Les minorités ethniques de Thaïlande (1) : Chinois et karen
Pays d'environ 65 millions d'habitants, la Thaïlande est composée d'une grande variété de groupes ethniques (plus de 30 groupes recensés). On distingue principalement 6 groupes de "tribus montagnardes" : les Karen, les Hmong, les Mien, les Lahu, les Akha et les Lissu. On y rencontre aussi des Khmers à la frontière avec le Cambodge, des Lao à la frontière avec le Laos, et des Malais dans le sud de la Thaïlande.
La plupart des ethnies qui habitent dans la région du Triangle d'Or et le long de la frontière birmane sont venues du sud et du sud-ouest de la Chine. Ce sont les Hmong, les Mien, Les Lahu, le Akha et les Lisu. Ces "tribus montagnardes" ont gardé dans leur culture des traces de leur contact avec les Chinois.
Certaines minorités sont installées en Thaïlande depuis très longtemps, souvent même avant les Thaïs, dont les principales vagues d'immigration sur le territoire qui constitue l'actuelle Thaïlande se situent entre les XIe et XIIIe siècles après JC.
Les Thaïs constituent les 4/5 de la population thaïlandaise. Ils seraient originaires de la Chine du nord-ouest et auraient commencé à descendre vers le sud au XIIe siècle, pour échapper aux incursions de Gengis Khan. Mais c'est ce peuple, qui, avec habilité et détermination, a su imposer aux autres ethnies sa vision de la civilisation, tout en empruntant aux Khmers et aux autres ethnies des éléments fédérateurs propres à créer un esprit commun.
La Thaïlande est assez homogène au niveau linguistique, avec 85% de la population parlant une langue thaï et partageant une culture commune.
Ces langues thaïes comprennent le thaï central, le thaï du Nord-Est ou issan, le thaï du Nord ou Lanna et le thaï du Sud.
Le thaï central est considéré comme le thaï standard (enseigné à l'école et utilisé par le gouvernement), tandis que le thaï du Nord-Est est très proche du lao. Le thaï du Nord et le thaï du Sud utilisent parfois quelques mots spécifiques. Toutes les variétés sont mutuellement compréhensibles, et la plupart des locuteurs peuvent s'exprimer en thaï standard si les circonstances le demandent.
Des immigrants chinois se sont installés en Thaïlande attirés par un fort développement économique à Bangkok au milieu du XIXe siècle. Ces immigrants chinois se sont montrés très habiles dans les affaires et aujourd'hui, ils sont à la tête de grosses entreprises en Thaïlande. La population chinoise se monte environ à 10 millions de personnes, soit près de 12% de la population totale du pays.
LES KAREN
On compte plus de 400 000 Karen habitant en Thaïlande. Leur zone de peuplement se situe dans le nord du pays, le long de la frontière birmane et autour de Chiang Mai. C'est au XVIIIe siècle que les premiers Karen venant de Birmanie s'installèrent en Thaïlande en traversant la rivière Salouen. D'autres suivirent plus tard, au XXe siècle notamment, lors d'épisodes d'instabilités et de guerre civile en Birmanie.
La provenance des Karen n'est pas très bien établie. Selon leur légende, ils viendraient du pays de "Thibi Kawbi", qui pourrait être le Tibet ou le désert de Gobi. La grande majorité de ce peuple (plus de 4 millions de personnes) réside en Birmanie.
Ce sont d'excellents cultivateurs. Ils utilisent le principe de la jachère pour leurs cultures. Ils veillent aussi à ce que les terres défrichées par le feu soit protégées au-dessus de la pente par une bande de forêt pour éviter le ruissellement. Ils cultivent surtout le riz, les fruits et légumes mais également des arachides.
Ils élèvent cochons, poulets et buffles.
Ils ont des éléphants dont ils sont le cornac.
Ce sont aussi d'excellents tisserands.
Les Karen sont surtout animistes et croient en l’existence du "Seigneur de la Terre et de l’Eau" qui possède toutes les terres, l'eau, les rochers, les arbres, les champs cultivés ou en friche. Les cérémonies sont dirigées par un "prêtre", sorte de chef du village, dont la fonction est transmise par hérédité.
En plus des esprits ancestraux, les Karen respectent également les esprits de la nature qui vivent autour du village. Ils les apaisent avec des offrandes : ces esprits ne sont pas forcément méchants, mais sont réputés pour être particulièrement capricieux.
Les Karen sont monogames, et la famille, constituée d’un couple marié et de leurs enfants, constitue la base sociale et économique de la tribu.
Chez les Karen, on se marie pour la vie : le divorce est fortement désapprouvé et l'adultère condamné.
Source : "Peuples du Triangle d'Or" de Paul et Elaine Lewis.