Crète : Phaistos, cité minoenne
Phaistos est l'un des palais les plus anciens de l'époque minoenne, le deuxième d'importance après Cnossos. Le Palais de cette ville s'étend sur presque 8 300 m². Phaistos était le centre de la Crète centrale sud. Et son roi était Rhadamanthe, frère de Minos. Le palais fut construit en haut d'une colline d'où la vue sur la plaine de la Messara est magnifique.
Phaistos : point jaune sur la carte
Les fouilles ont commencé en 1900 avec l'Italien Federico Halbert. Les archéologues ont dégagé deux palais dont les ruines s'imbriquaient étroitement. Le premier fut détruit par un séisme vers 1600 av JC et remplacé par un second palais lui aussi détruit par un séisme vers1450 av JC.
L'entrée du palais se fait au Nord-ouest par un escalier menant à la cour haute.
C'est une cour dallée. Autour de cette cour rectangulaire centrale s'organisaient les quartiers fonctionnels comportant des magasins de stockage, des pièces à fonction religieuse et des salles d'apparat. Ce sont ces dernières qui ont fait suggérer aux spécialistes un pouvoir central.
Au pied de la cour on trouve huit gradins de vingt-deux mètres de large on suppose que le public s'asseyait dans ces gradins pour assister à des spectacles ou des cérémonies religieuses.
L'étude de la religion minoenne repose sur les objets découverts lors des fouilles des différents sites archéologiques de Crète, mais il n'est pas possible de dissocier les figurines féminines néolithiques de celles retrouvées aux époques suivantes dans les sanctuaires et représentant ce qu'on considère être la «Grande déesse minoenne». Cette déesse-mère serait la plus ancienne conception de la divinité.
La divinité féminine préhellénique prend des formes variées et nombreuses, et on ne sait pas avec exactitude si ces formes correspondent à des déesses différentes ou à des aspects divers d'une seule déesse. Parfois, elle apparait comme une déesse aux serpents, les serpents étaient considérés comme un symbole de l'aspect souterrain.
La civilisation minoenne donne l'impression d'avoir été matriarcale, et pendant longtemps on considéra qu'il n'y avait pas eu de dieu mâle dans la religion crétoise.
Au Sud-ouest de la cour, on peut apercevoir tout un complexe de magasins et d'énormes silos. Au sud, le labyrinthe est un complexe de pièces à caractère sacré, on y trouve deux bains lustraux et des murs gravés du symbole de la double hache.
Les cornes du taureau sont associées à des double-haches stylisées en demi-lune. La double hache (labrus) était un des symboles sacrés des Minoens. La hache à double tranchant est à la fois destructrice et protectrice. Le mot "labrys" qui signifie "double hache" pourrait expliquer l'origine du mot "labyrinthe". "Le palais aux doubles haches", est le nom donné par les Grecs au palais de Cnossos, palais où ce symbole est largement représenté.
Bijoux retrouvés dans diverses tombes
Le quartier Nord-est était un quartier d'habitations et d'ateliers.
C'est dans un de ces ateliers que l'archéologue italien Luigi Pernier a trouvé, en 1908, un disque d'argile cuite qui date de l'époque néopalatiale (1700/1450 av JC). Appelé "disque de Phaistos" le disque a un diamètre qui varie de 15,8 cm à 16,5 cm, et une épaisseur comprise entre 16 à 21 mm. Il est couvert, sur ses deux faces, de hiéroglyphes imprimés à l'aide de poinçons.
Disque exposé au musée d'Héracklion
Sur une face, 122 hiéroglyphes en 31 groupes séparés l'un de l'autre par un trait vertical. Sur l'autre 199 en 30 groupes pareillement séparés.
En tout, ce sont 321 signes, dont 45 différents qui recouvrent le disque, en formant une spirale partant de l'extérieur vers le centre de l'objet.
Disque vendu dans les magasins de souvenirs
Son usage, sa signification et même son lieu de fabrication font l'objet d'âpres discussions. À ce jour, aucun autre objet similaire n'a été retrouvé.
Non seulement le texte du disque de Phaistos est court, mais on n'en connaît pas la langue. On ne s'accorde même pas sur le sens de l'écriture : du centre à la périphérie, ou l'inverse.
A moins de découvrir quelque part ou bien des centaines de tablettes couvertes de la même écriture, ou bien une tablette avec sa traduction dans une langue connue, on ne pourra jamais déchiffrer le disque de Phaistos.
Jarres géantes découvertes dans les ruines de Phaistos :
Les quatre plus grands palais crétois que sont Cnossos, Maila, Phaistos et Kato Zakros, sont construits sur le même modèle :
Un palais intégré dans la ville avec une cour centrale orientée Nord/Sud.
Un plan calculé avec des formes géométriques carrées ou rectangulaires.
A l'Ouest de la cour centrale, le quartier réservé aux sanctuaires.
A l'Est de la cour centrale, les appartements royaux.
Une architecture sur plusieurs étages avec de nombreux escaliers.
Une construction en brique et bois avec chaînage, encadrements et poutres sur soubassement en pierre pour résister aux séismes.
Des quartiers d'artisans sont liés au palais où se trouvent de vastes entrepôts.
Le confort intérieur n'est pas oublié : Adduction d'eau par aqueduc avec tuyaux en terre cuite, bains lustraux, salles de bain avec baignoire et évacuation d'eau, toilettes avec évacuation, réseau d'évacuation des eaux usées (dans son château de Versailles, Louis XIV n'avait pas un tel luxe !).
L'urbanisme n'est pas négligé : les rues, les cours, les places sont pavées. Les rues rayonnent à partir du palais et un réseau de routes relie les quatre palais.
La ville avec son urbanisme est née en Crète.