Crète : l'Oubli
Voici quelques photos de Crète pour illustrer un poème de Jose-Maria de Heredia :
L’Oubli (les Trophées 1893)
Le temple est en ruine au haut du promontoire.
Et la Mort a mêlé, dans ce fauve terrain,
Les Déesses de marbre et les Héros d’airain
Dont l’herbe solitaire ensevelit la gloire.
Seul, parfois, un bouvier menant ses buffles boire,
De sa conque où soupire un antique refrain
Emplissant le ciel calme et l’horizon marin,
Sur l’azur infini dresse sa forme noire.
La Terre maternelle et douce aux anciens Dieux
Fait à chaque printemps, vainement éloquente,
Au chapiteau brisé verdir une autre acanthe ;
Mais l’Homme indifférent au rêve des aïeux
Écoute sans frémir, du fond des nuits sereines,
La Mer qui se lamente en pleurant les Sirènes.
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d'origine cubaine, né sujet espagnol et naturalisé français en 1893. Il vint en France à l'âge de neuf ans pour poursuivre ses études au collège Saint Vincent de Senlis, où il resta jusqu’à son baccalauréat, en 1859.
De retour à Cuba en juin 1859, il passa un an à La Havane. C'est à Cuba qu'il composa les premiers poèmes français, mais n'y trouvant pas l'ambiance de travail qu'il avait connue en France, et l'équivalence du baccalauréat français lui étant refusée pour des raisons administratives, il revint en France en 1861.
En tant que poète, c'est un des maîtres du mouvement parnassien. Son œuvre poétique est constituée d'un unique recueil, Les Trophées, comprenant 118 sonnets qui retracent l'histoire du monde, comme Les Conquérants, ou comme Le Récif de corail.
Le Parnasse est un mouvement poétique qui apparaît en France dans la seconde moitié du XIXe siècle en réaction aux excès lyriques et sentimentaux du romantisme de la poésie de Lamartine et de Musset.
Le nom Parnasse est, à l'origine, celui d'un massif montagneux de Grèce. Dans la mythologie grecque, ce massif était, comme Delphes, consacré à Apollon et il était considéré comme la montagne des Muses, le lieu sacré des poètes. Le Parnasse devenu le séjour symbolique des poètes, fut finalement assimilé à l'ensemble des poètes, puis à la poésie elle-même.