Hanoï, sa légende et son Vieux Quartier
Les photos de cette série ont été prises dans le Vieux Quartier de Hanoï, au nord du lac Hoan Kiem. C'est un quartier commerçant aux rues étroites qui remonte à plus de six siècles, où la plupart des magasins sont des échoppes de la largeur d'un couloir, débordant de marchandises.


Hanoï, capitale du Vietnam de 3 millions d'habitants, située sur la rive occidentale du Fleuve Rouge, célèbrera son millénaire en 2010. Son nom vient de nôi (en deçà) et hà (fleuve) qui signifie : "la ville en deçà du fleuve". Hanoï se trouve au pied d'une chaîne de montagnes qui culminent à 1 237 m au mont Ba. Au nord de la ville s'étend la région montagneuse du Viet Bac. Le Lac de l'Ouest marque la limite N.O. de Hanoï. C'est une ville souvent couverte de nuages et baignant dans une sorte de vapeur humide.


En venant du Nord, trois ponts permettent de rentrer dans Hanoï dont le pont Doumer construit par les Français et inauguré en 1902.
La ville ne s'est pas toujours appelée Hanoï. En 1010, l'Empereur Thai Thô, grand vainqueur des Chinois, créa la ville et lui donna le nom de Thang Long, la "ville du dragon prenant son essor".


De 1430 à 1788, la ville qui continuait à s'appeler Thang Long, pris officiellement le nom de Dông Kinh [pron : Zong Kinh] (Capitale de l'Est). Ce nom, transformé par les Européens donnera plus tard le nom Tonkin, nom qui sera donné à tout le nord du pays.


A l'époque de la domination des Ming, il y avait un homme du nom de Lê-Lo'i habitant le village de Lam-So'n, dans la province de Thanh-Hoa. Depuis son adolescence, conscient des souffrances de la population dues aux exactions des occupants chinois, il nourrissait le projet de chasser ces derniers. Il était connu pour sa bravoure et surtout pour son habileté dans le maniement des armes. Le général chinois commandant de la région voulut l'engager dans ses troupes.

Mais Lê-Loï déclina l'offre en déclarant qu'un gentilhomme se devait de servir son pays plutôt que d'être le serviteur de l'étranger.
En secret, il rassembla des volontaires, constitua une petite armée et commença à harceler les garnisons chinoises. Ses troupes n'étaient pas entraînées ni bien armées. À chaque attaque, malgré leur combativité, elles furent repoussées et dispersées par l'ennemi.
C'est ainsi que, lors d'une de ces déroutes, Lê-Loï se trouva sur le point d'être capturé par ses poursuivants. Grâce à la complicité d'un vieux villageois, il se fit passer pour un paysan en train de semer du riz, ce qui le sauva.
Une autre fois, traqué par l'armée chinoise, il se cacha dans un buisson épais. On lança à ses trousses des chiens qui le cernèrent en aboyant avec fureur. Les soldats enfoncèrent leurs lances dans le buisson. Lê-Loï fut touché à la cuisse. Mais, juste à ce moment-là, un renard bondit hors de sa cachette et partit en courant. Les chiens le poursuivirent, entraînant à leur suite les soldats chinois.
Un jour, Lê-Loï s'arrêta dans un village de pêcheurs où il comptait des partisans. Dans la hutte où il entra pour se reposer, il remarqua une épée dans un coin. Quand il la prit, elle se mit à briller d'une vive lumière. Il interrogea le pêcheur. Celui-ci lui raconta que lors d'une récente sortie en mer, il avait pris cette épée dans ses filets.
N'en voulant pas, il l'avait rejetée à l'eau, mais chaque fois qu'il remontait son filet, elle s'y trouvait. Pensant que c'était un signe du Ciel, il décida de la cacher pour l'offrir au futur libérateur du pays. Ce ne pouvait être que Lê-Loï, vu la manière dont elle venait, pour la première fois, de resplendir.
Dès lors, Lê-Loï accumula victoire sur victoire. Dans le même temps, grâce à l'habileté de Nguyên-Trâi, un lettré dont le père avait été déporté en Chine, la population se souleva en masse, donnant à la lutte de Lê-Loï l'ampleur qui lui manquait. Bientôt les occupants furent repoussés hors des frontières.
Lê-Loï fut proclamé roi, régna sous le nom de Lê-Thài-Tô, et établit la capitale à Thâng-Long.
Pour fêter son accession au trône et remercier les esprits des Eaux de lui avoir donné l'épée de la victoire, il fit organiser une grande cérémonie sur le lac situé au centre de la capitale.
A peine la cérémonie eut-elle commencé qu'une tortue géante apparut et s'adressa au roi :
‑ Maintenant que Sa Majesté a libéré le pays, elle n'a plus besoin de l'épée.
L'arme sortit de son fourreau, s'envola dans le ciel, se transforma en un dragon de lumière qui ondula quelques instants dans les nuages, puis plongea dans le lac avec la tortue.
C'est ainsi que le lac fut appelé Hô hoàn Kiêm, ou lac de l'Épée restituée. Il se trouve toujours au centre de Hanoi, actuelle capitale du Viêtnam. Un temple est dédié à la mémoire de l'événement.