Le Chiapas : un état du Mexique
La région faisait partie de l'aire maya de la Mésoamérique. Le nord du Chiapas vit s'épanouir certaines des cités mayas les plus prestigieuses : Palenque, Tonina ou encore Bonampak.
Palenque
À l'époque coloniale, le Chiapas dépendait de la Capitainerie générale du Guatemala.
Le 28 août 1821 le Chiapas se déclara indépendant de l'Espagne.
En 1824, c'était l'un des derniers états à devenir l'un des 31 états des États-Unis du Mexique. Sa capitale est Tuxtla Gutiérrez.
Blason du Chiapas
Situé au sud de la péninsule du Yucatán, il est entouré par l'État d'Oaxaca à l'ouest, celui de Tabasco au nord et par le Guatemala à l'est. Le Pacifique baigne son côté sud.
Ses basses terres recouvertes par la jungle à l'est sont habitées par les Indiens Lacandóns : ils ont fui leur région d'origine, le Yucatán, à l'arrivée des Espagnols au XVIIème siècle.
Sa superficie est de 75 600 km2, soit 3,8% de la superficie totale du Mexique.
Bartolomé de Las Casas fut évêque de San Cristobal au XVIe siècle, ville qui plus tard s'appellera San Cristóbal de las Casas.
Le Chiapas est l'État du Mexique qui compte le moins de personnes se déclarant catholique. Dans les zones peuplées par les indigènes, on note un fort mélange entre les rites catholiques et les cultes préhispaniques.
Dans l'église ci-dessus du village San Juan Chamula (au nord de San Cristobal de las Casas), des chamans assis sur des tapis d'herbes, psalmodient des incantations, dont l'air ressemble aux prières des moines tibétains, pour conjurer les maladies ou le mauvais sort, devant des familles ayant apporté quelques offrandes.
Pour ce fait, certains Chamans utilisent des bougies comme partie intégrante de leur rituel. Elles sont allumées en permanence devant eux et suivant le but recherché, ils utiliseront des bougies blanches pour purifier, des rouges pour attirer l'amour, des jaunes pour devenir riches, des vertes contre la jalousie, des bleues pour l'élévation spirituelle, et enfin des noires, uniquement pour jeter des mauvais sorts. (Martine Pédron, "médecine traditionnelle au Mexique")
Le Chiapas compte 3,9 millions d'habitants. Les indigènes représentent 25% de la population. Ils sont surtout présents dans une large part nord-est de l'état.
Au Mexique, le mot indio (indien) est dévalorisant et à connotation raciste. Il faut préférer le terme "indigène".
Neuf groupes ethniques différents sont identifiés au Chiapas : Cakchiqueles, Choles, Lacandones, Mames, Mochós, Tojolabales, Tzeltales, Tzoltziles et Zoques. Les plus nombreux sont les Tzeltales et les Tzoltziles.
Le Chiapas est l'état du Mexique où le niveau de vie est le plus bas. Les populations indigènes étant les plus déshéritées :
30 % de la population est analphabète et plus de 80 % n'a pas accès au système de santé ; 19 % des actifs sont sans ressources et 40 % disposent d'un revenu inférieur au salaire minimum ; 29 % des enfants échappent à la scolarisation obligatoire ; 35 % des agglomérations ne possèdent pas l'électricité ; trois logements sur cinq n'ont pas l'eau courante.
L'agriculture constitue la principale activité économique du Chiapas. Les principaux produits agricoles du Chiapas sont le café, la banane, le cacao, le maïs et la mangue. L'activité industrielle du Chiapas concerne essentiellement le traitement des produits agricoles (café, sucre, lait, cacao).
L'économie du Chiapas est pour partie liée au tourisme national et international.
La production de pétrole brut et de gaz naturel est importante dans le nord de l'état, elle représente 6 % du pétrole brut et 23 % du gaz naturel produits au Mexique.
Avec 7 centrales hydroélectriques, le Chiapas fournit 44 % de l'énergie électrique du pays.
La région est aussi connue pour avoir été à l’origine du mouvement de contestation de la mondialisation.
Tout commença le 1er janvier 1994, le jour où entre en vigueur l'accord sur l'ALENA (Accord économique de libre échange, traité économique signé par les Etats-Unis, le Canada et le Mexique), tournant libéral souhaité par le F.M.I. (Fonds monétaire international).
Les troupes paramilitaires du "Sous‑Commandant Marcos" investirent et occupèrent les principales villes de l'état du Chiapas, dont San Cristóbal de Las Casas, la plus touristique de la région.
San Christobal de Las Casas
Au début, les combats furent limités. Le gouvernement fut dépassé car il n'y avait pas beaucoup d'informations et on ne savait pas trop ce qu'il se passait... On envoya l'armée qui tenta rapidement de reprendre les choses en main. Il y eut des bombardements massifs sur les positions zapatistes et des combats très durs dans les rues des villes.
Le 12 décembre 1994, on dénombra 400 morts. Voyant que la situation ne tournait pas à son avantage, le président Carlos Salinas ordonna à l'armée d'appliquer un cessez-le-feu et dépêcha un émissaire pour entamer des discussions avec ces rebelles qui semblaient déterminés.
Les rebelles, appelés les "Zapatistes" en souvenir d'Emilio Zapata, refusaient le traité de l'ALENA perçu comme une nouvelle forme d’asservissement. La mondialisation était et est toujours pour eux synonyme d’une domination supplémentaire des pays riches sur les pays pauvres.
Emiliano Zapata (1877-1919), Indien et paysan libre du Morelos, s'engagea au début du XXème siècle dans les conflits qui opposaient vivement les communautés indiennes et les grands propriétaires des haciendas autour de la question foncière.
Zapata prit les armes en novembre 1911 pour obtenir "la restitution de la terre à ses anciens possesseurs".
En 1914, Emiliano Zapata et Pancho Villa entrèrent dans Mexico, mais le pouvoir leur échappa. Zapata poursuivit alors son combat, mais il fut défait en 1916 puis assassiné en 1919.
Incarnation de la réforme agraire, Zapata devint un héros populaire, intégré au mythe révolutionnaire mexicain. Son personnage sera repris au cinéma notamment par Elia Kazan, qui réalisa en 1952 le célèbre "Viva Zapata !", interprété par Marlon Brando.
L'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), née en 1993, est issue du Parti des forces de libération nationale (PFLN) dont Rafael Guillen Vicente fut le secrétaire aux affaires militaires puis le commandant du front sud-est, sous le pseudonyme de Marcos.
Rafael Guillen Vicente, alias "sous-commandant Marcos" est né le 19 juin 1957 à Tampico, port industriel de l'Etat de Tamaulipas (nord-est du pays) sur le Golfe du Mexique. Il a grandi dans une famille relativement aisée de négociants en meubles. Après une scolarité dans un collège de Jésuites, il suivit des études de philosophie à Mexico et devint professeur d'arts graphiques à l'université.
Métier à tisser maya
En 1984, cet admirateur de Che Guevara a rejoint le mouvement néo-zapatiste. Son autorité et ses qualités de pédagogue assurèrent rapidement son ascension. En 1993, sous le pseudonyme de Marcos, le "subcomandante" dirigea le front sud-est de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) qui comprenait le Tabasco, l'Oaxaca et le Chiapas.
Encore aujourd'hui, le mouvement met en avant la défense d’idéaux (liberté, justice, démocratie…) et souligne la situation qui est celle des Indigènes (qui n’ont accès ni à la propriété de la terre, ni aux soins médicaux, ni au travail, ni à l’éducation…).
Le 24 février 2001 le sous-commandant Marcos et vingt-trois chefs de l’EZLN entamèrent une marche pacifique, ponctuée de réunions publiques, qui devait les mener depuis le Chiapas jusqu’à Mexico.
Le 11 mars 2001 les néo-zapatistes reçurent un accueil triomphal sur la place du Zocalo de Mexico.
Le conflit du Chiapas n'est pas apparu du jour au lendemain. En ce qui concerne les antécédents de ce conflit, on peut identifier différents facteurs :
1) Le conflit du Chiapas se fonde sur le paradoxe d'un état riche mais avec une des populations les plus pauvres de la nation.
2) Une situation de forte discrimination raciale (bien que la population indigène représente quasiment 30% de la population totale).
3) Du fait des caractéristiques du néolibéralisme et de la mondialisation qui tendent à renforcer l’exclusion, comme par exemple la réforme de l'article 27 de la Constitution en 1992 qui, en facilitant la commercialisation des terres, a signifié un affaiblissement de la structure fondamentale de l'organisation communautaire indigène.
Aujourd'hui, la situation au Chiapas s'est figée et rien de conséquent n'est venu confirmer les belles promesses des autorités gouvernementales mexicaines : les peuples indigènes ne comptent toujours pas politiquement.
Sources : la Documentation française
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/chiapas/index.shtml