train de refroidir. Avez‑vous fini vos tours de saltimbanques ? Vous n'êtes pas plus sage que l'enfant » ‑ « Hé non, ma foi, je ne le suis pas », riait le grand-père Gwénolé.

 

 

 

 

 

 

 


Les deux hommes, le grand et le petit, rentrent dans la maison sans hâte. Il ne faut pas sauter trop vite sur la nourriture du matin quand elle n'est pas encore gagnée. Le grand-père  est debout devant son écuelle de soupe, ses cheveux gris et mouillés tout emmêlés autour de son front chauve, pareils à un nid de pie après l'orage.

 

 

 

 

 

 

 


Il lève les yeux au ciel, il ouvre les bras, il montre la paume de ses mains : « Seigneur Saint Gwénolé béni, dit‑il, si mon cœur n'est pas pur devant toi et mon esprit sans détours, si je suis trop mauvais homme pour la nourriture sans pareille qui m'a été préparée par Seza, fais que cette écuelle se fende en deux morceaux et que la soupe se perde à travers la terre battue ».

 

 

 

 

 


 

Les dernières paroles sont presque hurlées. De la vaisselle tremble sur le manteau de la cheminée avec un tintement argentin. Le grand-père attend un moment, ses yeux écarquillés sur l'écuellée de soupe. Yfig attend avec plus de crainte encore. Il sait que le grand-père est revenu à la maison hier soir, légèrement chaud de boisson. Peut-être le seigneur Saint Gwénolé est‑il en colère et fera‑t‑il éclater le bol ? Rien ne se produit. Le grand-père fait le signe de la croix et commence à travailler de la cuiller pour faire descendre la soupe.

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Peu après, les voilà dans le champ. Le soleil est clair, les oiseaux bavardent dans les talus, la terre ouverte sous la charrue répand son odeur chaude et forte. Soudain, Yfig, pendant qu'il mène le cheval le plus droit possible, est jeté à terre d'un seul coup par l'épaule de la bête déviée de son chemin.

 

 

 

 

 


 

 

 

Aussitôt s'élève la voix tonitruante du grand-père qui chante les louanges de Saint Gwénolé par esprit de reconnaissance et pour le plaisir de voir le monde si beau dans le printemps. Il a lâché les mancherons de la charrue et celle-ci est allée de travers comme un homme chaud de boisson avant de tomber d'un côté ou de l'autre.

 

Demain, le champ labouré de bout en bout, les gens qui s'en iront à leur travail verront un sillon tout de travers au milieu des sillons tirés d'un trait, et ils diront avec un sourire : « Tiens ! Le sillon du cantique ! Le vieux Gwénolé a encore chanté les louanges de son parrain du ciel ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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Commentaires
F
<br /> j y etais cette année la vos photos sont tres belles merci!!<br /> <br /> <br />
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L
Superbe cette série sur les métiers d'antan. Mais combien de temps encore vont perdurer ces fêtes ? Bientôt, on aura tout oublier de ces moeurs...
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S
Voilà le genre de manifestations que j'aimerais bien voir... C'est tout un travail, bien loin des tracteurs et machines actuelles...<br /> Bonne fin de journée, un peu venteuse, légèrement ensoleillée, mais sèche...C'est déjà ça... LOL. Bisous
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U
Elles sont importantes ces fêtes pour montrer aux jeunes ce qu'était notre milieu rural et puis on peut voir avec Eglantine qu'ils étaient bien fait les sillons dans les champs avant nos modes de cultures intensives ;)<br /> Bonne soirée Erwan<br /> @++
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S
j'adore ces fêtes, où l'on nous montre les vieux métiers, les vieilles machines, qui nous rappellent que pour certaines tâches maintenant nous avons presque la belle vie
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