Thaïlande : le Pont de la Rivière Kwaï
Le pont de la rivière Kwai a été construit au confluent des deux rivières, la Kwaï Yai et la Kwaï Noi, qui ensemble forment le fleuve Mae Klong River, à environ 4 km au nord de la ville de Kanchanaburi, près de la frontière birmane, et à 120 km à l'ouest de Bangkok.
Contrairement à ce que montre le film "Le pont de la rivière Kwaï", de David Lean en 1957, d'après le roman de Pierre Boule (1), où ce pont est construit en bois…
Le "vrai pont" ressemble à tous les ponts : en acier et en béton. C'est un pont métallique de onze travées démonté à Java en Indonésie et transporté à Kanchanaburi. L'assemblage des travées et les piliers en béton qui soutiennent le pont ont bien été élevés par les prisonniers de guerre.
Un pont en bois fut d’abord construit et terminé en février 1943. Il assurait la traversée de la Kwaï Yai pendant la construction du pont métallique toujours utilisé aujourd’hui.
Le coup d'État du 24 juin 1932 au Siam fut une transition sans effusion de sang d'une monarchie absolue vers une monarchie constitutionnelle. Parmi les conspirateurs se trouvait le lieutenant-colonel Plaek Pibulsonggram, plus connu sous le nom de Phibun. (Depuis la révolution "pacifique" de 1932, la Thaïlande a eu 22 Premiers Ministres, 53 Gouvernements, et la Constitution a été modifiée 16 fois).
En 1938 Phibun, qui avait le grade de major-général, devint premier ministre. C'était un admirateur de Mussolini et des régimes fascistes de l'Europe.
Devenu Maréchal, il décida que le Siam deviendrait la Thaïlande en 1939. Dans la langue thaï, "thaï" veut également dire "libre". En jouant avec les mots, Thaïlande se traduirait par "Terre des Hommes Libres", expliquant ainsi la fierté de ce peuple de n’avoir jamais été colonisé.
En 1940 le gouvernement de Phibun signa un traité d'amitié avec le Japon.
En 1940, profitant de l’affaiblissement de la France après la défaite de juin devant les Allemands, la Thaïlande attaquait l’Indochine française.
Les Thaïs, mieux équipés et plus nombreux que les forces françaises, dominèrent la guerre terrestre et aérienne. Mais ils subirent une défaite navale importante à la bataille de Koh Chang où plusieurs de leurs navires furent coulés sans perte pour la Marine française.
Les Japonais intervinrent alors pour servir de médiateurs. Les hostilités cessèrent avec la signature d’une convention de paix le 9 mai 1941 à Tokyo. La France, sous "l’injonction" du Japon, dut restituer à la Thaïlande les territoires situés au Laos et au Cambodge (Battambang, Siem Reap avec Angkor, et Sisophon).
En 1941, un traité d'alliance permettait au Japon d'utiliser les bases militaires de Thaïlande pour jeter ses armées sur la Birmanie.
Le 8 décembre 1941, l'armée japonaise envahit le sud de la Malaisie, alors sous protectorat britannique. Le gouvernement thaïlandais ayant tardé à donner l'autorisation de traverser son territoire, le Japon passa en force.
Suite aux revers des Alliées au début de la guerre (chute de Singapour le 15 février 1942), et convaincu que le Japon gagnerait la guerre, le 25 janvier 1942, le gouvernement de Phibun déclara la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni.
En 1942, les attaques de sous-marins alliés contre les convois japonais qui ravitaillaient les forces japonaises de Birmanie se firent plus nombreuses et plus virulentes. Il fallut donc trouver une route alternative pour acheminer ce ravitaillement.
Les Japonais commencèrent la ligne de chemin de fer Thaïlande-Birmanie, en juin 1942. Pour cela, une abondante main d’œuvre chinoise, vietnamienne, javanaise, malaise, thaïlandaise, birmane et indienne fut utilisée. En outre les Japonais forcèrent 60 000 prisonniers de guerre alliés (Britanniques, Australiens, Néerlandais, Américains, Canadiens) à y travailler.
Appelée la "Voie ferrée de la mort", c'est un chemin de fer de 415 km entre Bangkok et Rangoon. La portion thaïlandaise mesure environ 300 km. La construction a demandé un an, d’octobre 1942 à octobre 1943, au lieu des quatre années prévues par les architectes.
Au cours de la construction du fameux pont de la rivière Kwaï, 40 000 prisonniers périrent dans le camp de Kanchanaburi, près de la frontière Birmane.
Les victimes ont été enterrées dans deux cimetières plus au sud, le Kanchanaburi Allied War Cemetery et le Chung Kai Allied War Cemetery sur la rive opposée.
Répétition en vue d'une cérémonie de commémoration
Sur la longueur de la voie ferrée, 100 000 travailleurs moururent sur le chantier en raison de maltraitances ou de maladies.
Cimetière asiatique
Le Pont de la rivière Kwaï a été bombardé par les alliés et partiellement détruit par des Libérators de la R.A.F. en juin 45. Les deux travées centrales furent détruites. À la fin de la guerre les Japonais ont restauré la ligne à titre de dommages de guerre. Les deux travées centrales se distinguent par leur forme rectangulaire.
Photo (voir sources)
En 1944, il était évident que les Japonais allaient perdre la guerre et leur comportement en Thaïlande était devenu de plus en plus arrogant. Le régime de Phibun devint très impopulaire. En juillet 1944, Phibun fut chassé par le gouvernement de l'opposant Seni Pramoj fondateur des Forces Thaïlandaises Libres.
Cette opposition fait que les Alliés ne considérèrent pas la Thaïlande comme une nation vaincue. Elle fut cependant obligée de restituer les territoires annexés quelques années auparavant à la Birmanie, au Laos et au Cambodge.
(1) Pierre Boulle, né le 20 février 1912 à Avignon et mort le 31 janvier 1994 à Paris 16e, est un écrivain français. Agent de la France libre en Asie du sud-est pendant la Seconde Guerre mondiale, il est l'auteur du Pont de la rivière Kwai en 1952 et de La Planète des singes en 1963.
En 1941, Pierre Boulle qui travaillait dans une plantation de caoutchouc en Malaisie, rejoignit la France libre à Singapour où il devint officier de liaison (sous-lieutenant) du commandant Baron, responsable de la France Libre auprès des Britanniques.
Après un entraînement spécial et muni d'un faux passeport anglais, sous l'identité de Peter John Rule, il part en mission contre les Japonais. En 1942, il est capturé par les militaires français du gouvernement de Vichy qui le condamnent aux travaux forcés à perpétuité. Deux ans plus tard, en 1944, il parvient à s'évader de Saïgon et rejoint la Force 136 du SOE en Asie du sud‑est à Calcutta (à lire : "Aux sources de la Rivière Kwai", son roman autobiographique).
Dans le film Le Pont de la rivière Kwaï, le sabotage du pont est effectué par un commando d’une Force 316. En fait, il s’agit bien de la Force 136, les acteurs arborant d’ailleurs sur la manche de leur uniforme l'écusson de cette force spéciale.
Il s'agit là d'un "clin d'œil" de l'auteur du roman qui inspira le film. Pierre Boulle, membre de la France libre, fut lui-même un soldat de cette force spéciale.
Sources :
Wikipédia et :
http://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=1177
http://www.kanchanaburi-guide.com/la-ligne-de-chemin-de-fer-thonburi-namtok.html
http://www.kanchanaburi-guide.com/le-pont-de-la-riviere-kwai-kanchanaburi.html