Le phare d'Eckmühl à la Pointe de Penmarc'h
Un retour en Bretagne avec cet article sur le phare d'Eckmühl. Rien de plus normal, car sa lumière (un éclat blanc toutes les 5 secondes), d'aussi loin que je puisse être, m'a guidé sur le chemin du retour. Toutes les photos "aériennes" de l'article ont été prises du haut du phare.
Ci-dessous, le phare, vu du port de Saint Pierre :
Le phare d'Eckmühl est situé sur la pointe de Saint-Pierre, à Pennmarc'h, dans le Finistère. Il mesure plus de 60 mètres de haut. Il a été inauguré le 17 octobre 1897 et doit son nom à la donatrice qui l'a en grande partie financé. Il sécurise l'une des côtes les plus dangereuses de France. C'est aujourd'hui l'un des monuments les plus visités du Finistère.
La commune de Penmarc'h est composée de quatre villages :
1) Penmarch-Bourg, connu autrefois sous le nom de Tréoultré, avec ci-dessous son église (Ste Nonna) :
2) Kérity (actuellement, port de pêche secondaire). Ce sont ses marins qui ont fait la fortune de Penmarc'h au XVIè siècle en commerçant entre Bordeaux et les provinces espagnoles des Pays Bas.
Le port de Kérity et, tout au fond, Le Guilvinec ("cher" à Nicolas Sarkozy) :
Port de Kérity :
Port du Guilvinec :
3) Saint-Pierre, port pour les très petites unités.
4) Saint-Guénolé, le port de pêche principal, dont le chenal serpentant entre des roches menaçantes est difficile d'accès et déconseillé à la navigation de plaisance sauf cas de force majeure.
Une double digue, genre "mur de l'Atlantique", le protège des tempêtes et des coups de vent fréquents.
La Chapelle de la Joie, construite en bord de mer, sert aussi d'amer pour les marins rentrant au port, (cf. "Pilote côtier, Brest/Quiberon, de Alain Rondeau) :
"Dans le chenal de Groumili, quand la Chapelle passe derrière la bouée verte du Scoëdec à 96°, on vire à bâbord…."
Ces chapelles, construites en Bretagne sur le bord des côtes, ont été édifiées sur d'anciens lieux druidiques sacrés. Elles ont remplacé les menhirs, qui dans les temps immémoriaux, servaient d'amer aux anciens navigateurs.
Mouettes en prière devant la chapelle (photo sélectionnée par Thalassa) :
Le phare d'Eckmühl a été construit à côté des phares précédents, au village de Saint-Pierre. Avant lui ont été utilisés la "Vieille tour", le clocher de la petite chapelle de Saint Pierre. Un feu allumé au sommet de cette tour guidait les navires.
Le sémaphore est accolé à cette chapelle :
Le « Phare de Penmarc'h », mis en service en 1835, est prédécesseur direct d'Eckmühl. Ce phare mesurait 40 mètres et une étude conduisit à l'impossibilité technique de le rehausser.
La France décide dans une loi du 3 avril 1882 de moderniser la signalisation maritime de ses côtes. En 1890 il est donc décidé de la construction d'un nouveau phare d'une hauteur de 54,20 mètres. Le projet aboutit le 6 octobre 1892, les plans et devis étant acceptés pour une somme totale de 110 000 francs.
Le 9 décembre 1892 la nouvelle d'un financement inattendu vient modifier ce projet : la marquise Adélaïde-Louise d'Eckmühl de Blocqueville lègue dans son testament la somme de 300 000 francs pour la construction d'un phare. Ce phare devra se nommer « phare d'Eckmühl » en l'honneur de son père le maréchal Louis Nicolas Davout, duc d'Auerstaedt, prince d'Eckmühl. Ce titre de noblesse vient de la bataille d'Eckmühl qu'il avait menée à proximité du village d'Eggmühl en Bavière, à 50 Km au N.E. de Munich. Dans son testament elle dit :
"Je nomme M. Le Myre de Vilers, ancien Gouverneur de Cochinchine, mon exécuteur testamentaire en tout ce qui concerne le phare d'Eckmühl. Ma première et ma plus chère volonté est qu'il soit élevé un phare sur un point dangereux des côtes de France, non miné par la mer. Mon vieil ami, le Baron Baude, m'a souvent dit que bien des anses des côtes bretonnes restaient obscures et dangereuses. J'aimerais que le phare d'Eckmühl fût élevé là : mais sur quelque terrain solide, granitique, car je veux que ce noble nom demeure longtemps béni... Les larmes versées par la fatalité des guerres, que je redoute et déteste plus que jamais, seront ainsi rachetées par les vies sauvées de la tempête... Je consacre à cette fondation une somme de 300 000 francs, voulant ce phare digne du nom qu'il portera."
Après étude, une commission décide qu'il sera édifié sur la pointe de Penmarc'h. Afin de se conformer aux vœux de la donatrice, ils s'adjoignent les services d'un architecte parisien, Paul Marbeau, pour la partie décorative de la tour, une première dans l'histoire moderne des phares.
Le phare se situe dans une cour rectangulaire d'environ 80 mètres par 60. Elle est ceinte d'un mur, dont la face nord qui n'est pas directement exposée à la mer n'a été construite qu'en 1924 à la suite d'un raz de marée. (Le premier raz de marée connu s'est produit au XVIè siècle et a fait de nombreuses victimes. D'autres raz de marée suivront, en 1896, 1899, 1900 et 1924. A cette époque on ne parlait pas encore de réchauffement climatique !)
Un pays plat au niveau de la mer :
La porte à deux battants est faite en acajou d'Australie et contient des parties vitrées recouvertes de panneaux en bronze et cuivre.
Ses murs sont entièrement faits de granite de Kersanton et ses fenêtres de chêne de France. Pour accéder jusqu'à la lanterne il faut monter un total de 307 marches. La paroi interne de sa cage d'escaliers est recouverte de plaques d'opaline. La rampe, faite de 2,565 tonnes de bronze, comporte un barreau par marche.
Une dernière série de marches mènent à la lanterne métallique de 4 mètres de diamètre peinte en blanc à l'extérieur.
La lanterne comporte 2 optiques éclairées par 2 lampes de 650 W qui émettent un feu blanc à éclats toutes les 5 secondes. Le phare a une portée de 23,5 milles (environ 43 km).
Le phare fonctionne aujourd'hui de façon totalement automatisée. Les deux derniers gardiens titulaires quittent le phare deux jours après son 110e anniversaire, le 19 octobre 2007. Ils sont affectés au phare de l'Île Vierge.
Il a été inscrit comme monument historique le 26 septembre 2005.
Des courses ont été organisées à l'intérieur du phare d'Eckmühl, dans le cadre des festivités liées à son 110ème anniversaire. 80 athlètes se sont lancés à l'assaut de ses 307 marches. Le meilleur temps chez les hommes : 1mn 02 s 22/100ème et chez les femmes : 1 mn 20 s 86/100ème. Il faut également saluer la performance du doyen de la compétition, Alain Jaouen : 2 mn 31 s 22/100ème ... à 80 ans !
Poèmes de Morvan le Gaélique de Max Jacob
Le phare d'Eckmühl est une grosse lanterne.
Si tu as perdu ta route sur la lande tu regardes
à droite ou à gauche et tu vois où est Saint-Guénolé.
Depuis que je vous connais, Marie Guiziou,
j'ai cherché vos yeux sur toutes les mers et cette terre-ci.
Mais vos yeux tournent de côté et d'autre
Partout où il y a des amoureux.
Marie Guiziou, Marie Guiziou !
La vie est comme la lande pour moi
et vous êtes pour moi comme le phare d'Eckmühl.
Marie Guiziou !
Ma vie est comme l'océan autour de Penmarc'h !
Et si je ne vois vos yeux
je suis un naufragé sur les rochers.
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Louis Nicolas d’Avout, dit Davout, duc d’Auerstedt, prince d’Eckmühl, né le 10 mai 1770 à Annoux (Yonne) est un maréchal d'Empire, le seul à être resté invaincu en 1815. Il est l’un des plus grands chefs militaires de l’Histoire de France.
La bataille d'Eckmühl (50 km au NE de Munich) s'est déroulée le 22 avril 1809, en Bavière, au cours de la guerre de la cinquième coalition. Le principal artisan de cette victoire fut le maréchal Davout. Sa conduite lui valut le titre de Prince d'Eckmühl.
Le 3 juillet 1815, il se disposait à livrer bataille à Wellington et à Blücher, lorsqu’il reçut du gouvernement provisoire l’ordre de traiter avec l’ennemi. Ce même jour, il signa à Saint-Cloud la convention de Paris, d’après laquelle l’armée française devait se retirer derrière la Loire.
Il organise l’armée française en deçà de la Loire. Quand les Autrichiens franchirent le fleuve, il lui suffit de les menacer d’une bataille pour que ceux-ci fassent chemin inverse, son seul nom, maréchal invaincu, suffisait à faire trembler ses adversaires, même après l’abdication de Napoléon.
Davout est mort le 1er juin 1823, de phtisie pulmonaire. Il fut enterré à Paris, au cimetière du Père-Lachaise (28e division).
(sources : Wikipédia)