Le Guilvinec : retour de pêche
Vous venez en vacances cet été en Bretagne ? Alors ne manquez pas l'arrivée des bateaux au port du Guilvinec et le débarquement de la pêche tous les jours, sauf dimanche et jours fériés, de 16h30 à 18h environ.
Du haut de la criée, comme sur un balcon, vous pourrez admirer toute la flottille de pêche qui, surgissant de la brume, rentre au port. C'est un spectacle haut en couleurs qui plaira aux petits comme aux grands !
Superficie : 245 ha.
Population : 3 012 habitants.
Habitants : les Guilvinistes.
Origine du nom : de l'ancien breton golbinoc, qui peut signifier refuge fortifié en forme de bec.
Cœur de la pêche artisanale française, Le Guilvinec est un grand port du Pays bigouden, à la pointe de la Bretagne, à 35 km au sud de Quimper.
Le quartier maritime du Guilvinec (dont la création date de 1918) rassemble quatre ports du pays bigouden :
- Le Guilvinec (130 unités),
- Lesconil (20 unités),
- Loctudy (92 unités),
- Saint-Guénolé (101 unités)
S'y ajoute le port de Bénodet (8 unités), dans le Pays de Fouesnant, à l'Est de l'Odet, la rivière de Quimper.
C'est le plus important quartier maritime de France, tant en nombre de marins qu'en valeur de la pêche débarquée sous criée.
L'ensemble bigouden forme une entité très typée dont la production représente 17,5 % de la pêche française.

Sur les 351 unités que compte le quartier en janvier 2001, les navires pratiquant la petite pêche représentent 201 navires, suivis par les navires de pêche au large avec 123 unités et ceux de la pêche côtière 27 unités.
Production des produits de la mer en tonnage pour l'année 2006 :
- Le Guilvinec : 18 830 tonnes.
- Saint Guénolé - Penmarc'h : 11 950 tonnes.
- Loctudy : 7 176 tonnes.
- Lesconil : 537 tonnes.
Ces quatre ports du pays bigouden ont un chiffre d'affaires supérieur à celui de Boulogne sur mer et de Lorient et sont la première entité de pêche de France.
Ces ports sont gérés par la Chambre de commerce et d'industrie de Quimper Cornouaille.
Les côtiers sont les navires qui partent en pêche pour la journée : départ vers les trois heures du matin et retour le soir vers 17h. Ils fréquentent la zone Nord Gascogne qui se trouve à quelques milles du port et ramènent chaque soir de la langoustine vivante.
Ces bateaux ont souvent un nom breton qui fleure bon le pays et le sel marin : Ci-dessous, le "Buhez ar Vro" (Vie du Pays), et le Nevez Amzer (Les Temps Nouveaux). Les autres plus loin, comme Avel an Heol (Le Vent Solaire), Ar Vro Vigouden (Le Pays Bigouden), Bro Goz (Le Vieux Pays), Roz Avel (La Rose des Vents)…
Toute une filière pêche s’est développée à terre et représente 1300 emplois : réparations navales, filatures, ateliers de mareyage et conserveries, transporteurs frigorifiques, lycée professionnel maritime, coopérative maritime.
(Source : Chambre de commerce et d'industrie de Quimper Cornouaille)
Si regarder ces bateaux vous donne le mal de mer, concentrez-vous sur le conte ci-dessous, une histoire de Pierre Jackez Hélias.
La vérité, quand elle a beaucoup vieilli, prend les couleurs de la légende. Et le mensonge tout frais du jour sera peut-être la vérité de demain. C'est pourquoi, je vous le demande, n'allez pas vous soucier de ce qu'il y a de vrai ou de faux dans l'histoire de Petit Joseph au Paradis.

Cette année-là, les pêcheurs de Penmarc'h perdirent d'abord les traces du poisson. Ensuite, les marsouins leur mirent les filets en pièces. Enfin, la tempête démantela leurs navires et fit sombrer la plupart d'entre eux. C'est à peine si quelques malheureux purent revenir à la côte sur des épaves.
Le deuil et les larmes coûtent trop cher pour les pauvres gens. Ils n'ont pas de temps à leur donner. On n'avait pas fini de chanter les messes pour les morts, que le besoin était là, suivi de près par la misère et la famine au visage blême. Le mois très noir (le mois de décembre) prit les affamés dans son poing tout froid.

Désormais, ce n'était plus le battement du cœur, trop faible, qui témoignait de la vie, mais une douleur sourde au creux de l'estomac. Les coquillages du sable et des rochers ne suffisaient pas à l'apaiser. Les tas de goémon avaient été brûlés au mois de septembre comme de coutume.
Le long de la côte, des fantômes humains erraient à la recherche de débris pour faire du feu. Mais la mer elle-même ne voulait rien rendre. Et le vent torturait les misérables carcasses sous les haillons de toile usés jusqu'à la corde. Il fallut s'en aller mendier chez les gens des terres, misérables eux-mêmes, mais dont les granges et les greniers ne sonnaient pas tout à fait le creux.
En troupeaux désolés, les femmes et les enfants remontèrent dans les terres proches pour solliciter la pitié des laboureurs. Mais le pêcheur Nonna dut se mettre lui-même en route. Sa femme était rendue de faim et ses enfants trop petits. Il se tailla un bissac dans un morceau de voile et partit tout seul vers le Nord-est, là où l'on voit, sur l'horizon, des bouquets de ces arbres qui ne sont pas des pins stériles, mais qui protègent les métairies bien pourvues.
Vers quatre heures de l'après-midi, notre homme arriva devant Kerbeskont. Il était sur le point d'ouvrir la barrière quand il dut s'asseoir sur les traces de ses propres pieds, les oreilles remplies du bruit de ses entrailles qui bourdonnaient plus fort qu'un nid d'abeilles. Une riche odeur remplissait la cour, parfumait les arbres et multipliait sa faim par dix. On préparait le café dans la maison.

« Bien, se dit Nonna. Le café du bout de l'an est la gourmandise des femmes. Les femmes ont le cœur plus tendre que les hommes. D'autre part, je préfère aller leur demander l'aumône plutôt qu'à leurs maris. Moi, qui suis un homme dans la force de l'âge, j'aurais honte de tendre la main à mes pareils, bien que je ne sois pas responsable de la misère qui m'est échue. Allons ! Courage, mon garçon ! Je parierais qu'elles sont une demi-douzaine à papoter autour du pot à café. »
Et Nonna, doucement, s'approcha de la fenêtre entrouverte. Il avait tiré son chapelet de sa poche et il s'apprêtait à glisser un pater et un avé entre les battants quand il entendit une commère discourir en ces termes :

« C'est une pitié, une honte rouge. Ces gens-là ont vu mourir leur fils unique avant qu'il n'aille aux armées. Un garçon si gentil, si poli avec tout le monde. Et eux, riches comme ils sont à Kerstribilh, ils l'ont laissé descendre en terre avec des haillons sur le corps, autant dire, et sans le moindre gilet de laine en plein hiver. C'est saint Pierre qui a été choqué en voyant le pauvre Petit Joseph monter au Paradis avec des pièces dans sa chemise. » Et le chœur des commères lui renvoyait ses litanies : « Pauvre petit ange ! Pauvre Petit Joseph au Paradis ! C'est un crève-cœur ».
« Mauvaises langues, cœurs filandreux, dit Nonna dans sa barbe. Et les autres, là-bas, à Kerstribilh, doivent être avares comme un chien avec son os. Ce n'est pas encore grâce à eux que je remplirai mon bissac... Ou peut-être le ferai-je si je me montre assez malin. Avec des gens pareils, il ne faut pas être trop honnête quand on veut rester vivant »