Uxmal : une cité maya du Yucatan
Alors que les cités de l'ouest du Yucatan comme Tikal et Palenque sont progressivement abandonnées et englouties par la jungle, les cités du nord comme Uxmal (prononcer "Ouchmal", -u = ou, X = ch-) atteignent leur apogée vers 800/1000 après JC. Leur architecture relève d'un nouveau style, peut-être que les Mayas sont-ils à cette époque influencés par d'autres tribus venues du Tabasco ou d'autres régions du Mexique. Les ruines d'Uxmal se trouvent à près de 65 km de la ville de Mérida.
Uxmal : point violet
Les vestiges de ce centre religieux datent de 600 à 1100 après JC. Uxmal, signifiant "trois fois reconstruite" en yucatèque, a connu un grand rayonnement économique et politique. C'est le site archéologique le mieux conservé. Mais les stèles qui se dressent près des monuments livrent peu d'informations. On sait seulement qu'un roi, du nom de Chac, régna sur la ville vers 900 après JC.
La plupart des édifices ont un plan rectangulaire et allongé et abritent de nombreuses pièces distribuées autour de patios et de places carrées.
L'exigüité des pièces de tous les temples mayas s'explique par le fait que les Mayas ne connaissaient pas la clef de voûte. Ils utilisaient le système de la voûte en encorbellement, désignée aussi sous le nom de "fausse voûte" : les blocs de pierre de chaque mur sont superposés de manière à se rapprocher de plus en plus, jusqu'à presque se rejoindre au niveau de la couverture qui consiste en une unique pierre plate.
Cette technique exige des murs massifs susceptibles de supporter ces hautes arches. (On retrouve le même système sur les temples d'Angkor au Cambodge : http://objectif-cap-sizun-polynesie.over-blog.com/article-empire-khmer-un-temple-plat-preah-ko-66627705.html).
Ces grands bâtiments que l'on rencontre sur les sites mayas sont appelés "palais", bien que l'on ne soit pas sûr de leur fonction originelle. Ce qui est étonnant, c'est que les Mayas, ne connaissant pas le métal, se sont uniquement servis d'outils en silex ou d'outils fabriqués à partir d'une pierre appelée "obsidienne" pour mener à bien leurs travaux de construction. (L'obsidienne est une roche vitreuse volcanique très dure se formant par le refroidissement rapide d'une lave riche en silice).
Des mosaïques décorent le haut de la plupart des monuments : frises, grecques, losanges, animaux stylisés : ce style est appelé le "style puuc". En langage maya yucatèque le mot "puuc" signifie "montagne" et renvoie à une série de collines basses qui traversent la région.
Au sud du site s'élève une vaste plate-forme soutenant deux bâtiments. Le premier est la Maison des Tortues, appelée ainsi à cause de sa corniche décorée de fines reproductions de ces animaux :
Le second, le Palais du Gouverneur, est supporté par une énorme terrasse de trois étages, de 181 mètres sur 153. On accède à la façade principale du bâtiment par un escalier. Le Palais, long de 98 mètres, large de 12 mètres et haut de huit mètres, est divisé en trois parties, séparées les unes des autres par deux hautes arches en encorbellement construites en retrait.
Le haut de sa façade supérieure forme une frise en mosaïque de pierres de près de 20 000 dalles assemblées, formant des dessins géométriques, des personnages stylisés, des masques du dieu Chaac (dieu de la pluie et de la fertilité), des glyphes représentant la planète Vénus et des serpents qui ondulent tout le long.
Le plan et l'orientation du Palais du Gouverneur n'ont rien de fortuit et répondent à des critères bien précis : tous les huit ans, par le portail central, les astronomes pouvaient observer Vénus qui se levait derrière une pyramide située à plusieurs kilomètres de là.
A l'entrée du site, la pyramide du Devin. Celle-ci avec son immense base semi - elliptique de 80 m de longueur sur 55 m de largeur et 37 m de hauteur est surmontée d'un sanctuaire.
Cette pyramide (l'une des plus anciennes du site), montre les différentes époques de constructions et les différentes influences reçues de l'extérieur. Son aspect ne correspond pas à celui des autres pyramides mayas. Sur une base elliptique, elle est formée par plusieurs massifs superposés et emboîtés les uns dans les autres.
Comme dans toutes les pyramides mayas, les marches sont très raides. Seule une élite peut y accéder en gravissant ces marches escarpées. Là-haut, loin des êtres mortels et du monde terrestre, les prêtres et les rois pratiquent des rites mystérieux au cours desquels, en raison des hémorragies causées par les autosacrifices, et par l'absorption de substances hallucinogènes, ils entrent en transe. C'est ainsi qu'ils communiquent avec l'univers surnaturel et divin. (On retrouve également ce genre de marches dans les temples du Cambodge :
http://objectif-cap-sizun-polynesie.over-blog.com/article-cambodge-angkor-vat-69843631.html).
A côté du Palais du Gouverneur se dresse la Grande Pyramide (32 m de haut) dont la façade a été restaurée. Elle supporte sur son sommet le Temple des Perroquets.
Et toujours des marches vertigineuses :
Du Sommet de la Grande Pyramide, on a une vue imprenable sur l'ensemble de la ville qui pouvait compter 25 000 habitants sur 8 km2.
Uxmal possède également un jeu de balle, élément caractéristique de la période maya. L'espace entre les grands murs est de 34 X 10 mètres. La balle de caoutchouc rebondissait sur les murs latéraux de 7,4 mètres de haut. Le but du jeu était de faire passer la balle de caoutchouc au travers des anneaux. La balle ne pouvait être touchée qu'avec les genoux, les coudes, les hanches ou les fesses mais ni avec les mains ni avec les pieds. Ce jeu aurait parfois pris un caractère rituel et il pouvait servir à des fins divinatoires ou pour résoudre des conflits. Généralement, les vainqueurs étaient sacrifiés (certains disent les perdants).
A la différence des autres cités mayas, à Uxmal, le terrain de jeu n'est pas monumental ni entouré de temples qui renforcent son importance symbolique. Ses murs de dimensions moyennes, ne conservent pas beaucoup de vestiges de petits temples qu'ils soutenaient. Les anneaux originaux en pierre taillée furent retirés afin de les protéger des intempéries et sont maintenant remplacés par des reproductions.
Un peu plus loin, un ensemble d'édifices appelé "Le carré des Nones", baptisé ainsi par les Conquistadors en raison de leur ressemblance avec un cloître.
Sur les quatre côtés d'une cour de 65 m sur 45 m s'élèvent quatre bâtiments différents entre eux, aux façades en partie couvertes de motifs décoratifs en relief.
Un grand escalier conduit à un arc d'entrée dans le bâtiment sud.
Face à cette entrée, au fond de la place, un autre escalier flanqué de deux temples conduit à ce qui devait être le palais dont la façade mesure 80 m de long.
Le temple de l'ouest est le plus décoré. La frise, qui couvre la moitié supérieure de la façade, contient les éléments classiques de la région : têtes de Chaac, représentations de maisons mayas de l'époque, etc...
Ci-dessous, une case maya telle qu'on peut en rencontrer encore dans le Yucatan :
Le quadrilatère des Nonnes peut être considéré comme un ensemble microcosmique, c'est-à-dire un groupe d'édifices qui représentent le cosmos. Selon une hypothèse, fondée sur la disposition des édifices les uns par rapport aux autres, l'édifice nord, le plus élevé correspondrait au monde céleste, l'édifice sud, le plus bas, à l'inframonde et les édifices est et ouest, construits à un niveau intermédiaire au monde du milieu, c'est-à-dire le monde terrestre.
Un des complexes le plus ancien d'Uxmal est le groupe dit "du Pigeonnier", ainsi appelé en raison du grand nombre d'ouvertures en forme de petites fenêtres sur la façade. C'est d'ailleurs tout ce qu'il reste du bâtiment. Au milieu se trouve une arche qui conduit à une cour plus au sud.
Un siècle avant l'arrivée des Espagnols, la ville fut totalement abandonnée. Le père franciscain espagnol, Antonio de Cuidad Real, qui la visita en 1588, dans une description détaillée, précisait que les indigènes eux-mêmes ne savaient pas qui avait construit cette ville. C'est donc vide que les Conquistadors la trouvèrent.
Sources : Maria Longhena "Mexique Ancien" et "L'écriture maya, portrait d'une civilisation à travers ses signes".