Un fleuve de Guyane : l'Approuague (1)
Quatrième fleuve de Guyane par son importance (270 km de long), il prend sa source dans le Massif Central Guyanais au sud de Saül. Le point de départ de toute aventure sur le fleuve se situe à Regina.
Régina : le bord du fleuve et son église.
Comme tous les fleuves de Guyane, il est entrecoupé de rapides plus ou moins violents, plus ou moins hauts, que l'on appelle des "sauts". Chaque saut a son nom propre : Saut Athanase, Saut Grand Canori – le plus grand de Guyane avec ses 19 m de dénivelé -, Saut Grand Machicou - 5 grandes chutes et 10m de dénivelé -…
Au passage de certains sauts, il faut décharger passagers et bagages, et contourner la difficulté en passant par la forêt. Ci-dessous, un saut vu du ciel sur le Haut Maroni : il barre toute la longueur du fleuve :
Le passage des sauts est assez technique : pendant la saison sèche, les rochers cachés à quelques centimètres sous l'eau sont bien plus durs que l'hélice du moteur ; lors de la saison des pluies, le débit d'eau important génère un courant très violent qui peut conduire à la casse sur les rochers affleurants.
Mais il faut avouer que les piroguiers possèdent un sens du pilotage hors du commun. A l'avant, le "takariste" (ou encore appelé "bossman"), armé d'une longue perche souple (appelée takari), a la charge de repérer les passages entre les rochers, d'indiquer par gestes précis la direction et la nature du danger. Avec sa perche, il doit également écarter la pirogue des roches dangereuses où elle pourrait se fracasser et couler. A l'arrière de la pirogue, le motoriste, toujours debout, a une main sur la manette des gaz et l'autre prête à relever le moteur dès qu'un rocher à fleur d'eau est signalé.
Ci-dessous, piroguiers sur le Maroni :
L'Approuague :
Il faut être né près du fleuve (ou dans le fleuve) pour pouvoir se repérer dans ce dédale d'embranchements, de bras morts, de sauts à contourner, de criques à éviter.
Cette voie fluviale fut empruntée au siècle dernier par les aventuriers de l'eldorado.
Les sauts constituent l’un des rares endroits où une importante végétation aquatique se développe, en particulier à la saison des pluies. La forte oxygénation de ces zones turbulentes favorise l’installation d’une famille particulière de plantes adaptée à ces conditions de courants forts : la salade kumaru. Pour de nombreux animaux, la présence de ces végétaux ménage des abris contre le courant mais aussi contre les prédateurs.
Mais parfois, le fleuve se divise aussi en plusieurs bras entourant des îles couvertes de végétation laissant apparaître de petites plages.
Le soir, dans ces bras du fleuve, on se laisse glisser avec un faible courant qui ne trouble pas la surface de l'eau. On passe dans cette saignée de la forêt vierge entre deux murailles vertes. Pas un souffle de vent, un silence de cathédrale, comme si la forêt retenait son souffle devant la présence d'intrus.
Il arrive parfois qu'un serpent traverse ces bras du fleuve :
Le silence de la forêt est seulement troublé de temps en temps par le chant de l'oiseau sentinelle, le paypayo.
En cliquant sur l'image, vous serez dirigé sur un site où vous pourrez entendre son chant, comme si vous étiez sur le fleuve ci-dessous.