Une cité maya du Yucatan : Chichen itza (2)
Les constructions de cette partie de Chichen Itza réunissent ici les caractéristiques de l'architecture toltèque : portiques à colonnes, galeries, piliers, colonnes en forme de serpent, sculptures de Chac-Mool, jaguars et aigles, tzompantli ou mur des crânes et représentations de Quetzalcóatl (le Serpent à Plumes), baptisé Kukulcán en maya. On suppose que les Toltèques s'y établirent à la fin du IXème siècle. Leur présence dura jusqu'aux environs de l'an 1200 après J.-C.
Une légende raconte les raisons de leur arrivée dans cette région :
"Le dernier Roi-prêtre Quetzalcóatl de la région de Tula, vaincu par son rival, le maléfique Tezcatlipoca, fut condamné à l'exil. Il partit donc vers l'Est, vers l'océan qui est la mer divine.
Parvenu sur le rivage, il prépara un bûcher et s'y jeta. Alors, des oiseaux sortirent des flammes et on vit le cœur de Quetzalcoatl s'élever au milieu d'eux, et se transformer pour devenir la planète Vénus.
En arrivant dans la région de Chichen Itza, il prit le nom de "Kukulkan", "Kukul" signifiant "oiseau" et "Kan", "serpent".
Mais le Roi-prêtre Toltèque Quetzalcóatl de Tula, qui avait dû fuir loin d'une civilisation belliqueuse, exacerba, en débarquant sur la côte Yucatèque de Chichén Itzá, une pratique malheureuse de ceux qui l'ont jadis vaincu : le sacrifice humain qui devint alors plus fréquent.
C'est pendant cette période que furent édifiés de nouveaux monuments, en particulier la pyramide connue sous le nom d'El Castillo, le Groupe des Mille Colonnes et le Temple des Guerriers, le Tzompantli (le mur des crânes), la plate-forme des Aigles et des Jaguars ainsi que le Jeu de Balle.
La pyramide ci-dessous est la Tombe du Grand Prêtre appelée aussi l'Ossuaire. Cette structure, qui mesure dix mètres de haut, est composée de neuf terrasses échelonnées qui se superposent.
C'est une petite pyramide remise en état récemment. Sous le monument, on a découvert un puits qui communiquait avec une grotte dans laquelle se trouvaient des restes humains et des objets précieux.
L'édifice le plus important et le plus spectaculaire du site est une grande pyramide en terrasses, appelée Castillo par les conquistadors espagnols. Sur une base de 60 mètres de côté, elle surplombe le site d'une hauteur de 30 mètres. La grande pyramide fut érigée par-dessus une plus petite, préexistante. En 1936, les archéologues ont retrouvé cette structure enfouie sous l'édifice.
Depuis 2007, il est interdit de monter sur la pyramide à cause de plusieurs décès accidentels suite à des chutes dans les escaliers escarpés.
Sur chaque face, un escalier donne accès au temple construit au sommet. Chacun des escaliers se compose de 91 marches qui font un total de 364. En ajoutant la plate-forme supérieure, on obtient le chiffre correspondant aux jours de l'année solaire : 365 marches.
Sur chaque face de la pyramide, les 9 étages (les 9 niveaux du "Xibalba", le monde inférieur maya), divisés en deux par l'escalier, donnent les 18 mois de l'année composés chacun de 20 jours.
La façade principale présente un escalier qui possède à sa base deux têtes de serpents.
Les jours d'équinoxe, mais aussi 2 jours avant et un jour après, environ deux heures avant le coucher du soleil, les angles des neuf degrés projettent sur l'escalier nord une ombre qui représente le corps d'un serpent descendant du sommet de la pyramide et se prolongeant vers les têtes sculptées posées sur le sol.
L'observatoire astronomique de Chichén Itzá, El Caracol, construit entre 900 et 1000 après JC, est constitué d'une plate-forme rectangulaire surmontée d'une tour de 11 m de diamètre. Un escalier en colimaçon débouche sur une chambre d'observation à 24 m de hauteur. Ses orifices de visées servaient à définir les équinoxes, éclipses, solstices et autres positions des astres.
Le Jeu de Balle, d'une longueur de 168 mètres et de 70 mètres de largeur, est le plus grand jeu de balle du pays maya. Ses dimensions laissent à penser que ce terrain était plutôt consacré aux cérémonies qu'au sport, d'autant que deux temples, l'un au nord et l'autre au sud ferment ce terrain.
Lors des grandes fêtes, une équipe (comprenant entre deux et dix joueurs) représentant les forces de l'Inframonde (symbolisées par des jaguars) affrontait une équipe représentant le Soleil (symbolisé par des d'aigles) avec une balle en caoutchouc.
La balle (Kik), faite d'un latex (le chicle) récolté par saignée du sapotillier, avait une grosseur d'environ 15 cm à 20 cm de diamètre et pouvait peser 3 Kg. Le jeu consistait à la faire passer dans l'anneau (ça ne devait pas arriver souvent, vu le poids de la balle, la hauteur de la cible et la taille du trou) en utilisant les hanches, les coudes, les genoux ou les fesses. Toucher la balle avec les mains ou les pieds était interdit. On suppose que les Mayas avaient également mis en place un système de pénalités permettant de départager les deux équipes.
Le match pouvait s'étendre sur un ou plusieurs jours et selon les explications du guide, la tête du capitaine de l'équipe gagnante était tranchée par le capitaine de l'équipe perdante. (On offrait toujours aux dieux ce que l'on avait de meilleur). Pour les Mayas, c'était un grand honneur : la tête était ensuite empalée dans le mur prévu à cet effet juste à côté du stade de pelote.
Le Tzompantli ou "mur des crânes" était l'autel des crânes sur lesquels on exhibait comme des trophées les têtes décapitées, enfilées les unes à côtés des autres sur de longues traverses de bois. Sur ce mur on découvre un panneau représentant le Tzompantli décoré de crânes en bas-relief fichés dans des pieux. Au total, on a recensé plus de 500 têtes sculptées.
Les Toltèques imposèrent cette coutume aux populations dominées, de même que les rites sanguinaires du sacrifice humain qui contraignaient à la guerre perpétuelle pour la capture des victimes.
Accessible par le côté Est du Jeu de Balle, et tout près du Mur des Crânes, ce petit temple forme une espèce de tribune d'où les princes Itzá devaient probablement suivre le jeu. C'est le Temple des Jaguars. Il tient son nom d'une frise de jaguars très décorative sur le haut du temple.
La partie arrière du Temple des Jaguars qui donne sur le mur des crânes, forme une seule salle enjolivée de très beaux éléments décoratifs. Les piliers délimitent trois entrées ; dans celle du milieu se dresse un trône en pierre en forme de jaguar, animal symbolisant le pouvoir des dirigeants mayas. On peut également distinguer une tête de jaguar aux angles du temple, dans la partie haute.
Non loin du Temple des jaguars, se trouve la plate-forme des Jaguars et des Aigles sur laquelle des sacrifices étaient pratiqués. De forme carrée, la plate-forme est équipée, sur chacun de ses côtés, d'un escalier se terminant par une grande tête de serpent à plumes.
Dessin de Jean Torton, illustration tirée de la BD les voyages d'Alix, "les Mayas" de Jean Torton et Jacques Martin (voir les références complètes dans l'article : "Mayas : le Cénote Sacré de Chichen Itza").
Les murs sont décorés de panneaux avec des bas-reliefs représentant des aigles ou des jaguars en train de dévorer des cœurs humains.
Il semblerait qu'à l'époque toltèque de Chichen Itza, la caste des prêtres et des guerriers a pris une grande importance dans le pouvoir de la ville, jusqu'à concurrencer celui du roi, d’où la construction d'un temple qui leur était dédié : le Temple des Guerriers. La société maya est devenue plus militarisée et entre 1000 et 1050, Chichen Itza fut la puissance principale de l'est du Yucatan.
Le Temple des Guerriers devait être réservé aux sacrifices humains. Bâti sur une plate-forme à 4 étages, décorée d'aigles et de jaguars (soleil diurne et nocturne), le vaste temple, dont le toit soutenu par des piliers a disparu, laisse voir à l'entrée, deux piliers en forme de serpents, la queue dressée, la tête sur le sol.
Entre ces deux piliers, on peut apercevoir la sculpture en pierre d'un Chac Mool, personnage typiquement toltèque. Il servait à présenter les offrandes, dans sa position caractéristique : à demi couché, avec la tête de côté et un récipient entre les mains prêt à recevoir le coeur humain en offrande aux dieux.
Le Chac-Mool était un intermédiaire entre l'homme et les dieux.
Du fait de l'interdiction de monter sur les édifices, il devient plus difficile de voir certains symboles comme le Chac Mool perché en haut du Temple des Guerriers.
Chac-Mool, Musée Antrhopologique de mexico
Au pied du Temple des Guerriers se trouve ce qu'on appelle le temple des mille colonnes.
Il est constitué d'un grand nombre de piliers et de colonnes. Les colonnes et leurs chapiteaux soutenaient des poutres sur lesquelles s'appuyaient des voûtes en maçonnerie. Il est probable que ces colonnes aient été recouvertes de stuc et de peintures de couleurs différentes.
Les sculptures sur les piliers représentent des guerriers ou des grands prêtres.
Dernière image sur l'observatoire de Chichen itza :