Le marché de Bac Ha
13
janv.
2009
Bac Ha est située dans le Nord-Ouest du Vietnam, à moins de vingt kilomètres de la frontière avec la Chine (province du Yunnan). Bac Ha compte environ 70.000 habitants. Construite sur des hauts plateaux à 700 mètres d’altitude, entourée par des reliefs culminant à 900 mètres, le climat y est plus doux qu’à Sapa. Dix ethnies montagnardes vivent dans la région : Hmongs Fleurs, Nungs, Phulas, Thaïs, Thulaos et Kinhs (Vietnamiens d’origine).

Sur la carte : dans le cercle bleu, le point à droite : Sapa ; le point à gauche : Bac Ha ; Hanoï en bas à droite. Ci-dessous, de jeunes H'mongs Fleurs.

L’une des principales industries de Bac-ha est la production de boissons distillées (alcool de riz, vin de manioc et liqueur de maïs). La liqueur de maïs que produisent les H'mongs Fleurs est si forte qu’elle peut littéralement s’enflammer !


La récolte de l’opium constituait une importante source de revenus, jusqu’à ce que le gouvernement en stoppe l’industrie il y a quelques années. Bac-ha est le seul endroit du Vietnam où vous en trouverez.

Histoire du sacrifice du Chien
Il était une fois deux frères, orphelins dès leur plus jeune âge. L'aîné, doué d'un fort sens du commerce, s'était enrichi au fil des ans, et menait grande vie. Le cadet, qui avait fait de la sincérité et de l'altruisme les préceptes de sa vie, restait désespérément pauvre.

Riche et vaniteux, l'aîné dispensait à tour de bras des, largesses à tous ceux qui le sollicitaient en le flattant et en profitant sans vergogne de son aveuglement. Par contre, il n'avait pas même un regard pour son jeune frère, ignorant jusqu'à son existence et ses difficultés, car celui-ci ne se plaignait jamais et ne lui demandait rien.

L'épouse de l'aîné, choquée par cette attitude, le lui reprochait souvent, mais n'obtenait que cette réponse : À chacun ses problèmes. Ce n'est pas parce que c'est mon frère que je dois faire mienne sa façon de vivre. D'ailleurs, mes amis sont tous des gens bien, et ils me sont dévoués. Il est donc naturel que je leur accorde mes préférences.

À la longue, l'épouse envisagea un stratagème pour lui ouvrir les yeux. Un jour que son mari était parti s'amuser avec ses chers amis, elle fit tuer un chien, l'enveloppa dans un sac, et le cacha dans un buisson du jardin.


Au retour de son mari, elle feignit l'affolement en lui déclarant : Cet après midi, un jeune mendiant est venu demander l'aumône. J'étais occupée et j'ai tardé à lui apporter quelque nourriture. Voilà qu'il s'est mis à m'injurier avec véhémence. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je l'ai frappé. Par malheur, il est tombé mort. J'ai mis son corps dans un sac et l'ai caché dans le jardin. Comment allons-nous nous sortir de cette histoire ?


À ces mots le mari, soucieux de sa réputation, fut pris de panique. Il courut demander de l'aide à ses chers amis. Mais tous eurent une bonne excuse pour ne pas lui prêter main-forte. Dépité, il rentra à la maison. Sa femme lui suggéra alors d'aller voir son jeune frère, ce qu'il fit sur-le-champ, oubliant complètement son indifférence à l'égard de son cadet.

Ce dernier dit aussitôt : Vite, il faut l'enterrer loin d'ici avant que quelqu'un ne soit au courant. Autrement ce sera un malheur pour toi et ta femme. Restez ici, je m'en charge tout seul. Comme cela les soupçons ne tomberont pas sur vous.

Il partit seul enterrer discrètement le sac dans la forêt, puis revint rassurer le couple, sans réclamer quoi que ce fût. L'épouse en profita pour faire remarquer à son mari que les « bons amis » qui avaient si bien profité de lui s'étaient tous défilés, alors que son frère s'était dévoué sans hésiter. Son mari rétorqua qu'il était normal que son frère l'aidât en pareille circonstance.

Or voilà que le lendemain, la foule des « bons amis » se présenta à la maison pour exiger une forte somme d'argent en contrepartie de son silence sur le prétendu meurtre. Affolé, le mari était prêt à obtempérer, mais sa femme s'y opposa avec force, en affirmant qu'ils ne risquaient rien.

Dépités, les «bons amis » se rendirent aussitôt chez le juge et dénoncèrent avec beaucoup de détails l'assassinat du jeune mendiant. Les autorités firent amener le couple lourdement enchaîné, comme des criminels. Alors que le mari était en proie à la plus profonde détresse, sa femme gardait un calme rassurant.

Au cours de l'interrogatoire, elle raconta le stratagème qu'elle avait employé pour démontrer à son mari son aveuglement. Afin de confirmer ses dires, elle demanda que le jeune frère fût convoqué pour indiquer l'endroit où il avait enterré ce qu'il croyait être le cadavre d'un mendiant. On découvrit ainsi toute la vérité.

Le juge ordonna que l'on fouettât les « bons amis » en punition de leur conduite détestable et de leur injuste dénonciation. Il félicita par contre l'épouse pour sa leçon exemplaire, et réprimanda le mari coupable d'erreurs de jugement. Depuis, celui-ci a délaissé ses anciennes relations et se consacre à son jeune frère.
Nguyên Xuân Hùng

A suivre...
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