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Plozévet : le menhir "Les Droits de l'Homme"

Erwan

26 Nivôse de l'an V de la République (14 janvier 1797) : une page de l'Histoire de France qui marque la vie de la commune de Plozévet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dis-moi, ami, quel est ce mât de pierre

Dressé entre Penhors et Porz Poulhan

Près d'un sentier où fleurit la bruyère,

A la limite de l'estran ?

Pourquoi a-t-il un jour jailli de terre,

Dessus la lande et face à l'Océan ?

Dis-moi, ami, je t'en fais la prière,

Quel est le nom de ce géant ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est le menhir des "Droits de l'Homme",

Le monument des trépassés,

Qui apparaît, tel un fantôme,

Devant la plage de Canté.

Ce mégalithe ainsi se nomme

En souvenir des naufragés

Du grand vaisseau "Les Droits de l'Homme"

Venu, ici, se fracasser.

 

Chanson de Georges Tanneau

(Ecrivain et poète Breton, né au Guilvinec en 1937,

ancien marin,

connu en Bretagne pour ses chansons de marins).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    


 

26 Nivôse de l'an V de la République : le "Les Droits de l'Homme", vaisseau de 74 canons de classe Téméraire commandé par le capitaine de vaisseau Raymond de Lacrosse, fit naufrage en Baie d'Audierne, en face du village de Plozévet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bataille entre le vaisseau "Les Droits de l'Homme" et les frégates anglaises l'Indefatigable et l'Amazon les 13 et 14 janvier 1797 en baie d'Audierne (Tableau de Léopold Le Guen peint en 1853 - Musée de Brest)

 


 Les cent sept vaisseaux de ligne de la classe Téméraire furent construits par la France, entre 1782 et 1813 ; ils constituent la première série de navires de ligne construite selon des plans identiques, leurs éléments étant ainsi interchangeables entre deux navires de la série.

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 


La coque mesure 55,87 mètres de long, et 14,90 mètres de large. Le déplacement est de 2900 tonnes. La voilure, dont la surface est de 2485 m², est à trois mâts, gréés carrés. L'équipage nécessaire pour armer ces navires est de 562 officiers et hommes.

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

















Son artillerie occupe deux ponts complets. Le pont inférieur, le plus proche de la ligne de flottaison, est garni de quatorze canons de 36 livres, sur chaque bord. Ce type de pièce, long de 3,274 mètres, pèse 3520 kg, auxquels s'ajoutent les 900 Kg de son affût. Son service nécessite quinze hommes, il est capable d'expédier un boulet plein de 17,62 kg à 3700 mètres, environ toutes les huit minutes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


Ce type de navire devint vite l'ossature de toutes les flottes de combat européennes.

 












Le vaisseau "Les Droits de l'Homme" était affecté à l'expédition qui devait débarquer une armée française sur les côtes de l'Irlande. L’Expédition d’Irlande de 1796 est une tentative avortée d’invasion de l’Irlande pendant les guerres révolutionnaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les 16.500 hommes de l'Armée d'Irlande commandés par le Général Hoche embarquaient sur les navires de l'Armée navale de l'Océan.  44 bâtiments, répartis en trois escadres, se regroupaient au port de Brest à la fin de l'An IV (août-septembre 1796) pour appareiller le 15 décembre 1796. Parmi eux, 17 vaisseaux de 74 canons de classe Téméraire, dont "Les Droits de l'Homme", construit à Port-Liberté (Lorient) le 10 Prairial de l'An II (29 mai 1794).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A son bord, les 650 hommes d'équipage et 549 hommes de la Légion des Francs sous les ordres du Général Humbert.

Le vaisseau "Les Droits de l'Homme" est  commandé par le Capitaine de vaisseau Lacrosse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A peine l'escadre a-t-elle quitté le goulet de Brest qu'elle doit affronter une grosse tempête qui la disperse au milieu d'une énorme confusion. Seuls dix navires peuvent mouiller en baie de Bantry (Sud Irlande). "La Fraternité","ayant à son bord le Général Hoche, commandant des troupes de débarquement, n'est pas au rendez-vous. Toute idée du débarquement est annulée. 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Le navire "Les Droits de l'Homme" patrouilla 8 jours, capturant les bricks britanniques "Cumberland" et "Calypso", en faisant une cinquantaine de prisonniers,  dont le Lieutenant Pipon. Il ne voulut pas s'éloigner sans s'être assuré qu'aucun des vaisseaux français n'avait été jeté sur les côtes. Lacrosse se décida alors à rallier l'escadre en se dirigeant vers les côtes de France.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

























Nous sommes donc le 22 nivôse an V de la République (13 janvier 1797), le commandant du "Les Droits de l'Homme" croisait à 25 lieues de Penmarch, quand il aperçut au vent la frégate britannique, l'Indefatigable, de 44 canons, accompagnée de l'Amazon, de 36 canons. Vers trois heures, le "Les Droits de l'Homme" décide d'engager le combat avec les frégates.

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 


Aux bordées de l'Indefatigable, le Capitaine Lacrosse répond par des volées de canon et de mousqueterie, mais la tempête l'empêche d'ouvrir sa batterie basse de canons de 36. L'Anglais dispose d'une supériorité en voilure. Il évite ainsi  les manœuvres du "Les Droits de l'Homme" cherchant à le prendre à l'abordage. Dans cette situation, le vaisseau français aurait bénéficié d'une incontestable supériorité due aux 600 hommes de la Légion des Francs embarqués à son bord.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


À six heures trois quarts, après une heure et demie de combat,  l'Amazon  arriva à portée et tira une bordée dans la hanche du "Les Droits de l'Homme", avant de s'éloigner avec l’Indefatigable pour réparer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur les huit heures et demie du soir, les Britanniques rouvrirent le feu. Profitant de la supériorité de leur voilure, ils tournaient autour du "Les Droits de l'Homme" en le prenant en enfilade. "Les Droits de l'Homme" perdit son mât d'artimon et les frégates britanniques tentèrent de s'approcher, mais furent repoussées par le feu du vaisseau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vers une heure du matin, le commandant Lacrosse fut atteint au genou gauche par le ricochet d'un boulet mort. Il fit jurer à son équipage de ne pas amener le pavillon français. "Non, jamais, Capitaine, vaincre ou mourir !"  Fût la réponse de l'équipage. Le second du navire, Prévost de Lacroix,  prit le commandement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Durant la nuit, à la faveur de la lueur de la lune qui était pleine à cette époque, les Anglais s'acharnent autour du vaisseau. Le Français doit subir les bordées successives des navires ennemis qui l'obligent à combattre des deux bords.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le combat dura encore quatre heures ; le navire voit ses mâts se casser, sa coque est criblée de boulets, partout des morts et des blessés. Vers six heures du matin, la vigie du "Les Droits de l'Homme" signala la côte, et le vaisseau tenta de gagner la terre, brisant ses mâts de misaine et de beaupré endommagés dans le combat. Démâté, ses ancres endommagées et son gouvernail détruit, "Les Droits de l'Homme" se jeta à la côte.

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

L’Amazon en état de délabrement et ingouvernable, se brisa à la côte et son équipage fut fait prisonnier. L’Indefatigable, réduit à l'état de ponton, parvint à contourner les récifs de Penmarch et à s'échapper.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 


 


 

"Les Droits de l'Homme" s'échoua dans la baie d'Audierne le 25 nivôse à sept heures du matin. Dans la tempête, les canots légers étaient emportés par les lames avant d'être mis à l'eau. Plusieurs de ses matelots périrent en tentant d'établir un va-et-vient ou de chercher des secours.

 

 

 

 


 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Dans la nuit du 25 au 26, cinq chaloupes venues d'Audierne purent emmener les blessés et environ 400 matelots ou soldats ; la tempête interrompit les opérations de sauvetage pendant 5 jours. Le 30, Lacrosse s'embarqua sur une corvette qu'on lui avait envoyée de Brest après s'être assuré qu'il ne restait plus un seul homme à bord.

 

Lacrosse fut élevé au grade d'officier général.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Quant au Lieutenant Pipon, cet officier anglais fait prisonnier sur les côtes d'Irlande, il  fut sauvé du naufrage. "Traité avec la plus grande humanité" dira-t-il, il fut conduit à Brest et envoyé sans rançon en Angleterre où il arriva dès le 7 mars et reprit du service actif dans l'armée anglaise.

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

En 1840, alors qu'il était à la retraite dans l'île de Jersey, il revint sur le site du naufrage et y fait dresser une pierre en forme de menhir où il inscrit le témoignage de sa reconnaissance. Brisée par les tempêtes elle sera restaurée en 1882 par le maire Lucien LE BAIL au cours d'une cérémonie.

 









 

 

 

"Le major Pipon, né à Jersey, et miraculeusement échappé à ce désastre, est revenu sur cette place le 21 juillet 1840, et dûment autorisé, a fait graver sur cette pierre ce durable témoignage de sa reconnaissance, A Deo Vita Spes In Deo.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


   

Sous cette inscription, une plaque :

"Cette pierre doublement consacrée par le temps et l'histoire a été sauvée de la destruction l'an 1882."

 

 


 

En 1896, une forte tempête mis à jour les restes des naufragés hâtivement inhumés sur la falaise. Le 22 août 1937 Albert LE BAIL, député maire socialiste de Plozévet, petit-fils de Lucien Le Bail,  inaugure, dans l'enclos de l'église de Plozévet, une plaque commémorative encadrée par deux fûts de canon provenant du naufrage. Sur cette plaque est gravée l'inscription :

 

 

 

 


 


 

 

 

   

 "Ici reposent 400 hommes marins du vaisseau "Les Droits de l'Homme" et soldats de la légion des Francs qui, le 25 Nivôse de l'an V de la République, luttèrent victorieusement contre deux vaisseaux anglais au large des côtes de Plozévet et moururent aux cris de "Vive la République".

 





La plage de Canté à Plozévet aujourd'hui : une petite plage si tranquille.

 

 

 

 

 


 

 

 

Sources :

Mairie de Plozévet, exposition permanente "Les Droits de l'Homme",

Divers Internet dont Wikipédia.

 

 

 

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Commentaires
L
<br /> Merci mr stourn exelent<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Les meileures félicitations, les remerciements cordiaux et les salutations chaleureuses provenant d'un Suisse<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Merci pour cet article fort interessant.<br /> C'est de passage à Plozevet l'année dernière entre le 11 et le 17 Janvier, que j'ai découvert cette histoire qui m'avais touché.Si bien que j'en ai fais une chanson (Le naufrage du "Droits de<br /> l'homme")que vous pouvez entendre sur la playlist de ma page sur :http://bordeldemer.ning.com/profile/Rohan.<br /> Cordialement<br /> Rohan<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci de nous faire profité de cette merveille que nous connaissons bien,un beau cadeau pour tous sans oublier la musique et la poésie<br /> <br /> <br />
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D
Merci JY pour ce très bel article.<br /> <br /> Actuellement "Les droits de l'homme" font aussi naufrage dans ma terre lointaine que tu as visitée et aimée :l'avocat Lê Công Dinh, défenseur des droits de l'homme, vient d'être arrêté, risquant une peine de 20 ans de prison (http://www.amnesty.org/en/news-and-updates/news/prominent-human-rights-lawyer-arrested-viet-nam-20090616 , 16 juin 2009).<br /> <br /> Bonne Fête des Pères (sur mon blog) !
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