Guyane : les Îles du Salut (1) : le Paradis
Les îles du Salut sont constituées de trois îlots d'origine volcanique rattachés à la Guyane, et situés à une vingtaine de kilomètres au large de Kourou, à environ une heure de bateau.
Départ de Kourou : ci-dessous, la pointe des Roches où était situé un des bagnes à "vocation agricole", remplacé aujourd'hui par un hôtel.
La tour ci-dessous, appelée la Tour Dreyfus, était un sémaphore permettant de correspondre en morse avec les Îles du Salut.
Le CNES est propriétaire de l'ensemble des trois îles, à l'exception de trois enclaves restées propriétés de l'État pour des besoins liés au fonctionnement du phare (l'entretien et la gestion de ces enclaves sont assurés par la DDE).
Les îles sont situées sous la trajectoire des lanceurs et représentent donc un site stratégique. Elles sont évacuées lors des lancements de la fusée.
D'abord nommées "Îles du Triangle" par les premiers explorateurs en raison de leur disposition, les îles du Salut prirent ensuite le nom d' « Îles du Diable » en raison des forts courants marins qui rendaient leur accès très périlleux.
Seules les îles Royale et Saint-Joseph sont accessibles, l'Île du Diable étant strictement interdite d'accès, notamment à cause de très forts courants. Par contre, ici, les eaux bleues et turquoise nous font davantage penser aux îles des Caraïbes.
L'Île Royale est la plus grande avec une superficie de 28 ha.
La "villa" qui domine la baie des cocotiers était celle du directeur du bagne.
Les quais de l'Île Royale avec sur la gauche les magasins et le poste de police (au temps du bagne).
Dénommée "Royale" sous le règne de Louis le Quinzième, elle devient lieu de haute sécurité pendant le bagne sous la Troisième République.
Maison du directeur du bagne :
Le Centre Spatial Guyanais, propriétaire de l'île, y a installé en 1968, un cinéthéodolithe, système optique de poursuite et d’observation des lanceurs, remplacé depuis 1995 par un cinétélescope. Le CSG participe également à la restauration des vestiges du bagne.
Les bâtiments administratifs du bagne transformés en hôtel (pour deux personnes : pension complète 235 € / jour).
Les maisons restaurées des gardiens peuvent maintenant se louer (il faut quand même compter aux environs de 60 € la nuit).
Piscine des bagnards :
L'Île Saint Joseph, du nom du saint protecteur de la malheureuse expédition de Kourou, a une superficie de 20 ha. Elle fut choisie pendant la période du bagne, comme lieu de réclusion, d'asile de fous et de cimetière des surveillants. Elle devint l'île la plus redoutée des bagnards.
Des ruines importantes y subsistent, envahies par la végétation, ce qui donne à l'endroit une ambiance très particulière. L'île Saint Joseph abrite la seule plage des îles du Salut sur la côte Nord. Mais cette plage est très dangereuse toujours à cause de forts courants.
Un poste de la Légion étrangère y est établi.
Aucune liaison directe n'existe depuis Kourou, mais la société maritime qui assure la liaison entre Kourou et l'île Royale peut y transporter des passagers à l'aide d'un petit bateau à moteur.
L'entretien des sentiers est assuré par la Légion Etrangère.
L'île du Diable est la plus petite avec 14 ha. L'île du Diable aurait été baptisée ainsi par les indiens Galibis qui ont fait de cet îlot rocheux dépourvu de végétation (à l'époque) la résidence de l'Iroucan, c'est-à-dire de l'esprit du mal.
Cette petite île rocheuse longue de 1 200 mètres et large de 400 mètres, aujourd'hui recouverte de cocotiers, a servi de bagne pour les prisonniers politiques.
L'expédition de Kourou (1763-1765)
En 1763, la Grande-Bretagne prend possession de la Nouvelle-France en vertu du traité de Paris qui met fin à la guerre de Sept Ans (1756/1763).
Ayant perdu une très grande partie de ses terres en Amérique, le gouvernement français décide d’envoyer une grande expédition en Guyane. Choiseul, ministre de la marine, envoie en Guyane entre 9 000 à 12 000 personnes, tentées par les légendes de l’Eldorado véhiculées par la propagande du gouvernement.
Ces nouveaux arrivants débarquent à Kourou, après une longue et difficile traversée de 51 jours. Le premier convoi quitte Rochefort en octobre 1763 et arrive à Kourou le 20 décembre. Les autres le suivent peu après. Mais tous débarquent en Amazonie en pleine petite saison des pluies, aux embouchures du fleuve Kourou. Ce sera la seule tentative massive de colonisation volontaire de la Guyane.
L’intendant nouvellement nommé pour l’expédition est Jean -Baptiste Thibault de Chanvalon.
Les conditions de vie étant très mauvaises, principalement à cause des marécages et de l’expédition mal préparée, on estime que les trois-quarts des colons sont décimés en peu de temps par les fièvres et autres maladies. Sur 12 000 colons, en incluant les soldats et les naissances sur la terre guyanaise, 7 000 décèdent avant le 1er octobre 1765 et de 2 à 3 000 sont rapatriés.
Certains se réfugient aux îles du Salut, baptisées ainsi par Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon (ou Chanvallon) en 1763 lorsqu'il y installe des colons survivants des épidémies. Les îles, grâce aux alizés quasi-permanents, n’ont presque pas de moustiques porteurs de maladies.
Elles ont depuis cette date gardé le nom "d'Îles du Salut", mais les Anglais continuent à appeler ces trois îlots les "Devil's islands".