Maroc : vers les dunes de Merzouga
Même si de nos jours de plus en plus de 4X4 conduites par des guides berbères sillonnent les pistes du désert, les Berbères n'ont pas pour autant renoncé à leurs dromadaires. Ces derniers restent encore très présents, et avec leurs troupeaux de chèvres et de moutons, représentent toute leur richesse.
Le langage des dromadaires
"Pour les tribus de l'Aïr, le dromadaire n'est pas seulement un moyen de transport, c'est aussi un compagnon de route, et une source inépuisable de renseignements.
La vie en brousse se trouve donc souvent conditionnée par le comportement des dromadaires ; les nomades savent interpréter le moindre de leurs gestes, et certains même n'hésitent pas à dire que leur dromadaire leur parle.
Ainsi, par exemple, lorsque le matin de bonne heure, un dromadaire contourne le camp plusieurs fois et vient s'agenouiller en blatérant face à la tente de son maître, il annonce des étrangers.
Lorsqu'un dromadaire renifle l'air à l'Est, et garde cette position depuis l'aurore jusqu'à une certaine heure de la matinée, il annonce un orage.
Quand un dromadaire en rut ne veut pas aller avec ses femelles dans une direction donnée, c'est qu'il a senti la présence d'un autre troupeau avec un autre mâle, et cela dans un rayon d'une trentaine de kilomètres.
Pendant les transhumances, ce sont aussi les dromadaires qui renseignent les éleveurs sur la localisation des pâturages et la présence de l'eau.
Lorsqu'un dromadaire de selle ne veut pas lever le cou et reste allongé pendant qu'on le harnache, il avertit son propriétaire qu'il va au‑devant de problèmes, qu'il ferait mieux de renoncer à son voyage et de rester sous sa tente à boire du thé.
C'est de cette manière aussi que les nomades arrivent à échapper, grâce aux enseignements du comportement de leurs dromadaires, à toutes sortes de tracasseries et de dangers ; ainsi au moindre signe, ils n'hésiteront pas à lever rapidement le camp, pour éviter les percepteurs d'impôts et les gardes forestiers, ou pour cacher les dépouilles des animaux sauvages illégalement capturés.
C'est sans doute ce qui explique l'attachement particulier que les populations de l'Aïr ont pour cet animal, une affection qui ne s'est pas démentie de nos jours, même à l'époque de l'automobile."
Extrait du livre :
"Contes et légendes touaregs du Niger" recueillis par Laurence Rivaillé et transcrits par Pierre-marie Decoudras
Il est sûr, que si on ne veut pas rester ensablé, il vaut mieux avoir un dromadaire !