La Longue Marche des Aztèques
Selon la légende, les Aztèques (ou Mexicas) vivaient à Aztlan, ville mythique de leur cosmogonie. Dans les textes anciens, la localisation de cette cité, le plus souvent représentée sous la forme d'une montagne entourée d'eau, vaguement qualifiée de lointaine, se situerait dans le sud des États-Unis actuels. Les Aztèques revendiquaient leur appartenance aux Sept Tribus Nahuas qui seraient sorties du mythique Chicomotzoc, les Sept Cavernes, le lieu où naquit le Monde.
Suivant les indications de leur dieu tutélaire Huitzilopochtli (Dieu de la Guerre et du Soleil), ils migrèrent vers le sud dès 1168 pour aller trouver leur "Terre Promise". Ils auraient erré pendant plusieurs générations avant de se fixer sur le site actuel de Mexico. Là, en s’interposant entre des groupes de populations déjà installées, ils auraient fini par se mélanger avec les ethnies locales, adoptant leurs pratiques religieuses et culturelles.
Arrivés tardivement dans la vallée de Mexico, ils durent affronter les autres tribus nahuas qui les considéraient comme indésirables. Ils se réfugièrent alors sur les terres de la cité de Culhuacan qui leur concéda, en 1299, un territoire dans la région de Tipaza. Mais l'endroit était très hostile, infesté de serpents. Cependant les Aztèques s'adaptèrent à la région et firent des serpents leur nourriture.
En 1323 leur dieu Huitzilopochtli leur ordonna d'aller quérir la fille du roi de Culhuacan pour qu'elle devienne leur déesse de la guerre, Yaocihuatl.
Le roi accepta sans imaginer le funeste dessein des Aztèques : la fille fut sacrifiée et un prêtre se vêtit de sa peau. Le roi de Culhuacan, venu assister aux festivités en l'honneur de la nouvelle déesse, fut saisi d'horreur et déclara la guerre aux Aztèques. Une fois encore les Mexicas (nom originel des Aztèques) durent fuir.
En 1325, leur Dieu Huitzilopochtli leur révéla alors que son temple et sa cité devaient être construits au milieu des joncs sur une île rocheuse où l'on verrait un aigle dévorant un serpent. En quête de ce nouveau monde, la tribu s'arrêta dans la vallée d'Anáhuac près des volcans Ixtaccíhuatl et Popocatépetl. Là, ils découvrirent au milieu du lac Texcoco, un aigle dévorant un serpent sur un nopal (figuier de barbarie).
Monument à la Gloire de la Patrie, Mérida, Mexique
L'aigle, c'est le soleil, le dieu Huitzilopochtli ; le serpent, c'est l'obscurité. L'aigle qui dévore le serpent, c'est l'astre du jour qui apparaît, les ténèbres qui se dissipent. Les fruits du nopal : les autochtones, les futures proies, les cœurs humains offerts en nourriture à leur dieu tutélaire.
Ci-dessous, les armoiries du Mexique :
La prophétie venait de s'accomplir et mettait ainsi un terme à leur longue errance. Mais d'autres peuples habitaient déjà sur les berges du lac, et les nouveaux venus durent se contenter d'un îlot entouré de roseaux. Ils subsistèrent grâce à la pêche et à la chasse.
Ils décidèrent alors d'y édifier une cité extraordinaire après avoir asséché les marécages pour agrandir leur domaine. Comme ils n'avaient pas de terre, ils construisirent des jardins flottants, les chinampas, sur des plates-formes de joncs.
Ci-dessous : dessin de Jean Torton, illustration tirée de la BD les voyages d'Alix, "les Aztèques" de Jean Torton et Jacques Martin.
Ci-dessous, les jardins flottants de Xochimilco sont tout ce qui reste du temps des Aztèques :
Le style des chinampas consiste à déposer une certaine quantité de boue sur un treillis de joncs et de branches qui s'enfoncent progressivement. On continue d'ajouter de la boue et quand le treillis touche le fond, on plante tout autour des piquets, des arbres qui, en prenant racines, consolident le terrain. En l'année 1345, Tenochtitlan naissait.
Lorsque les Espagnols la découvrirent, resplendissante de blancheur, traversée par des canaux, couverte de jardins, ils en furent éblouis et la comparèrent aux cités légendaires des romans de chevalerie.
(Fresque du musée d'anthropologie de Mexico)
La ville et ses banlieues côtières, comme Tlaltelolco, dont le marché attirait chaque jour plus de 20 000 personnes, étaient reliées au rivage par trois chaussées surélevées, l'une au nord, une autre à l'ouest, la dernière au sud. Ces routes, construites en pierres et en mortier, étaient coupées en de nombreux endroits par des ponts de bois facilement démontables. Tenochtitlan était ainsi quasiment imprenable.
(Fresque de Diego Rivera, Palais National de Mexico)
Une activité débordante y régnait. C'est là qu'arrivaient les marchands chargés de biens de luxe, de plumes, de cacao et de pierres précieuses.
(Fresque de Diego Rivera, Palais National de Mexico)
Mexico était déjà l'une des villes les plus denses du monde avec plus de 200 000 habitants alors que Séville, à la même époque, n'en avait guère plus de 70 000.
(Représentation du marché de Tlatelolco à Tenochtitlan, musée d'anthropologie de Mexico)
La civilisation aztèque maintiendra pendant un siècle son hégémonie par la force, en percevant des tributs de ses rivaux et en pratiquant des sacrifices religieux. La seule menace de l’empire aztèque vint des Tarasques qui bâtirent à l’ouest un empire autour de Patzcuaro.