Le sémaphore de la Pointe du Raz
Situé à la pointe extrême du continent, le sémaphore de la Pointe du Raz fait partie du réseau de surveillance des côtes et de la navigation sous la responsabilité de la Marine nationale qui les arme en personnels militaires spécialisés : les guetteurs sémaphoriques.
Il est possible de le visiter tous les jeudis de 11h à midi.
La mission du sémaphore de la Pointe du Raz est de surveiller la Chaussée de Sein, la baie de Douarnenez et la baie d'Audierne. La chambre de veille (la tour de contrôle) s'élève à 80 m au-dessus du niveau de la mer. Il est également un poste principal météorologique. C'est un sémaphore de 1ère catégorie.
Pour exercer ses missions, le personnel du sémaphore dispose d'une chambre de veille équipée de larges baies vitrées et de puissantes paires de jumelles donnant sur la zone maritime à surveiller, d'un radar, de moyens de radiocommunication et de systèmes de surveillance de la navigation très sophistiqués.
Les photos étant interdites dans la chambre de veille pour cause de terrain militaire, ci-dessous, une photographie de l'affiche de la Marine Nationale exposée à l'entrée du sémaphore. Quant aux systèmes de surveillance, la rigueur militaire et son culte du secret étant poussés à l'extrême, font que l'on trouve toutes les indications voulues sur Internet. Secret-défense oblige.
La construction du sémaphore de la Pointe du Raz date du 2ème quart du 19ème siècle, année 1838. A l'origine, c'était un phare, le phare du "bec du Raz". Le 15 mai 1839 s'allume un feu de premier ordre fixe blanc sur une tour carrée en pierres de taille de 15m de hauteur.
L'année 1881 voit la construction des logements des gardiens.
Le 15 septembre 1887, la mise en service du phare de la Vieille (photos ci-dessous) a pour conséquence l'arrêt du phare du Bec du Raz, et dès octobre 1892, la tour du phare porte le sémaphore.
Le sémaphore est la suite historique des corps de garde et des batteries côtières créées sous Louis XIV (voir article précédent sur le corps de garde de la Pointe du Souch). Napoléon Ier remet ce système de surveillance au goût du jour. En 1806, Louis Jacob, (amiral et homme politique français né à Tonnay-Charente, Charente-Maritime, le 11 novembre 1768 et mort à Livry-Gargan, Seine-Saint-Denis, le 14 mars 1854), fait du sémaphore un poste de guet établi sur la côte, chargé de surveiller les approches maritimes et de signaler par signaux optiques toute activité ennemie (le mot sémaphore vient du grec sema : signe, et phoros : qui porte).
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les sémaphores sont, avec leur capacité télégraphique, conçus comme un canal de communication, le seul pour l'époque en tout point de la côte entre les navires et la terre. Les sémaphores étaient des bureaux télégraphiques à part entière. L'aspect de surveillance complète ce rôle central : «Chaque poste sémaphorique est un œil - et un œil vigilant - ouvert sur la mer pour voir tout ce qui s'y passe.»
En 1958, le service de télégraphie est fermé. Les sémaphores sont désormais chargés de la surveillance de l'espace maritime, aérien et terrestre, militaire et civil. Ils doivent, en particulier, participer à la sécurité de la navigation et à la sauvegarde de la vie humaine dans la zone côtière.
Initialement, 162 électro-sémaphores furent construits le long du littoral français, mais aussi en Algérie et en Tunisie.
59 d'entre-eux sont encore en activité.
Actuellement les sémaphores sont classés en trois groupes selon leur situation géographique et l'importance des missions qu'ils assurent :
1) Les vigies armées par 10 personnes assurent une veille permanente à l'entrée des ports militaires (Homet pour Cherbourg ; Stiff, St Mathieu et Portzic pour Brest ; Cepet pour Toulon).
2) Les sémaphores de 1ère catégorie ou permanents, fonctionnent avec 9 personnes et assurent une veille permanente en des endroits remarquables de la côte ou dangereux pour la navigation ainsi qu'à l'entrée des ports de commerce d'intérêt majeur comme Le Havre, Nantes, Bordeaux, Marseille.
3) Les sémaphores de 2ème catégorie ou intermittents répartis le long de la côte pour obtenir une surveillance continue avec le reste de la chaîne sémaphorique, assurent avec un équipage de 5 personnes, une veille du lever au coucher du soleil mais peuvent être réarmés en quelques heures.
Le personnel engagé suit les cours de formation à l'école des guetteurs sémaphoriques. Cette école est une partie intégrante de l'École de manœuvre et de navigation située à Lanvéoc Poulmic (coté sud de la rade de Brest).
Missions militaires
- Assurer la présence de la marine nationale en certains points de la côte.
- Surveiller l'espace maritime, terrestre et aérien : surveillance de la zone qui leur a été attribuée.
- Assurer un service de transmissions : écoute de fréquences civiles et militaires.
- Informer les commandements opérationnels et organiques.
- Réguler et surveiller le trafic maritime : signaler à l'autorité maritime toute infraction à la réglementation relative à la navigation, à la pêche ...
Missions de service public
- Sauvegarde de la vie humaine (en liaison avec les CROSS).
- Surveillance du plan d'eau.
- Écoute des fréquences de détresse.
- Diffusion de toute information relative à la sécurité de la vie humaine.
- Signalisation des avis de coups de vents et tempête.
- Participation aux opérations de sauvetage en mer.
- Surveillance de l'espace terrestre (feu de forêt).
- Observations météorologiques au profit de la Marine nationale et de Météo France.
- Concours aux tâches des autres administrations (Douanes, Affaires Maritimes, Gendarmerie, Mairie ...) dans le cadre de la coordination de l'action de l'état en mer exercée par le Préfet Maritime (police des pêches, surveillance des zones interdites de mouillage, des sites archéologiques, zones de tirs, du balisage de jour et de nuit).
- Prévention des pollutions maritimes accidentelles.
Source : Marine Nationale
Les photos ci-dessous sont prises de la chambre de veille du sémaphore, à travers les vitres teintées.
Il semblerait cependant que les hommes n'aient pas une confiance absolue dans le sémaphore malgré tous les moyens modernes déployés pour assurer la sécurité dans l'un des passages les plus fréquentés et les plus dangereux du monde. Aussi, ils ont préféré s'adjoindre la puissance des instances divines en érigeant à l'extrême pointe la statue de Notre Dame des Naufragés.
Si les marins demandent au sémaphore de veiller sur leur navire, ils confient, eux et leurs familles, leur vie et leur âme à Notre Dame des Naufragés.