Vietnam : Les villages H'mongs
L'habitat des H'mongs est assez rudimentaire : leurs maisons sont construites à même le sol, sans fenêtre. Leurs greniers sont sur pilotis et s'il y a une étable, elle est construite en face de la maison.
La société hmong est très solidaire. Les gens de la même lignée se regroupent le plus souvent dans un village appelé giao.
A chaque village, son territoire, son génie tutélaire et ses conventions très observées.
Les Hmong rendent le culte des esprits, de la maison, de la porte et du bétail. Par ailleurs, le Bouddhisme, le Confucianisme et le Taoïsme ont des impacts certains sur leur mentalité.
Les jeunes choisissent leurs âmes soeurs. Est condamnée la relation de mariage entre les gens du même lignage.
On constate peu de divorces chez cette ethnie.
Le mariage par rapt est fréquent sans subir aucune opposition de la famille de la jeune fille. Le garçon en informe ses beaux-parents deux jours après l’enlèvement et demande la cérémonie de noces.
Le modèle patrilinéaire et polygamique est encore de rigueur.
La jeune femme après le mariage ne peut rentrer chez ses parents qu’avec la permission de ses beaux-parents et en compagnie de son mari.
Si le mari est mort, la veuve épouse le jeune frère du défunt. Si ce dernier n’avait pas de frère, elle épouserait un de ces cousins. En cas de divorce, la femme loge dans la maison d’un notable qui la protège jusqu’au moment de se remarier. Au cas où elle souhaite reprendre sa liberté, elle doit verser à sa belle-famille une certaine somme à titre de dédommagement.
L’accouchement en position accroupie est populaire. Le placenta est enseveli sous le lit si le bébé est une fille et au pied de la colonne principale de la maison en cas d’un garçon.
Auguste Pavie, rapporte de son expédition au Cambodge, au Laos et au Vietnam, (1887/1888) une petite histoire que lui a raconté un bonze Cambodgien. Elle accompagnera les images suivantes.
(Cliquer sur l'hermine ci-dessous pour en savoir plus sur Auguste Pavie)
Un jeune prêtre vient de quitter la pagode et l'habit religieux pour rentrer dans sa famille et choisir une compagne. Il se baigne au bord du fleuve par la grande chaleur du milieu du jour.
Tout à coup, une partie de la berge, rongée par les eaux, s'éboule. La chute des terres cause un remous tel qu'il pousse le nageur jusque dans la partie impétueuse du courant. Il est entraîné malgré ses efforts. Le soleil baisse à l'horizon ; le jeune homme a en vain lutté pour gagner le bord. Le léger vêtement qui le couvrait pour le bain a disparu. Ses forces l'abandonnent : il implore Pra‑En, lui confie son destin et, se contentant de se maintenir à la surface de l'eau, il se laisse emporter.
À ce moment, trois jeunes filles venues pour puiser de l'eau l'aperçoivent. La première pousse dans le fleuve un tronc de bois mort auquel le naufragé parvient à s'accrocher, mais son épuisement est grand : incapable de le diriger vers la rive, il reste à la merci des eaux. On entend dans le lointain le grondement d'un rapide. Les flots s'y brisent tumultueusement contre les rochers. Malgré le secours puissant qu'il a reçu, l'infortuné va périr. Les jeunes filles le suivent en courant sur le bord.
La deuxième a pris un long bambou ; elle le lui tend. Il peut le saisir ; il est sauvé ! Au moment où il sort de l'eau, la troisième voit qu'il est nu. Elle se dépouille rapidement de son écharpe et la lui jette.
Aussitôt qu'il est à terre, le jeune homme tombe à genoux sur le sol : il remercie Pra‑En, puis les jeunes filles. Celles‑ci l'interrogent ; il répond :
"J'ai ce matin quitté la pagode et l'habit religieux pour rentrer dans ma famille et choisir une compagne. Je me baignais au bord du fleuve par la grande chaleur du milieu du jour, tout à coup une partie de la berge, rongée par les eaux, s'éboule. La chute des terres cause un remous tel qu'il me pousse jusque dans la partie impétueuse du courant. Je n'en puis sortir ; mes forces sont épuisées. Je sens que je vais périr ; je remets mon destin aux mains de Pra‑En. Vous apparaissez alors : vous êtes mon salut."
Les jeunes filles ont considéré le naufragé; elles l'ont trouvé beau. La pensée est venue à chacune qu'il pourrait devenir son époux. La troisième s'exprime ainsi :
"Ce qui arrive, ô jeune homme, a lieu par la volonté de Pra‑En lui‑même : l'une de nous sans doute vous est destinée !"
Et son regard dit qu'elle serait heureuse d'être celle choisie.
Mais la première jeune fille aussitôt s'écrie :
"Il ne saurait être l'époux d'une autre que moi. Je l'ai sauvé, il m'appartient."
Alors la deuxième parlant à son tour: "C'est à moi qu'il doit être, sans moi sa mort était certaine ! Allons au juge !"
Cependant le juge a écouté le récit du jeune homme. Il a aussi entendu les deux premières jeunes filles. Il s'adresse à la troisième :
- Et vous qui couvrez votre poitrine de vos bras croisés, quelle obligation vous doit le naufragé qui puisse être comparée aux services rendus par vos compagnes ?
- Je n'ai pas contribué à lui sauver la vie. Le voyant sortir sans vêtements de l'eau, je me suis dévêtue de mon écharpe et la lui ai jetée."
À ce point de la lecture, le prêtre s'arrêtant s'adressa à ceux qu'il instruisait :
« Maintenant réfléchissez et inscrivez sur vos ardoises en faveur de qui vous eussiez rendu le jugement. »…
...Pour connaître la suite, rendez-vous au prochain article, et, d'ici là, faites votre propre jugement...
(Ecolières de retour de l'école)
A suivre...