Turquie : la Cappadoce en montgolfière
Une petite balade au-dessus de la Cappadoce en montgolfière. Le jour n'est pas encore tout à fait levé que déjà les aérostiers s'affairent à gonfler le ballon. La température au sol est de deux à cinq degrés, mais elle chutera rapidement avec l'altitude, jusqu'à moins deux ou moins trois degrés. Mieux vaut partir couvert !
La montgolfière fut inventée par les frères Montgolfier, Joseph-Michel (1740-1810) et Jacques-Étienne (1745-1799), en 1782.
Le premier vol officiel de leur ballon à air chaud fut expérimenté place des Cordeliers à Annonay le 4 juin 1783. Le 19 septembre de la même année, à Versailles, un coq, un mouton et un canard firent l'expérience du premier vol habité devant le roi Louis XVI. Leur ballon s'envola jusqu'à 480 mètres.
Le 19 octobre à la Folie Titon, aujourd'hui située rue de Montreuil à Paris, à l'époque encore bourg de Saint-Antoine, le premier vol humain dans l'espace eut lieu, effectué par Jean-Baptiste Réveillon, Jean-François Pilâtre de Rozier et Giroud de Villette. Le ballon était alors relié au sol par un cordage.
A Lyon, Joseph Montgolfier fit construire un énorme ballon, pour pouvoir couvrir de longues distances, de Lyon à Paris par exemple. Un ballon de 23 270 m3, un des plus grands jamais construits, d'un poids de sept tonnes, capable d'emmener sept personnes, fut mis en chantier. La construction fut assurée par un ami de Joseph, Fontaine, avec sous ses ordres 150 tailleurs et couturiers.
Jean-François Pilâtre de Rozier arriva à Lyon en décembre, appelé par Jacques de Flesselles (intendant de Lyon, équivalent à l'époque de préfet, qui baptisa le ballon de son nom). Les essais eurent lieu du 7 au 15 janvier 1784.
Le 19 janvier, le temps était propice à l'envol et 100 000 Lyonnais étaient présents pour l'occasion. Prirent place à bord du Flesselles, Joseph dont c'est le seul et unique vol, Pilâtre, le comte de Laurencin, le comte de Dampierre, le marquis de Laporte d'Anglefort, le prince de Ligne et Fontaine (le constructeur du ballon).
Le décollage fut laborieux mais se déroula normalement. Au bout de douze minutes de vol, le vent changea et ramena le ballon vers son point de départ. C'est alors qu'une déchirure apparut au sommet : le ballon perdit rapidement de l'altitude et atterrit brutalement. Les voyageurs furent choqués mais indemnes, ce qui ne fut pas le cas du ballon à moitié brûlé et donc irrécupérable.
La première femme à voler fut Élisabeth Thible, le 4 juin 1784 à Lyon.
Élisabeth Thible, ou Tible, née Élisabeth Estrieux, française, née à Lyon en 1765, était une chanteuse d'opéra et fut la première à avoir effectué un vol en ballon à gaz.
Le 4 juin 1784, alors âgée de 19 ans, elle prit place avec M. Fleurant à bord d'une montgolfière baptisée La Gustave en l'honneur du roi Gustave III de Suède, en visite à Lyon ce jour-là.
En fait, M. Fleurant devait tout d'abord s'envoler avec le comte de Laurencin qui avait déjà été passager du Flesselles. Mais probablement refroidi par l'atterrissage rude de sa première expérience, il laissa sa place à madame Thible pour ce vol expérimental (Courage, fuyons !).
Ils montèrent à une hauteur estimée de 1 500 mètres pour un vol de 45 minutes. Ils atterrirent brutalement à quatre kilomètres de leur point de départ. Madame Thible eut juste une cheville foulée.
Le 23 juin 1784, un ballon baptisé en l'honneur de la reine "La Marie-Antoinette", s'éleva à nouveau devant le roi de France et celui de Suède, à Versailles, emmenant Pilâtre de Rozier et un ami de ce dernier. Ils montèrent régulièrement, se dirigeant vers le nord.
Ils atteignirent l'altitude estimée de 3 000 mètres après avoir traversé les couches nuageuses. Hors de vue du sol, dans le froid et les turbulences, ils décidèrent de redescendre. Après 45 minutes de vol pendant lesquels ils parcoururent 52 km, ils se posèrent près de Luzarches, à côté de la forêt de Chantilly.
Ce jour-là, trois records du monde furent battus : celui de la distance, de la vitesse et de l'altitude.
En Octobre 1793, le Comité de Salut Public, convaincu de l’intérêt des ballons d’observation, ordonna la construction d’un ballon capable d’emporter deux observateurs.
Un groupe des meilleurs savants de l’époque fut chargé de diriger ces travaux dont le physicien Coutelle et le chimiste Nicolas Jacques Conté (l'inventeur du crayon gris Conté que nous connaissons tous - l’entreprise des crayons Conté a été achetée en 1979 par le groupe BiC, qui est l’actuel propriétaire de la marque-)
Afin d’instruire rapidement les hommes nécessaires au service de ces nouveaux aérostats, le Comité de Salut Public avait prévu leur formation. Le 31 octobre 1794, l’École Nationale d’Aérostation, sous la direction de Nicolas Conté, fut établie à Meudon.
En quatre mois, le premier aérostat militaire, l’Entreprenant, fut construit : c'était une enveloppe de soie recouverte d’un vernis, d’une capacité de 523 m3, équipée d'une nacelle pouvant emporter deux officiers et s'élever à 500 m.
La première utilisation des ballons se fit pendant la Bataille de Fleurus (1794), et c'est l'Entreprenant qui permit d'observer le déploiement ennemi.
La construction de ballons d’observation se poursuivit à Meudon : après l’Entreprenant, il y eut le Vétéran, le Précurseur, le Svelte, le Télémaque, l’Hercule, l’Intrépide. Tous furent des ballons sphériques de plus de 10 mètres de diamètre.
Les compagnies d'aérostiers furent définitivement supprimées le 28 janvier 1799.
Il n'y aura pas d'autres utilisations avant la Guerre de Sécession.
Après des débuts prometteurs, les montgolfières furent supplantées par les charlières, les ballons à gaz, dont le premier s'envola le 1er décembre 1783 avec à son bord l'inventeur même du ballon, le physicien Charles, et les frères Robert.
Pendant le siège de Paris par l'armée prussienne en 1870/71, des ballons à gaz, appelés à l'époque "ballon monté", car emportant des passagers, assurèrent les communications dans le sens Paris/province avec parfois quelques passagers souhaitant fuir Paris (un de ces passagers fut Léon Gambetta).
Durant la Première Guerre mondiale un usage intensif en fut fait pour les réglages d'artillerie et furent en compétition avec les débuts de l'aviation.
La Deuxième Guerre mondiale marqua la fin de ce type d'usage. Ils furent plutôt défensifs, pour gêner les mouvements de l'aviation.