Lao Caï, ville frontière
A 350 km de Hanoi, Lao Cai qui marque la frontière avec la Chine, est la ville la plus importante à l'extrémité nord de la ligne de chemin de fer.
La région de Lao Cai était au XIXème siècle un lieu d’affrontement entre différents groupes armés dont les fameux Pavillons noirs. Leur principal intérêt était le contrôle du trafic commercial sur le fleuve Rouge. Le sel de mer du Vietnam, l’opium du Yunnan, le riz nouveau, les tissus, les objets manufacturés seront leurs premières cibles.
Ci-dessous, le pont séparant le Vietnam de la Chine : à droite, la porte du Vietnam, à gauche celle de la Chine.
Le 30 mars 1886, le Colonel de Maussion et ses troupes arrivent à Lao Cai. L’objectif est de pacifier la région afin d’établir une frontière stable avec la Chine et d’ouvrir une voie commerciale avec la Chine via le Yunnan. La France tente d’arriver la première au Yunnan avant que les Anglais n’ouvrent une voie commerciale à partir de la Birmanie. A l’époque, les Français pensent que la Chine sera un nouvel eldorado en particulier pour les soieries de luxe et ses minerais.
La porte du Vietnam :
A partir des années 1910 Lao Cai permettra de contrôler le commerce de l’opium dont la colonie tire une grande partie de ses ressources. Pour cela, la Légion étrangère y installe un poste militaire qui tombera en 1950.
La porte de la Chine :
En 1898, la Chine accorde au gouvernement français le droit de construction du chemin de fer du Yunnan. Les premiers travaux débutent en 1901 et le chemin de fer atteint Lao Cai en avril 1906. Les dépenses totales de construction se sont élevées à 78 millions de francs or pour 384 kilomètres. La ligne a coûté la vie à 12.000 ouvriers chinois et vietnamiens et à 80 européens.
En 1979, lorsque la Chine attaqua le Vietnam en représailles à l’invasion du Cambodge par les Viêt-Cong, la frontière entre Hekou et Lao Cai devint infréquentable ; la partie vietnamienne fut rasée par les Chinois.
Cette troisième des guerres d'Indochine dure quelques semaines. L'origine de ce conflit s'inscrit dans le cadre de la rupture sino-soviétique et de l'invasion du Cambodge le 2 janvier 1979 par le Vietnam mettant fin au régime Khmer rouge de Pol Pot proche des maoïstes.
Le 15 février 1979, la Chine annonce son intention d’envahir le Viêt Nam.
Les raisons invoquées pour cette invasion sont le mauvais traitement subi par la minorité chinoise au Viêt Nam et l’occupation vietnamienne des Îles Spratley revendiquées par la Chine. Deux jours plus tard, le 17 février, environ 120 000 soldats de l’Armée populaire de libération chinoise traversent la frontière par les routes traditionnelles des invasions chinoises depuis des siècles dans les régions de Cao Bang, Lang Song et Lao Cai.
La frontière est défendue par la milice des forces locales vietnamiennes, les troupes régulières étant occupées au Cambodge. Les forces vietnamiennes au nord se composent essentiellement de 100 000 miliciens locaux (Tu Vê). En 17 jours de combat, les Chinois parviennent à pénétrer sur 30 à 40 km et à capturer les deux capitales provinciales au prix de pertes évaluées à 7 000 tués, et de 15 000 blessés. Les troupes chinoises évacuent le territoire vietnamien le 16 mars, en laissant derrière eux des débris.
Le conflit est donc bref, et les deux camps clament la victoire. Mais les Chinois limogeront le général Xu Shiyou, commandant de l'aile Est de l'armée chinoise, ce qui n'est pas habituellement réservé au général victorieux. Les pertes humaines s'élèvent à 16 000 tués dans le camp vietnamien et 20 000 dans le camp chinois. Mais de nombreuses victimes civiles sont à déplorer tout le long de la frontière.
La normalisation avec la Chine se fait en 1989, après que le Vietnam se soit totalement retiré du Cambodge, et le poste-frontière de Lao Cai est rouvert en 1993.
A suivre...